Charbon: Un chauffage bon prix aux conséquences parfois fatales
Par Nour-Eddine HAZMI
Casablanca – Plusieurs habitants de Casablanca et sa banlieue, comme c’est le cas dans d’autres villes du Royaume, recourent à l’utilisation du charbon de bois pour se chauffer pendant la saison hivernale, néanmoins cette pratique visant à faire face à la baisse de température pourrait être fatale pour la santé.
En l’absence de moyens modernes sûrs et coûteux de chauffage, l’utilisation de charbon de bois à l’intérieur des foyers ou dans des espaces fermés pourrait provoquer des pertes en vies humaines, voire décimer des familles entières en cherchant à atténuer la rudesse du froid qui caractérise cette saison.
Afin de mettre en exergue la gravité de cette pratique, le Pr. Abdelaziz Aichan, spécialiste du système respiratoire et des allergies, a souligné dans une déclaration à la MAP que le recours de plusieurs familles, notamment dans les milieux populaires, à l’utilisation du charbon de bois pour se chauffer pourrait entrainer de graves conséquences sur la santé humaine, ajoutant qu’une mauvaise utilisation et le fait de ne pas prendre les précautions qui s’imposent peuvent entraîner une mort certaine.
L’utilisation du charbon de bois, explique-t-il, provoque l’émission de grandes quantités de dioxyde de carbone toxique, et l’absence d’une aération adéquate surtout dans les espaces fermés conduit à l’augmentation de gaz à des niveaux élevés et son inhalation entraine l’accumulation de gaz dans la circulation sanguine et remplace l’oxygène existant dans les globules rouges par l’oxyde de carbone, ce qui empêche l’oxygène d’atteindre les tissus et les organes et entraîne de graves lésions tissulaires pouvant provoquer le décès.
M. Aichan, ancien enseignant à la faculté de médecine de Casablanca, a précisé que le gaz de dioxyde de carbone, qui n’a ni goût, ni couleur, ni odeur, remplace l’oxygène dans la circulation sanguine, et dans ce cas, la personne se sent détendue, les espaces étant bien chauffés, et s’endort, mettant en garde que cette situation est le début d’un coma qui peut conduire à un arrêt cardiaque, car le cœur ne reçoit plus suffisamment d’oxygène.
Grâce à son expérience personnelle, lorsqu’il travaillait au service des urgences à l’hôpital Ibn Rochd de Casablanca, il a remarqué que ce service recevait quotidiennement plusieurs cas similaires, notamment en hiver, rappelle-t-il, ajoutant que certains patients sombraient dans le coma pendant plusieurs jours, nécessitant le recours à la respiration artificielle pour permettre aux victimes de retrouver leurs forces, tout en indiquant que dans certains cas ces problèmes de santé provoquent des maladies aux niveaux du cerveau, des veines et des artères.
Il a, en outre, souligné que les personnes qui inhalent ce gaz présentent certains symptômes comme les maux de tête, l’affaiblissement, le vertige, la nausée, une difficulté respiratoire et la perte de conscience, ajoutant que le traumatisme peut revêtir un aspect grave surtout chez les personnes endormies avec des lésions chroniques dans le cerveau.
L’inhalation du gaz toxique peut également présenter un certain risque, principalement pour les fœtus qui sont plus sensibles aux dommages liés à la toxicité, les enfants, les personnes âgées, les personnes cardiaques et celles souffrant d’anémie avec des problèmes de respiration.
Afin de contourner les risques pouvant résulter de l’utilisation du charbon de bois et tirer profit de ce combustible de manière sûre et sécurisée, le spécialiste conseille de ne pas se chauffer avec le charbon de bois, particulièrement dans les chambres à coucher, tout en préservant une bonne aération.
Pour sa part, le patron du marché de gros du charbon de bois à Casablanca, Abdelouahed El Fellah, a souligné, dans une déclaration similaire, la forte demande de ce combustible, surtout durant cette période de froid glacial, ajoutant que la consommation de charbon de bois par les habitants de la ville double pendant cette période en dépit de la pandémie du coronavirus qui sévit dans le monde.
Selon lui, cet afflux s’explique aussi par la fermeture des bains maures, suite à la propagation du coronavirus, car ces espaces fermés constituent un terrain fertile pour la prolifération de la maladie, rappelant qu’après l’acheminement du charbon de bois à partir de Beni Mellal, Oulad Berhil et d’autres régions du Royaume, ce combustible avec ses différents types est commercialisé dans la capitale économique par les détaillants locaux.