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03 Nov

La Cop22, plateforme idoine pour une action sur la mise en oeuvre de l’Accord de Paris (expert international)

Propos recueillis par Aziz Rami

New York, 03/11/2016 (MAP) – La Cop22, prévue dès la semaine prochaine à Marrakech, constitue la plateforme idoine pour prendre les actions nécessaires à la mise en oeuvre de l’Accord de Paris, qui entrera en vigueur ce vendredi, a affirmé l’expert américain en lutte contre le changement climatique, Mike Korchinsky.

La Cop22 constitue la plateforme à partir de laquelle « nous nous attendons à des actions sur les questions clés d’une feuille de route pour la mise en oeuvre de l’Accord de Paris, ainsi qu’un soutien clair en faveur de cette action », a indiqué dans un entretien à la MAP M. Korchinsky, une autorité internationale en matière de recherche de solutions efficaces au réchauffement climatique.

Le conclave de Marrakech est à même de déboucher sur l’élargissement du soutien financier en faveur des pays en développement pour la réussite de leurs plans, notamment en ce qui concerne la conservation des forêts, a dit M. Korchinsky, dont la compagnie, Wildlife Works, s’active dans la conservation des forêts en Afrique comme outil ayant prouvé son efficacité dans la lutte contre le changement climatique.

À rappeler que l’Accord de Paris promet la levée, d’ici à 2020, de 100 milliards de dollars pour aider les pays en développement, particulièrement les plus durement touchés par les changements climatiques, à lutter contre ce phénomène.

L’expert américain, qui affirme avoir été derrière l’une des solutions à être retenues dans l’Accord de Paris, à savoir celle des REDD+, s’est dit confiant que le Maroc est prédisposé à jouer un rôle de leader dans la recherche de solutions d’adaptation et de mitigation des effets du réchauffement de la Terre.

“En tant que pays ayant, à travers son histoire, élaboré des solutions intelligentes aux conditions climatiques difficiles, le Maroc peut absolument jouer un rôle de leadership dans la recherche de nouvelles solutions d’adaptation au changement climatique, à présent inévitables, tout en favorisant des progrès rapides vers l’atténuation qui limitera davantage les changements destructeurs”, a-t-il affirmé.

L’expertise de M. Korchinsky est reconnue à l’échelle mondiale en matière de la REDD+, autrement dits Reducing Emissions from Deforestation and Degradation (réduction des émissions découlant du déboisement et de la dégradation des forêts), dont la première étape consiste à mesurer la perte en forêts sur une année dans une région donnée.

C’est à cette étape que Wildlife Works intervient en lançant des investissements qui permettent aux locaux vivants près de ces forêts de mener des activités économiques protectrices de l’espace forestier. “Une fois nous avons réussi à changer les habitudes économiques des locaux, et réduit le taux de déforestation, nous établissons un rapport qui est ensuite audité, et suite auquel on nous soumis un certificat de Réductions d’émission vérifiées “VER” (chaque VER équivaut à une tonne d’émission de CO2 évitée), explique M. Korchinsky.

Ces VER, poursuit-il, sont vendues sur le marché international pour lever les fonds nécessaires, entre autres, à lancer de nouveaux projets REDD+ et se diriger ainsi de plus en plus vers une économie à faible intensité de carbone et respectueuse des forêts.

Aujourd’hui, les projets REDD+ menés au sud-est du Kenya ont permis l’établissement du Kasigau Corridor qui a facilité la traversée des éléphants et autres grands mammifères entre les deux parcs nationaux de la région.

De tels projets sont une nécessité vue que la déforestation entrainée par l’Homme est coupable d’entre 15 et 20 pc des émissions des gaz à effet de serre (GES). Entre culture sur brulis, exploitation légale et illégale des forêts et production du charbon, près de 129.500 km2 de forêt sont détruits chaque année. C’est trois fois la superficie d’une ville comme San Francisco qui part en fumée chaque jour. “Mettre fin à la déforestation arrête les émissions des GES”, tranche l’expert américain.

Le projet de Kasigau, à titre d’exemple, a contribué à mettre un terme à la déforestation, et du coup à l’émission de l’équivalent de 1,5 million de tonnes de CO2 par an, d’où la nécessité de multiplier ces projets et d’en élargir l’ampleur.

“Aujourd’hui, les projets REDD+ contribuent à éviter l’émission de près de 50 million de tonnes de CO2 par an de par le monde”, se réjouit M. Korchinsky. Et selon le Programme onusien pour l’environnement (PNUE), il est absolument nécessaire de réduire les émissions provenant de l’exploitation des terres et de la déforestation d’un milliard de tonnes de CO2 par an. “Nous avons donc un long chemin à faire”, insiste-t-il.

L’adoption par l’Onu des REDD+ était une décision “cruciale”, estime M. Korchinsky, non sans satisfaction. “C’est la première fois que l’on envoie un message qui dit que la préservation des forêts a une valeur réelle. (…) À travers le monde, les gens réagissent aux signaux financiers, et si le seul signal c’est l’enrichissement à travers la destruction des forêts, ils continueront à les détruire. Aujourd’hui, nous avons un message clair de l’Onu qu’il y a une valeur économique dans la protection des forêts menacées. C’est un nouveau départ”.(MAP)

AR.

FF/UK.

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