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09 Déc

Pour faire face aux changements climatiques, des scientifiques rwandais optent pour l' »agriculture géologique »

Par Anass BELHAJ

Kigali – Le Rwanda, pays de haute altitude situé au carrefour de nombreuses influences environnementales, est particulièrement malmené par des évènements climatiques extrêmes (Inondations, glissements de terrains) qui exercent une influence énorme sur l’agriculture, un secteur stratégique pour l’économie rwandaise occupant 70 % de la main-d’œuvre et représentant 31 % du PIB.

Très vulnérable au changement climatique, le Rwanda connaît deux saisons sèches et deux saisons de pluies : Une première saison des pluies s’étend de février à mai et est suivie par une saison sèche de juin à août. Puis, les pluies reprennent de septembre à décembre, tandis que le mois de janvier est sec.

Les événements extrêmes combinés aux changements de températures et de régimes de précipitations ont été identifiés parmi les facteurs contribuant à la stagnation des rendements agricoles (manioc, légumes) dans plusieurs localités des régions montagneuses au nord et à l’ouest du Rwanda, et ce en dépit de la poursuite des progrès en matière de sélection végétale.

Pour faire face à la variabilité des rendements des cultures qui a fortement augmenté en raison des changements climatiques, des scientifiques agricoles rwandais ont récemment lancé des essais pour faire pousser des cultures parmi les roches, une technique innovante connue sous le nom de l' »agriculture géologique ».

Cette nouvelle approche permet de faire pousser des plantes parmi les roches sans utiliser ni sol ni engrais, explique Marie Diane Uwayezu, experte en agriculture et en sécurité alimentaire.

Pour cette experte rwandaise, cette nouvelle méthode qui a été déjà testée au Cameroun, au Togo, au Sénégal et aux États-Unis pourrait être le moyen le plus simple et le moins couteux de réduire l’insécurité alimentaire et la variabilité des rendements à l’avenir.

« Les recherches lancées par des scientifiques rwandais dans le cadre du projet +GeoAg+ nous aideront à mieux maitriser la technique. Nous avons déjà essayé de planter les arachides, les haricots, le soja, les concombres, les poivrons et autres », a-t-elle dit.

Augustin Bahati, directeur exécutif d’ARDE/KUBAHO, une organisation locale partenaire du projet « GeoAg », a déclaré qu’une fois que la première phase de la recherche sera achevée et évaluée, elle sera étendue dans les zones urbaines et rurales du pays.

« Cette technique peut aussi fonctionner dans les zones sans précipitations. Nos chercheurs disent qu’avec cette approche, les plantes ne peuvent pas être affectées par les ravageurs », a-t-il indiqué.

Le GeoAg peut aider à surmonter certains défis auxquels l’agriculture rwandaise est confrontée, principalement le changement climatique et la rareté des terres agricoles, a soutenu M. Bahati, appelant les donateurs à soutenir et à financer le projet afin que « les avantages puissent être partagés avec la communauté rwandaise au sens large ».

Depuis janvier 2020, plus de 3.100 hectares de cultures ont été entièrement ravagés par les aléas climatiques au Rwanda, notamment par les inondations et glissements de terrain, selon un rapport officiel du ministère de la Gestion des urgences. L’agriculture géologique offre un espoir pour les petits agriculteurs rwandais qui subissent, chaque année, le contrecoup des changements climatiques.

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