Blues de l’hiver, ou quand le climat est propice à la déprime !
– Par Ghita AZZOUZI –
Rabat – Avec l’arrivée de l’hiver, la grisaille qui s’installe, les journées qui raccourcissent et les températures qui baissent, il est assez fréquent que morosité, fatigue, sautes d’humeur, hypersomnie, irritabilité et manque de motivation s’invitent dans notre quotidien. Il s’agit du « coup de blues hivernal » !
Pour certains, le changement de saison et plus particulièrement l’arrivée des journées sombres de l’hiver constitue bien plus qu’un phénomène naturel, mais un chamboulement, une perturbation de l’horloge biologique et une altération de la qualité de vie et du moral. Ils sont ainsi devant l’incapacité de fonctionner correctement et sombrent par conséquent dans la dépression.
En effet, il y aurait un lien étroit entre le rétrécissement des journées occasionnant la raréfaction de la luminosité naturelle et la dépression saisonnière, puisque l’exposition réduite à la lumière du soleil serait à l’origine du blues de l’hiver et de la tendance à vouloir hiberner.
Selon une étude scientifique parue en 2005, nous assistons chaque année au « Blue Monday », le jour le plus déprimant de l’année qui coïncide avec le 3ème lundi du mois de janvier. Cette année, la crise sanitaire venant porter un coup additionnel au moral, certaines personnes parlent carrément du « Méga Blue Monday », le jour le plus morose de la décennie.
Le psychologue britannique, Cliff Arnall, auteur de cette étude a mis au point une formule mathématique mêlant plusieurs paramètres tels que le temps, la météo, la motivation, les dépenses des fêtes et l’envie de changement pour aboutir à cette date et prouver que ce lundi est le jour le plus déprimant de l’année.
Pour Meryem Sebti, psychologue clinicienne, le blues de l’hiver, scientifiquement appelé « trouble affectif saisonnier » (TAS), est une forme modérée de la dépression saisonnière qui apparaît vers l’automne, quand la lumière du jour commence à baisser et disparaît au printemps, pour ensuite réapparaître l’année suivante à la même période à peu près.
« La dépression saisonnière et le blues hivernal sont en lien avec un dysfonctionnement de l’horloge biologique interne ou du rythme circadien plus précisément », fait savoir Mme Sebti, expliquant que ce rythme circadien est contrôlé et imposé par l’horloge interne nichée au cœur du cerveau et qui est influencée par différents facteurs internes et externes, dont le plus puissant est la lumière.
De son avis d’experte, la dépression saisonnière est bien plus fréquente qu’on peut le penser. C’est une maladie sous-diagnostiquée qu’on confond souvent avec la dépression « classique » et qui altère la qualité de vie de la personne qui en souffre et peut être à l’origine de difficultés familiales et conjugales, d’isolement social, d’incapacité professionnelle ou encore de difficultés scolaires chez l’enfant.
Pour prévenir la dépression saisonnière ou le blues hivernal, la psychologue recommande une hygiène de vie et de lumière saines.
« Il s’agit de manger et de dormir de façon équilibrée, de pratiquer une activité sportive régulièrement, de préférence à l’extérieur, de veiller à ce que notre apport en lumière soit assuré régulièrement, outre d’éviter caféine et alcool en fin de journée, de diminuer l’exposition à la lumière le soir et de supprimer toutes sortes d’écrans au moins une heure avant le moment du coucher », préconise-t-elle dans une déclaration à la MAP.
Interrogée sur le traitement du blues de l’hiver, Mme Sebti relève qu’il dépend de la sévérité de la dépression et de son impact sur la qualité de vie de la personne qui en est atteinte, notant que les antidépresseurs ne sont recommandés qu’en ultime recours, dans les formes les plus sévères ou quand les traitements habituels ont échoué.
Par ailleurs, elle souligne que la photothérapie (ou luminothérapie) a démontré son efficacité dans le traitement de la dépression saisonnière à travers le monde, avec une nette amélioration de l’état de santé en quelques jours seulement, représentant aujourd’hui le traitement de référence pour les pathologies liées à une perturbation de l’horloge biologique interne, notamment les troubles du sommeil, l’anxiété ou la dépression.
Sur une note plus joyeuse, l’hiver est terminé, nous entamons le premier mois du printemps où la durée du jour rallonge, l’ensoleillement progresse, les arbres fleurissent, les animaux sortent de leur hibernation et les êtres humains retrouvent le moral avec l’apparition du soleil.