ActualitésCampagne agricole 2024-2025 : un démarrage prometteur pour un secteur en quête d’un nouveau souffle

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27 Déc

Campagne agricole 2024-2025 : un démarrage prometteur pour un secteur en quête d’un nouveau souffle

Casablanca – Le Maroc a entamé sa campagne agricole 2024/2025 sous de bons auspices, à la faveur des récentes précipitations qui ont revitalisé les nappes phréatiques et permis d’améliorer le taux de remplissage des barrages. Une dynamique qui ouvre la voie à une saison prometteuse, mais non sans défis.

Les pluies enregistrées ces trois derniers mois ont marqué un tournant après une année agricole éprouvante. En effet, comme l’a précisé la Direction des études et des prévisions financières (DEPF) dans note de conjoncture, la moyenne des précipitations nationales du 1er septembre au 6 décembre 2024 s’est élevée à 50 mm, contre 27 mm l’année précédente.

Pour ce qui est des réserves hydriques, le taux de remplissage des principaux barrages nationaux a atteint 28,7% au 18 décembre 2024, en augmentation de 5,2 points par rapport à la même date de l’année précédente, avec un volume de retenues de plus de 4,8 milliards de mètres cube, a fait savoir la même source.

Ces chiffres laissent espérer un redressement de la situation pour compenser les pertes enregistrées lors de la campagne 2023/2024, où la production céréalière avait chuté de 43% à 31,2 millions de quintaux (Mqx).

Approché par la MAP, Zakaria Abbass, enseignant-chercheur en stratégie d’entreprise et commerce international à l’Université Euro-Méditerranéenne de Fès, a affirmé que les pluies récentes sont une excellente nouvelle pour l’agriculture marocaine.

« Ces précipitations tardives permettront la reconstitution des nappes phréatiques et des sols en eau, conditions nécessaires pour un démarrage optimal des cultures céréalières », a-t-il relevé.

Cependant, la reprise dépend de la régularité des pluies sur les prochains mois et de l’efficacité des dispositifs d’irrigation pour compenser les déficits hydriques passés, et une prévision prudente est donc nécessaire, car des aléas climatiques subsistent, a fait remarquer M. Abbass.

Un potentiel économique renforcé

Le département de l’Agriculture avait annoncé des mesures importantes pour cette nouvelle campagne, dont la distribution de semences certifiées à des prix réduits, subventions pour les engrais phosphatés et azotés, et la mise en place d’un ambitieux programme d’irrigation couvrant 700.000 hectares.

Des efforts qui s’inscrivent dans la stratégie « Génération Green 2020-2030 », laquelle est axée sur la durabilité et la résilience agricole.

Pour M. Abbass, les subventions pour les semences certifiées et les engrais permettent de réduire les coûts pour les agriculteurs, mais elles devraient être accompagnées d’un accès simplifié aux crédits agricoles et d’une révision de la chaîne d’approvisionnement pour éviter les hausses spéculatives de prix.

Il a, dans ce sens, considéré que les régions arides comme Draâ-Tafilalet nécessitent en outre un soutien supplémentaire sous forme de semences résistantes à la sécheresse et d’un renforcement des infrastructures hydriques.

Malgré les défis, l’agriculture reste un pilier économique clé, comme en témoignent les exportations du secteur « Agriculture et Agro-alimentaire » qui ont réalisé une performance de +22% au premier mois du quatrième trimestre 2024, après une baisse de 0,6% un an auparavant.

Les cultures de légumes, les céréales et les légumineuses, soutenues par des subventions et des assurances climatiques, devraient contribuer à stabiliser les prix domestiques et à renforcer la sécurité alimentaire.

Alors que les premières semaines de semis s’annoncent prometteuses, les experts appellent à une vigilance croissante face aux aléas climatiques. Le recours à des technologies modernes, telles que la télédétection pour optimiser l’irrigation, et l’accompagnement des petits agriculteurs seront déterminants.

A cet égard, M. Abbass a jugé que la transformation digitale et l’utilisation de technologies agricoles intelligentes pour améliorer la gestion des cultures et des ressources constituent un levier essentiel.

Pour atteindre les objectifs de la stratégie « Génération Green » en matière de résilience et de durabilité, l’enseignant-chercheur insiste sur la nécessité de capitaliser sur plusieurs autres leviers, dont l’inclusion des petits agriculteurs à travers des coopératives agricoles et un meilleur accès au financement, et la valorisation des filières agricoles locales comme l’olivier et les produits du terroir, qui offrent une valeur ajoutée importante.

La campagne agricole 2024/2025 incarne l’espoir d’un renouveau pour le secteur, mais aussi l’urgence de poursuivre les efforts visant à transformer l’agriculture pour la rendre plus résiliente face aux aléas climatiques.

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