ActualitésLe financement climatique, un casse-tête pour l’Afrique

Actualités

21 Nov

Le financement climatique, un casse-tête pour l’Afrique

.- Par Hamid AQERROUT -.

Johannesburg- Alors que le monde entier a les yeux rivés sur la 29ème Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP29), qui se tient à Bakou, en Azerbaïdjan, la question du financement de la lutte contre le changement climatique en Afrique se pose avec acuité.

Force est de constater que les températures mondiales atteignent des niveaux record et que des phénomènes météorologiques extrêmes touchent les populations du monde entier. La question du financement se trouve donc au cœur des débats sur le changement climatique, car des milliers de milliards de dollars sont nécessaires pour que les pays réduisent considérablement leurs émissions de gaz à effet de serre et protègent les vies et les moyens de subsistance des populations.

En Afrique, le financement de l’action climatique représentera 1.100 milliards de dollars d’ici à 2030, soit 5,1 % de la demande mondiale de financements «climato-intelligents», selon la société financière internationale.

Depuis longtemps déjà, les Africains guettent des solutions concrètes à ce problème déterminant du financement climatique. L’ impasse dans laquelle se trouvent actuellement les négociations sur le financement de l’aide aux pays en développement a laissé de nombreux pays africains frustrés.

De nombreux dirigeants du continent estiment, à cet égard, que les dettes liées au climat doivent être annulées et que le financement climatique pour les pays africains doit prendre la forme de subventions et non de prêts. En effet, le changement climatique n’est pas quelque chose que les pays africains ont provoqué. Ils en payent simplement le prix, d’autant plus que le format des prêts et des accords avec peu d’avantages pour l’Afrique devient «absurde».

D’aucuns soutiennent que pour que les négociations actuelles sur le financement du changement climatique soient un succès pour l’Afrique, il est important que le continent s’unisse et s’exprime d’une seule voix. En plus du financement, ils estiment important d’assurer le transfert de technologies vitales pour fabriquer et déployer les éléments de base de la résilience et de l’adaptation au changement climatique, en commençant par les énergies renouvelables, la cuisine propre et les infrastructures de transport propres pour construire la logistique de la résilience.

Comme l’avait souligné Fadhel Kaboub, conseiller principal au groupe de réflexion Power Shift Africa, il est clair que ces négociations sont une question de pouvoir. «L’Afrique a l’argument moral, la science et les faits de son côté, mais pas le levier politique», note-t-il, relevant que l’idée que l’Afrique est un territoire carbone n’est qu’un «colonialisme vert».

Dès le début des négociations de la COP, un accord a été trouvé sur des normes strictes pour un marché centralisé du carbone sous l’égide de l’ONU. Le Secrétaire exécutif de l’ONU pour le changement climatique, Simon Stiell, a déclaré la semaine dernière : «lorsqu’ils seront opérationnels, ces marchés du carbone aideront les pays à mettre en œuvre leurs plans climatiques plus rapidement et à moindre coût, réduisant ainsi leurs émissions».

Mais de l’avis des écologistes, le problème majeur est que les forêts stockent le carbone et qu’en cas d’incendies de forêt, rendus plus probables par le changement climatique, tout le carbone est rejeté dans l’atmosphère.

En plus du sérieux problème du financement, l’Afrique est confrontée au coût élevé du capital, ce qui entrave sa capacité à accéder aux opportunités socio-économiques pour une transition juste. «En 2021, le coût moyen du capital pour les projets énergétiques était environ sept fois plus élevé en Afrique qu’en Europe et en Amérique du Nord», selon des études. La réduction des coûts nécessite ainsi des efforts coordonnés de la part des gouvernements, des institutions financières et des entreprises.

C’est dire que le système financier mondial actuel n’est pas conçu pour réagir de manière appropriée et que les pays africains ne peuvent pas accéder aux financements nécessaires pour soutenir leurs voies de transition juste et respecter leurs engagements déterminés au niveau national.

Voir Aussi