Brésil : des jaguars meurtris par les flammes du Pantanal
Brasilia- Les flammes qui ravagent depuis trois mois le Pantanal, sanctuaire de biodiversité brésilien et plus grand marais du monde, ont déjà causé la mort d’au moins trois jaguars, selon l’institut SOS Pantanal.
Deux jaguars tués par les feux ont été retrouvés par les équipes de conservation du biome dans la municipalité d’Aquidauana, dans l’État du Mato Grosso do Sul, à environ 1.200 km au sud-ouest de Brasilia, alors qu’un troisième a été localisé dans le refuge écologique de Caiman, à Miranda, à environ 75 kilomètres d’Aquidauana, a précisé le biologiste Gustavo Figueiroa, responsable de l’institut.
« Le jaguar est un grand prédateur, très important pour l’écosystème. Quand vous voyez des jaguars se faire brûler, imaginez tout ce qui arrive aux autres animaux de la faune, plus lents et moins agiles », a-t-il souligné.
D’après le dernier bulletin publié par le ministère de l’Environnement et du Changement climatique, 564 animaux sauvages ont été sauvés jusqu’à dimanche dernier, alors que les feux ont atteint 8,7 % du biome et ont déjà détruit 1,3 million d’hectares depuis le début de l’année.
Les espèces sauvées sont envoyées dans des centres de réhabilitation pour recevoir des soins.
Une récente étude scientifique sur les « Réponses des mammifères néotropicaux aux méga-incendies dans le Pantanal brésilien » a souligné que lors de l’incendie de 2020, le plus grand jamais enregistré dans le biome, les jaguars étaient les seuls des huit espèces étudiées (ocelots, pumas, pécaris, tatous géants, agouti, cerfs de brousse et tapirs) qui n’ont pas subi de réduction de leurs populations, en raison de leur capacité migratoire.
Cependant, les chercheurs ont averti que « la fréquence et la gravité croissantes des incendies d’origine humaine auront probablement des effets néfastes sur la répartition et la résilience des espèces ».
« L’impact est gigantesque car la faune souffre depuis quelques années. Avec ces incendies récurrents, de nombreuses espèces connaissent un déclin de leur population et il est possible qu’il y ait des extinctions locales », a expliqué Figueiroa.
Dans la lutte contre les incendies du Pantanal, les brigades font face à de nombreuses difficultés, notamment pour accéder à certaines zones comme celles où la végétation est plus haute, auxquelles s’ajoute la situation climatique actuelle rendant la propagation du feu très facile, même dans les zones déjà maîtrisées.
Le refuge Caiman, où est retrouvé mort l’un des jaguars, est une zone de 53.000 hectares dans le Pantanal, qui promeut l’éco-tourisme comme instrument de préservation du biome. Selon SOS Pantanal, 80% de ce refuge a déjà été touché par un incendie en juillet et les activités éco-touristiques ont été suspendues jusqu’à fin septembre.