COP29 : Des divergences persistent sur le nouvel objectif collectif quantifié (négociateur marocain)
Propos recueillis par Soumia Al Arkoubi.
Bakou – Beaucoup de divergences persistent encore sur le nouvel objectif collectif quantifié (NCQG) de financement de la lutte contre le changement climatique, qui se tient à Bakou, en Azerbaïdjan, a affirmé Rachid Tahiri, négociateur marocain à la COP29.
»Malheureusement, nous avons parlé durant trois années de l’ensemble des aspects du NCQG, mais nous n’avons pas pu nous pencher sur le quantum, parce qu’il y a beaucoup de divergences concernant cet objectif’’, dont la structure a deux aspects, à savoir la provision et la mobilisation, a indiqué M. Tahiri dans un entretien à la MAP, au lendemain de la publication d’un projet de texte sur cet objectif.
‘’Nous devons savoir de quoi nous disposons en termes de mobilisation et de provision’’, a souligné le chef de Division du changement climatique et de l’économie verte au ministère de la Transition énergétique et du développement durable, précisant que ce nouvel objectif va couvrir l’adaptation, l’atténuation et les pertes et dommages.
Les divergences portent aussi sur la question des instruments et des sources d’alimentation du Fonds des pertes et dommages, a-t-il fait savoir.
‘’Nous (le Maroc qui s’aligne sur le groupe Afrique, ndlr) voulons des dons, des prix concessionnels et nous ne souhaitons pas renégocier la base des donateurs et celle des bénéficiaires’’, a-t-il expliqué, pointant également ‘’certains soucis relatifs à la capacité des pays développés en termes de mobilisation des secteurs privés et financiers et sur la question de transparence de ce NCQG’’.
‘’Des discussions ont aussi été engagées sur le fait de garder le cadre de transparence renforcée existant ou bien de mettre en place un autre’’, a-t-il ajouté, indiquant que ‘’notre position s’est déjà capitalisée sur le cas existant et surtout sur l’article 9.5 de l’Accord de Paris, qui demande aux pays développés de produire les informations disponibles sur les ressources financières à mobiliser aux pays en voie de développement’’.
Et de poursuivre qu’outre le NCQG, d’autres aspects de la finance climat sont tout aussi importants dans les négociations de la COP29, à savoir le financement à long terme qui permet d’évaluer les efforts entrepris par les pays développés pour la mobilisation de 100 milliards de dollars.
‘’Hormis l’aspect quantitatif, il y a lieu aussi de mettre l’accent sur des aspects qualitatifs tout aussi importants’’, a relevé l’expert, citant l’exemple du CBAM (Carbon Border Adjustment Mechanism), un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières qui constitue ‘’un handicap en termes d’ambition pour les pays en voie de développement’’.
Les procédures et le traitement ‘’très ralenti et bureaucratique’’ des fonds du climat, la question de la conditionnalité liée souvent aux droits de l’Homme, l’article 6 de l’Accord de Paris, qui instaure des mécanismes pour le marché de carbone réglementé au titre de la convention et les approches coopératives au titre de l’article 6.2 sont aussi des points à l’ordre du jour des négociations, a-t-il poursuivi.
D’après le négociateur marocain, ‘’d’autres questions se sont imposées lors de cette grand-messe climatique, notamment celles de l’autorisation (format, contenu, timing…), des registres international et domestique et l’interopérabilité entre les deux registres, du premier transfert, du reporting et de l’article 6.4 qui va remplacer les mécanismes de développement propre’’.
L’Objectif mondial d’adaptation aux changements climatiques (OMA, ou GGA en anglais) constitue aussi l’un des points importants des négociations, vu la difficulté à formuler des indicateurs pour mesurer et évaluer les efforts d’adaptation, a-t-il constaté, rappelant, dans ce sens, la mise en place du programme Emirats arabes unis-Belém sur les indicateurs de mesure des progrès réalisés dans l’atteinte des objectifs d’adaptation.
Il a, en outre, évoqué le programme de transition juste sur lequel le Maroc s’aligne. ‘’Nous voulons qu’il couvre l’ensemble des secteurs et pas uniquement celui de l’énergie, qu’il soit participatif et qu’il laisse la liberté aux pays de choisir leurs trajectoires de décarbonation, parce que chaque pays a ses contraintes et ses priorités’’, a expliqué M. Tahiri.
Le programme d’atténuation doit être « facilitateur » et « ne doit pas imposer un nouvel objectif parce que le Maroc a déjà un engagement par rapport à la Contribution nationale déterminée », a-t-il plaidé.
‘’Le réseau Santiago, qui apporte l’assistance technique et d’autres aspects liés à la procédure, sont aussi au cœur des négociations, mais le NCQG reste le thème le plus important », d’après M. Tahiri.
Et de conclure que ‘’la particularité de la COP29 est que nous avons acté, dès le 1er jour, une décision sur les standards élaborés par l’organe de supervision au titre de l’article 6.4 de l’Accord de Paris’’.
Les textes finaux de cette 29ème session de la Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatique (11-22 novembre) devraient être publiés ce vendredi soir, selon la présidence.