Face à l’urgence climatique, la pression monte pour une action mondiale décisive
– Par Naoufal Enhari-
Nations-Unies (New York) – L’année 2020 a été l’une des trois années les plus chaudes jamais observées dans le monde. Ce constat inquiétant a été de nouveau confirmé par le dernier rapport de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), qui tire la sonnette d’alarme sur la situation climatique de la planète.
Un rapport qualifié d’ »effrayant » par le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, lors de la présentation de cette étude, qui montre que 2020 a été une autre année sans précédent de catastrophes météorologiques et climatiques extrêmes. En effet, la température moyenne à la surface du globe a été supérieure l’an dernier de 1,2°C par rapport à la période préindustrielle.
De même, les six années écoulées depuis 2015 ont été les plus chaudes jamais enregistrées, ce qui fait de la décennie 2011-2020, la plus chaude jamais constatée, selon l’OMM.
Face à ce constat inquiétant, le chef de l’ONU a, une nouvelle fois, réitéré son appel pressant aux dirigeants de différents pays pour agir vite et de manière décisive avant qu’il ne soit trop tard. Car l’enjeu est de taille, et l’avenir de l’humanité et des générations futures est vraisemblablement en jeu.
« Nous avons besoin d’une planète verte, mais le monde est en alerte rouge. Nous sommes au bord du précipice. Nous devons nous assurer que la prochaine étape va dans la bonne direction », a lancé Antonio Guterres lors du sommet virtuel sur le climat, convoqué la semaine dernière par le président américain Joe Biden et auquel ont participé une quarantaine de chefs d’États.
« Les dirigeants du monde entier doivent agir » notamment pour la réduction des émissions de CO2, a-t-il insisté, tout en se félicitant de l’engagement annoncé à cette occasion par les États-Unis de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 50 à 52 pour cent d’ici à 2030, soit plus du double de l’engagement pris par l’administration Obama dans le cadre de l’accord de Paris sur le climat de 2015.
« Mère Nature n’attend pas. La dernière décennie a été la plus chaude jamais enregistrée. Les gaz à effet de serre dangereux sont à des niveaux jamais vus depuis 3 millions d’années. La température mondiale a déjà augmenté de 1,2 degré Celsius – courant vers le seuil de la catastrophe », s’est encore alarmé le Secrétaire général de l’ONU.
« Pendant ce temps, nous assistons à une augmentation constante du niveau de la mer, à des températures torrides, à des cyclones tropicaux dévastateurs et à des incendies de forêt épiques », a-t-il énuméré.
En effet, ce constat a été aussi partagé, lors de ce sommet, par le Secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, qui a qualifié le changement climatique de menace « existentielle » pour la sécurité nationale des États-Unis, affirmant que le Pentagone est prêt « à faire sa part » pour l’atténuer.
« Aujourd’hui, aucune nation ne peut trouver une sécurité durable sans s’attaquer à la crise climatique. Nous sommes confrontés à toutes sortes de menaces dans le cadre de notre travail, mais peu d’entre elles méritent vraiment d’être qualifiées d’existentielles. C’est le cas de la crise climatique », a déclaré le chef du Pentagone, qui a estimé que la crise climatique représente « une force profondément déstabilisante » pour le monde.
Mais que faire pour stopper cet engrenage dangereux de la menace climatique ?
Alors que la communauté internationale s’est donné rendez-vous en novembre prochain à Glasgow pour la Conférence des Nations-Unies sur le climat (COP26), l’organisation des Nations-Unies a appelé les gouvernements à revoir leurs ambitions « très nettement à la hausse », en particulier les pays les plus émetteurs qui sont « à l’origine d’une grande partie de cette crise ».
L’ONU a également invité les pays développés à tenir les engagements qu’ils ont pris de verser et de mobiliser 100 milliards de dollars par an pour aider les pays en développement à affronter la crise climatique.
Antonio Guterres va encore plus loin en préconisant la création d’une coalition mondiale pour des émissions nettes zéro d’ici le milieu du siècle pour « chaque pays, chaque région, chaque ville, chaque entreprise et chaque industrie ».
Car pour lui, cette décennie devrait être « une décennie de transformation », en ce sens que tous les pays – à commencer par les grands émetteurs – devraient soumettre de nouvelles contributions déterminées au niveau national (NDC) plus ambitieuses pour l’atténuation, l’adaptation et le financement, définissant des actions et des politiques pour les dix prochaines années, alignées sur une trajectoire de zéro net à 2050.