ActualitésFace au phénomène de désertification, l’Oriental se dote d’une stratégie intégrée et globale

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05 Nov

Face au phénomène de désertification, l’Oriental se dote d’une stratégie intégrée et globale

Oujda – « La dégradation des terres et la désertification compromettent la jouissance des droits de l’Homme, à commencer par le droit à l’alimentation ». C’est le constat alarmant du secrétaire général de l’ONU qui en dit long sur la gravité du phénomène de la désertification, dont l’un des facteurs sont les changements climatiques, désormais un enjeu majeur de la communauté internationale.

Au Maroc, la région de l’Oriental, à l’instar d’autres régions du Royaume, est touchée par ce fléau. Dans cette zone, où les précipitations annuelles sont de l’ordre de 400 mm en moyenne dans la partie nord et diminuent au fur et à mesure qu’on se déplace vers le sud pour atteindre 100 mm, le phénomène représente un « risque majeur ».

Pour Mohammed Bennani, directeur régional des eaux et forêts et à lutte contre la Désertification, ce fléau se traduit par une dégradation des milieux, une détérioration des terres, une amplification des phénomènes d’érosion, une perte de la biodiversité et surtout une augmentation des risques d’ensablement des terres encore arables, des parcours, des oasis, des villages et des infrastructures socio-économiques existantes.

Pour faire face à cette situation, a-t-il souligné, la direction régionale de l’Oriental a adopté une stratégie régionale intégrée de lutte contre la désertification basée sur les quatre piliers du Programme d’Action National de lutte contre la Désertification (PANLCD), mis en œuvre depuis 2001 à travers son programme décennal.

Cette stratégie repose sur la lutte contre la désertification, la reconstitution des écosystèmes dégradés, et la réhabilitation des terrains de parcours, d’une part et sur la participation à la lutte contre la pauvreté, l’exclusion sociale et la précarité à travers l’amélioration des revenus des populations locales, d’autre part, a-t-il expliqué.

Parallèlement à cette déclinaison locale du PANLCD, un réseau régional des observatoires basé sur la combinaison des cartes de sensibilité à la dégradation des terres, de vulnérabilité à la désertification et à la dégradation des terres, des systèmes écologiques et des communes rurales a été mis en place dans le cadre du dispositif national pour le suivi environnemental (DNSE).

Ainsi, cinq observatoires ont été choisis dans la région de l’Oriental en tenant compte de la meilleure représentativité des systèmes écologiques et des classes de vulnérabilité-sensibilité à la désertification.

Il s’agit de Machrâa Hammadi, Aïn Lehjer, Ahl Oued Za, Guenfouda et Béni Matahr.

Concernant les réalisations au niveau de l’Oriental dans le cadre du programme décennal (2005-2014), on fait état du reboisement de 65.000 ha, la réhabilitation de 15.000 ha de parcours, la création de 1.700 ha de réserves semencières des plantes autochtones.

Quant à la lutte contre l’érosion des sols, plus de 95.000 m3 de seuils de sédimentation ont été construits et 2.800 ha aménagés par des travaux de collecte des eaux pluviales, ce qui a permis de réduire les pertes en éléments fertilisants dues à l’érosion et d’accroître la productivité de l’eau agricole.

Ces réalisations ont permis la protection des la ville et l’aéroport de Bouarfa, les oasis de palmeraie (Figuig, Bouanane, Aïn Chouater et Ich), les infrastructures routiers et hydrauliques et la mise en place d’une station de traitement et de sélection des semences pastorales autochtones utilisée pour la régénération des terrains de parcours dans les hauts plateaux de l’Oriental, selon la direction des eaux et forêts.

Pour capitaliser sur ces acquis, d’autres mesures sont prévues dans le cadre du programme ambitieux 2014-2024 mis en œuvre dans la région. Il porte, entre autres, sur le reboisement de régénération de forêts (48.000 ha), l’entretien d’anciennes plantations (27850 ha), l’amélioration sylvo-pastorale (36.000 ha), des travaux antiérosifs (267.000 m3) et la production de 64.000.000 de plants forestiers.

En parallèle, il a été procédé à la compensation des droits d’usage en organisant les usagers en associations sylvo-pastorales qui, en respectant les zones soustraites au parcours, ont bénéficié de près de 12.000.000 dirhams de revenu additif.

En matière de gestion des incendies de forêts, la direction, en partenariat avec l’ensemble des intervenants concernés, met en œuvre annuellement un programme d’action de prévention et de lutte contre les incendies de forêts, qui s’articule autour de la prévention, l’alerte et la préparation à la lutte, ce qui a permis une baisse significative de la superficie moyenne brûlée par incendie.

En termes de conservation de la biodiversité, la direction régionale note la création d’un réseau des aires protégées renfermant onze sites d’intérêt biologique et écologique (SIBE) dont quatre sont classés RAMASAR et la création des amodiations de chasse en vue de sauvegarder le patrimoine floristique et faunistique.

Et de conclure que l’Etat encourage des projets intégrés susceptibles d’enrayer le phénomène et partant prévenir ses effets socio-économiques. Plusieurs provinces de la région (Figuig, Taourirt, Jerada, Nador, Berkane, Guercif) ont ainsi bénéficié de projets de développement à la faveur d’une adhésion de bailleurs à cette initiative.

Par Said Youssi

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