Hasnaâ Harrak, la chercheuse de l’INRA qui ne jure que par la passion
Par Soumia AL ARKOUBI
Rabat – “Ta raison et ta passion, voilà le gouvernail et les voiles de ton âme au long cours”, cette citation de Khalil Gibrane puisée de son “Prophète” semble être la devise de Hasnaâ Harrak, une chercheuse à l’Institut national de recherche agronomique (INRA) qui a su s’imposer dans un domaine longtemps considéré comme masculin.
Cette native de Larache, une petite ville au nord du Maroc qui avait déjoué toutes les tentatives de conquête des Portugais, des Espagnols et des Français, a forcé le respect et l’admiration de ses pairs et de sa hiérarchie à l’INRA qu’elle avait intégré en 1995 en tant que chargée de recherche au Centre régional de la recherche agronomique de Marrakech où elle occupe actuellement le poste de Directeur de recherche.
Lauréate d’un diplôme d’ingénieur d’Etat en industries agricoles et alimentaires de l’Institut agronomique et vétérinaire Hassan II et d’un doctorat ès sciences agronomiques en technologies des industries agricoles du même institut en cotutelle avec le centre de Coopération internationale en recherche agronomique pour le développement à Montpellier, France, Mme Harrak n’avait pas mis les pieds dans ce domaine fortuitement.
Son attachement à la nature depuis le jeune âge et son émerveillement devant ses secrets, sa simplicité innée et sa curiosité sont autant de qualités qui la prédestinaient à choisir cette profession nécessitant une dose de patience et beaucoup de passion.
“En fait, le domaine de l’agriculture n’était pas loin de ma vie. Durant mon enfance, je passais mes vacances d’été à la campagne au nord du Maroc où vivaient mes grands-parents agriculteurs”, raconte à la MAP cette dame courtoise au regard perspicace.
“Quand j’étais sélectionnée pour suivre mes études à l’Institut agronomique et vétérinaire Hassan II, j’étais très contente et c’était pour moi une grande chance”, se souvient-elle avec un ton joyeux.
Son sens d’organisation, son engagement et son ouverture d’esprit lui ont valu le mérite de cumuler plusieurs postes managériaux puisqu’elle est aussi responsable du Laboratoire de technologie agro-alimentaire et qualité (section : fruits) et chargée des deux axes de recherche de l’INRA : “Valorisation technologique et agro-industrie des dattes” du mégaprojet “Palmier dattier” et “Valorisation technologique du cactus et ses sous-produits pour usage humain” du mégaprojet “Cactus”.
Pour notre interlocutrice, qui était recrutée au début de sa carrière par l’INRA en tant que technologue pour mener des recherches sur la valorisation technologique des dattes, la recherche n’est pas un titre ou un prestige qui chatouille l’égo et ne doit pas engendrer un sentiment de supériorité ou d’être plus intelligent que le commun des mortels.
“La recherche agronomique est pour moi un métier noble qui vise à servir l’agriculture de notre pays. Je suis surtout attirée par l’engagement, le dévouement, la persévérance et la passion avec lesquels il faut mener les activités de recherche pour surmonter toute difficulté rencontrée et pour arriver à des résultats de qualité et transférables”, argue la chercheuse aux traits fins qui cachent mal une personnalité autonome et affirmée.
Outre son sens patriotique élevé et son goût pour le challenge, Mme Harrak a mille et une façon d’exprimer sa générosité et la meilleure est de partager ses connaissances et son savoir-faire en faveur du développement durable.
“La grande satisfaction est ressentie quand nous arrivons à transférer nos acquis de recherche à impact socio-économique et environnemental significatif pour un développement durable en concordance avec les stratégies agricoles nationales comme la précédente stratégie Plan Maroc Vert et la nouvelle stratégie Green Generation 2020-2030”, dit celle qui peut se targuer d’avoir travaillé avec toutes les oasis marocaines dans les domaines de la Recherche et du Développement sur la valorisation des dattes.
Mme Harrak a aussi consacré plusieurs années de recherche à d’autres produits de terroir marocains, notamment le cactus, la noix, la grenade, l’abricot et le fenouil, et ce “suite aux doléances exprimées par nos partenaires régionaux”.
Grâce à sa persévérance et son amour infaillible pour la recherche, elle a été “très honorée” par l’obtention du premier “prix Khalifa International du Palmier dattier et de l’Innovation agricole” en 2020 dans la catégorie “Personnalité influente dans le domaine du palmier dattier, des dattes et de l’innovation agricole”.
Cette auteure prolifique a aussi suscité l’admiration du bureau de la FAO au Maroc sous le leadership de l’ONU Femmes, qui a mis à l’honneur sa contribution au développement agricole dans le cadre de la journée internationale des droits des femmes pour 2021.
Certes que ces prix et distinctions internationaux créent “un sentiment de fierté” chez Mme Harrak, mais ils accentuent aussi son sens de “responsabilité pour servir davantage notre agriculture et notre pays”.
Si elle était un arbre, elle serait un palmier dattier pour plusieurs raisons, notamment parce qu’elle se dit reconnaissante à ses fruits « Dattes » qui lui ont offert une renommée nationale et internationale.
Cette dame, qui fait du sport pour gérer le stress de la vie professionnelle et personnelle, se trouve attirée surtout par le blanc, couleur de la pureté et de la sérénité, et par le bleu, couleur de l’action et de la responsabilité.
A travers ses exploits, Hasnaâ Harrak nous prouve que “La passion est une école de la grandeur”.