Journée internationale de l’Arganier : Trois questions au Directeur provincial de l’Agriculture à Essaouira
Propos recueillis par Mohamed KOURSI.
Essaouira – A l’occasion de la célébration de la Journée internationale de l’arganier, M. Ahmed Najid, Directeur provincial de l’Agriculture à Essaouira, jette la lumière, dans un entretien accordé à la MAP, sur les principales réalisations accumulées au niveau de la province pour le développement de cette filière au cours des dernières années, ainsi que sur les actions et projets programmés dans le cadre de la nouvelle stratégie « Génération Green ».
En mars dernier, l’Assemblée Générale des Nations Unies a proclamé le 10 mai Journée internationale de l’Arganier. Une décision qui restera gravée dans l’histoire de la biosphère de cet arbre endémique. Que représente pour vous cette proclamation intervenue sur une initiative 100% marocaine ?.
Effectivement, la proclamation par l’ONU de cette Journée est une reconnaissance internationale des efforts consentis par le Royaume en matière de valorisation et de promotion de l’arganier, ainsi que sa contribution au développement durable.
Cette reconnaissance constitue une source de fierté pour le Maroc, en général, et pour l’ensemble des acteurs et professionnels du secteur agricole, en particulier.
La proclamation de cette Journée se veut aussi une reconnaissance des grands efforts déployés, des années durant, par les différentes parties prenantes de cette filière, et le ministère de l’Agriculture en particulier, pour la mise à niveau de ce secteur sur les plans écologique, économique et social, surtout qu’il s’agit d’un arbre endémique connu et reconnu pour ses caractéristiques intrinsèques spécifiques et ses multiples vertus.
Ainsi, la Direction provinciale de l’agriculture a accordé un intérêt très particulier à cet écosystème arganier qui emploie plus de 2.000 femmes, notamment rurales, dont le revenu est intimement lié à leurs activités dans cette filière en s’organisant dans des coopératives de production et de commercialisation de l’huile d’argan.
Cette consécration mondiale de l’arganier traduit également cet engagement infaillible pour veiller à la préservation de ce patrimoine immatériel emblématique, sachant que l’arganier couvre plus de 136.000 ha dans la province, soit 20% de l’écosystème arganier au niveau national.
Consciente de l’importance de l’apport socio-économique et environnemental de cet écosystème, la Direction provinciale demeure engagée en vue d’œuvrer pour le développement de cette filière et la réalisation des objectifs escomptés.
– Quelles sont les principales réalisations accomplies au niveau de la province d’Essaouira pour le développement de cette filière au cours des dernières années ?.
La filière de l’arganier compte parmi les principaux axes stratégiques du développement du secteur agricole au niveau de la province d’Essaouira. En effet, depuis le lancement du Plan Maroc Vert (PMV), il a été procédé à la mise en place de trois projets dédiés au développement et à la mise à niveau de cette filière, notamment le projet « Appui à l’émergence et à la bonne gouvernance des coopératives de production et de commercialisation d’huile d’argan », pour un coût global estimé à 19 millions de DH.
Ce projet vise essentiellement à améliorer la situation socio-économique de la femme rurale, à tripler le volume de l’huile d’argan produite par le secteur organisé, à valoriser cette huile et ses sous-produits, à mettre niveau les coopératives arganières et à soutenir la commercialisation.
Pour la réalisation de ces objectifs, plusieurs actions ont été menées dans le cadre dudit projet, dont l’organisation des femmes dans des coopératives afin de passer de 37 à 50 coopératives au terme du projet, l’amélioration des conditions de travail des femmes rurales et de production de l’huile d’argan via l’aménagement, l’équipement des unités de production de ces organisations arganières et l’accompagnement de 25 coopératives pour l’adoption des principes de bonne gouvernance, outre l’appui à la commercialisation des produits.
Après 10 années de mise en œuvre de ce projet ambitieux, les actions entreprises se sont avérées très concluantes dans la mesure où la province compte actuellement plus de 100 coopératives de commercialisation et de production de l’huile d’argan, dépassant ainsi l’objectif fixé, sachant que plus de 70 parmi elles ont bénéficié des initiatives programmées dans le cadre du PMV, plus de 50 coopératives ont tiré profit du soutien pour l’aménagement, une soixantaine de l’équipement et 40 autres de l’appui en matériels de valorisation (étiquetage, bouteilles, etc…).
Une attention particulière a été également accordée au volet de la formation au niveau de l’ensemble des maillons de la chaîne de valeur de la filière, allant de la production à la commercialisation, en passant par le stockage et la valorisation.
Côté commercialisation, et pour apporter des solutions aux contraintes posées aux coopératives dans ce sens, il a été procédé à la construction et l’équipement de « Dar Argan » (maison de l’argan), un projet pilote visant l’agrégation des efforts des coopératives pour leur faciliter l’accès aux marchés. Cette structure sera inaugurée et cédée au porteur du projet d’agrégation dans les prochains jours et ce, dans le cadre des activités programmées pour la célébration de cette Journée internationale de l’arganier au niveau provincial.
La dimension environnementale n’était pas en reste. En effet, avec l’appui de la Banque Mondiale, deux unités de fabrication et de commercialisation d’aliments composés pour bétail, conçus à base des sous-produits de l’extraction de l’huile d’argan (enveloppe de l’argan « Aligue » et tourteau issu de l’extraction « Zagmouna »), dans le cadre d’une convention de partenariat avec la recherche agronomique, ont été construites dans les communes d’El Hanchane et de Tamanar, pour un investissement global estimé à 15 MDH. L’objectif escompté est de réduire la pression du pâturage dans la forêt de l’arganier, tout en préservant la qualité des aliments et fourrages voulus et recherchés par les éleveurs pour leurs cheptels.
– Qu’en est-il des futures actions et projets programmés durant les prochaines années au niveau de la province dans le cadre de la nouvelle stratégie « Génération Green », qui réserve une place de choix au développement de cette filière ?.
La filière de l’argan occupe une place incontournable dans la nouvelle stratégie « Génération Green ». Des projets intégrés ont été ainsi mis en place, portant essentiellement sur la poursuite des opérations de plantation additionnelles d’arganiers dans des exploitations et terrains agricoles privés sur une superficie de 12.500 ha bours et biologiques, la valorisation de la matière première au niveau des points de collecte et le renforcement des capacités des professionnels, des ayant droits et des femmes membres des coopératives, notamment à travers la mise en place d’une assurance médicale, en étroite collaboration avec la Fédération interprofessionnelle de la filière, tout en continuant à soutenir et à équiper les coopératives nouvellement créées.
Cette opération a été lancée effectivement, sachant que plus de 130 femmes arganières relevant de différentes coopératives ont bénéficié cette année de cette initiative.
Pour ce qui est des contraintes de commercialisation, la réflexion est orientée vers la création d’une plateforme numérique dédiée à cet effet, afin de renforcer la marge de bénéfices des femmes.
Des actions sont également prévues pour la pérennisation de ces projets, tout en examinant la possibilité de l’exploitation des résidus et de la coquille de l’argan pour la production de l’énergie propre, outre l’insertion de l’écosystème arganier dans des circuits touristiques, l’objectif ultime étant de soutenir l’activité touristique à l’échelle provinciale, faire davantage la lumière sur ces produits de terroir et, partant, de générer un revenu supplémentaire pour les coopératives, notamment les femmes rurales qui s’activent dans ce domaine.