ActualitésL’abattage illégal, un fléau qui ravage les forêts zimbabwéennes

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26 Juin

L’abattage illégal, un fléau qui ravage les forêts zimbabwéennes

Par Ilias Khalafi –

Harare- Le fléau de l’abattage illégal des forêts au Zimbabwe a pris durant les dernières années une dimension sans précédent, menaçant gravement l’écosystème forestier fragile de ce pays enclavé d’Afrique australe.

Encouragés par une demande croissante de bois sur fond de déficit énergétique accru, les bûcherons illégaux abattent de plus en plus d’arbres et causent des dégâts environnementaux considérables.

Bien que les lois zimbabwéennes interdisent la production de charbon de bois, il est pourtant ouvertement vendu dans les zones à forte densité de population, notamment au sein des banlieues des grandes villes telles qu’Harare et Bulawayo.

Les experts craignent que si ce phénomène n’est pas maitrisé, le pays perdra une énorme partie de ses forêts à cause de la déforestation. Selon la Commission des forêts (FC), organisme de réglementation forestière du pays, environ 330.000 hectares de couvert forestier disparaissent chaque année.

Le directeur de l’organisme, Armstrong Tembo, a souligné qu’il est devenu de plus en plus difficile d’arrêter certains bûcherons illégaux puisqu’ils changent constamment leurs stratégies pour échapper à la loi.

Mettant l’accent sur la nécessité de déployer davantage d’efforts pour lutter contre l’exploitation forestière illégale, il a noté que les amendes prévues dans le cadre de la législation en vigueur ne dissuadent plus les contrevenants.

« Quand quelqu’un est arrêté, il paie une amende et rentre chez lui et se livre à nouveau à cette pratique néfaste à l’écosystème du pays », a déploré M. Tembo, préconisant de renforcer les peines privatives de liberté pour envoyer un message fort aux coupables.

La loi forestière du Zimbabwe pénalise les personnes impliquées dans l’abattage illégal d’arbres en imposant des amendes allant jusqu’à 500 dollars, ou une peine privative de liberté n’excédant pas deux ans de prison. Mais sur le terrain, seules les amendes sont appliquées.

Même son de cloche chez Nxolelani Ncube, responsable de l’environnement et des ressources naturelles au conseil du district rural de Hwange, qui a mis en garde que les opérations d’exploitation et de commercialisation des arbres abattus sont « bien coordonnées ».

« Hwange est un point chaud du commerce illégal de charbon de bois, principalement en raison de sa proximité avec le parc national régional et les mines de charbon », a-t-il signalé, notant que certains bûcherons illégaux utilisent des camions pour faire passer leurs produits en contrebande au-delà du district.

Il a également expliqué qu’alors que les agents chargés de l’application des lois ont fait monter la pression contre les bûcherons illégaux, ces derniers ont réagi en modifiant leur stratégie, notamment en opérant pendant la nuit.

Face à cette situation inquiétante, la sonnette d’alarme a été tirée par les ONG de protection de l’environnement. Daniel Sithole, directeur exécutif de l’ONG Green Shango Environmental Trust, basé à Hwange, a souligné la nécessité d’accélérer les efforts visant à mettre fin à la déforestation dans la région et au-delà.

Il a ajouté que la production illégale de charbon de bois alimente également les conflits entre l’Homme et la faune, car les communautés empiètent de plus en plus sur les habitats des animaux pour chercher leurs moyens de subsistance.

En somme, l’abattage illégal au Zimbabwe est un phénomène favorisé par une combinaison de facteurs allant de la pénurie d’électricité au chômage endémique. Pour y remédier, il est primordial d’adopter une approche holistique qui répond aux défis socioéconomiques des populations locales, tout en augmentant la sensibilisation sur l’importance de sauvegarder les richesses forestières locales.

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