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24 Fév

La Norvège traînée en justice pour l’attribution de licences pétrolières dans l’Arctique

Oslo- Deux groupes écologiques ont appelé, lundi, la Cour suprême de Norvège à se prononcer sur la légalité de l’attribution par l’État de certaines licences pétrolières dans l’Arctique, dans une affaire qui pourrait bloquer les projets de développement de l’industrie pétrolière du royaume scandinave.

Plus haute instance judiciaire du pays, la Cour suprême devrait trancher dans les mois qui viennent si elle examinera ou non l’affaire, une décision susceptible d’interdire les sociétés pétrolières de rechercher des hydrocarbures au large du nord de la Norvège, où l’État estime y trouver des milliards de barils de pétrole.

Les ONG, Greenpeace et Natur og Ungdom (« Nature et jeunesse »), réclament l’annulation de permis d’exploration accordés en 2016, estimant qu’ils enfreignent la Constitution norvégienne qui, au 112e paragraphe, garantit aux générations actuelles et futures le droit à un environnement sain.

Ce droit, disent-elles, n’est pas assuré si de nouvelles activités pétrolières viennent se heurter aux objectifs de l’Accord de Paris sur le climat, que la Norvège a signé et qui vise à limiter à moins de 2°C le réchauffement par rapport à l’ère pré-industrielle.

« Ouvrir les régions vierges de l’Arctique aux forages pétroliers à l’heure de l’urgence climatique n’est pas acceptable« , a déclaré lundi le chef de Greenpeace Norvège, Frode Pleym.

« L’utilisation de pétrole et de gaz produits en Norvège et consommés ailleurs représente dix fois les émissions domestiques de la Norvège », a-t-il ajouté dans un communiqué.

Plus gros producteur d’hydrocarbures d’Europe de l’Ouest, le pays nordique peine à rompre sa dépendance au pétrole qui a fait sa fortune, lui permettant notamment d’amasser un fonds souverain de plus de 1.000 milliards de dollars.

« Le monde a déjà découvert plus de pétrole, de charbon et de gaz que l’on ne peut en consommer si l’on veut éviter des changements climatiques catastrophiques », a affirmé la dirigeante de Natur og Ungdom, Therese Hugstmyr Woie.

« La Norvège a la responsabilité de ne pas produire plus de pétrole que le climat ne peut le supporter« , a-t-elle ajouté.

Les ONG avaient essuyé deux premiers revers judiciaires, la dernière fois le 23 janvier devant une cour d’appel d’Oslo, mais elles avaient trouvé matière à satisfaction puisque les juges avaient estimé que les émissions de CO2 dues aux hydrocarbures norvégiens devaient être considérées dans leur globalité, c’est-à-dire pas seulement au stade de la production en Norvège mais aussi à celui, beaucoup plus polluant, de la consommation hors du pays.

Le litige porte sur dix permis couvrant 40 blocs en mer de Barents, région de l’Arctique jugée très prometteuse par le secteur pétrolier mais où les forages de prospection ont pour l’heure donné des résultats décevants. Les bénéficiaires sont notamment le champion national Statoil (devenu Equinor depuis), les Américains Chevron et ConocoPhillips ou encore le russe Lukoil.

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