ActualitésLutte contre la faim: Le monde est-il sur la bonne voie?

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16 Oct

Lutte contre la faim: Le monde est-il sur la bonne voie?

Siham Toufiki.

Rome – De plus en plus de pays dans le monde se retrouvent aux prises avec la faim qui touche actuellement 690 millions de personnes, une situation exacerbée notamment par la pandémie de Covid-19 qui risque d’entrainer, selon des organisations internationales, plus de 130 millions de personnes supplémentaires du monde entier dans le cycle d’insécurité alimentaire chronique d’ici la fin de 2020.

Au moment où les pays du monde entier célèbrent la Journée mondiale de l’alimentation, qui coïncide avec le 16 octobre de chaque année, les progrès dans la lutte contre la faim stagnent, tandis que la pandémie de Covid-19 aggrave les faiblesses et les défaillances des systèmes alimentaires mondiaux, compromettant toutes les activités et les opérations liées à la production des aliments, leur distribution et leur consommation.

Un rapport sur « L’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde 2020 » élaboré par cinq agences de l’ONU, a conclu que le monde n’est pas en bonne voie pour l’élimination définitive de la faim d’ici 2030, laissant planer de fortes doutes « sur les chances d’atteindre le deuxième objectif du développement durable (La Faim Zéro).

Dans le préambule du rapport, les chefs de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), du Fonds international pour l’agriculture (FIDA), du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) et de l’Organisation mondiale de la santé ( OMS) préviennent que « cinq ans après l’engagement mondial de mettre fin à la faim et à l’insécurité alimentaire et à toutes les formes de malnutrition, nous ne sommes toujours pas sur la bonne voie pour atteindre cet objectif d’ici 2030. Après avoir diminué régulièrement pendant des décennies, la faim chronique est à nouveau en hausse en raison de la pandémie ».

Bien qu’il soit trop tôt pour évaluer l’impact total des restrictions et d’autres mesures décrétées pour contenir le virus de Covid-19, les estimations présentées dans le rapport indiquent qu’environ 130 millions de personnes pourraient souffrir de la faim en 2020 en raison de la récession économique causée par l’épidémie de Covid-19.

L’Afrique est la région la plus touchée et la situation devrait s’aggraver, 19,1% de sa population étant sous-alimentée. Ce taux est plus du double de celui en Asie (8,3%) et en Amérique latine et dans les Caraïbes (7,4%). Si les tendances actuelles se poursuivent, d’ici à 2030, l’Afrique abritera plus de la moitié des personnes souffrant de la faim chronique dans le monde.

Face à cette sombre situation dressée par le rapport, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture appelle à soutenir des systèmes alimentaires durables et souligne la nécessité pour les gouvernements du monde entier de mener une action de solidarité commune et de s’attaquer d’urgence aux effets dévastateurs que le ralentissement économique aura sur les populations les plus vulnérables.

Les gouvernements devraient également investir dans des politiques et des programmes de protection sociale qui garantissent des conditions sûres et des revenus décents aux petits agriculteurs et aux travailleurs de la chaîne alimentaire.

Pour le Directeur général de la FAO, Qu Dongyu, la promotion de l’innovation et l’application des technologies numériques dans les systèmes agricoles et alimentaires, ainsi que la réduction des pertes et gaspillages alimentaires, sont des piliers fondamentaux du renforcement de la lutte contre la faim.

Selon la FAO, la communauté internationale doit combler le fossé numérique et assurer le flux de technologie vers les pays en développement, car la technologie a le potentiel d’améliorer à la fois les systèmes alimentaires et les moyens de subsistance des agriculteurs et des travailleurs de la chaîne alimentaire, tout en notant que la numérisation est une réalité lointaine pour plus de 3 milliards de personnes dans le monde qui n’ont pas accès à Internet et la plupart d’entre elles vivent dans des zones rurales et isolées.

Les experts de la FAO ont estimé qu’une formation intensive pour améliorer les compétences numériques des agriculteurs leur permettant d’exprimer leurs besoins et leurs idées, est nécessaire, en plus d’un système d’incitations pour encourager la production d’aliments nutritifs et variés.

Tout en soulignant que le monde avait fait de grands progrès ces dernières décennies dans l’amélioration de la productivité agricole, ces experts relèvent que bien que « nous produisons actuellement plus de nourriture que nous n’en avons besoin pour nourrir tout le monde, nos systèmes alimentaires sont déséquilibrés », ajoutant que la faim et l’obésité, la dégradation de l’environnement, la perte de la biodiversité agricole, le gaspillage alimentaires et l’insécurité pour les travailleurs de la chaîne alimentaire ne sont que quelques aspects confirmant ce déséquilibre.

Au moment où les pays commencent à élaborer et à mettre en œuvre des plans de reprise post-Covid-19, les experts estiment qu’il existe une opportunité réelle d’adopter des solutions innovantes basées sur des preuves scientifiques pour améliorer les systèmes d’alimentation.

En attendant, la Journée mondiale de l’alimentation vise à renforcer la solidarité mondiale pour aider les plus vulnérables à se remettre de la crise et à rendre les systèmes alimentaires plus résilients afin qu’ils puissent résister aux fluctuations croissantes et aux chocs climatiques, et fournir des repas sains, durable et accessibles pour tous, ainsi que des moyens de subsistance décents pour les travailleurs du système alimentaire.

La réalisation de tels objectifs est tributaire de la mise en place de meilleurs programmes de protection sociale, la mise à profit des nouvelles opportunités offertes par la numérisation et le commerce électronique, outre la promotion de pratiques agricoles plus durables qui préservent les ressources naturelles de la planète, la santé et protègent le climat.

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