Migration climatique: Des experts plaident pour une coopération internationale renforcée Texte
Rabat – La migration climatique, un défi mondial majeur, nécessite une coopération internationale renforcée, des cadres juridiques solides et des interventions politiques ciblées, à travers des mécanismes de gouvernance adaptés, afin de protéger les droits des migrants climatiques, ont souligné des experts réunis jeudi à Rabat.
Lors d’une rencontre tenue dans le cadre du Sommet du Sud global sur les déplacements climatiques, organisé du 1er au 3 novembre par l’Africa institute for research in economics and social sciences » relevant de l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P), les participants ont échangé sur les défis juridiques et institutionnels relatifs à la protection des « déplacés climatiques » qui sont des « victimes invisibles et silencieuses » du changement climatique.
Intervenant à cette occasion, le vice-doyen de la Faculté de gouvernance et des sciences économiques et sociales à l’UM6P, Khalid Chegraoui, a mis l’accent sur l’importance de coordonner les initiatives internationales afin de relever les défis posés par la migration climatique qui constitue un enjeu « stratégique » pour l’Afrique.
Mettant en relief les répercussions des changements climatiques dans la région nord-africaine, au-delà des problématiques politiques existantes, M. Chegraoui a abordé les défis spécifiques au Maroc, soulignant la nécessité de placer ces enjeux au cœur des politiques publiques.
« La menace climatique est présente et l’avenir est incertain, en particulier dans certaines régions d’Afrique du Nord », a-t-il relevé, estimant que les systèmes actuels politiques, économiques et juridiques sont incapables de traiter efficacement divers problèmes profondément ancrés et associés aux changements climatiques.
De son côté, la directrice de la Division gouvernance démocratique et inclusive au Centre de recherches pour le développement international (CRDI), Caroline Ford, a souligné que cette rencontre donnera lieu à un ensemble de recommandations qui seront ensuite partagées avec les participants au Forum global sur les réfugiés du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), prévu en décembre à Genève.
Considérant la connexion entre les changements climatiques et les déplacements comme l’un des principaux défis que les pays du Sud devront relever à l’avenir, Mme Ford a noté que le CRDI a pour objectifs de mettre en avant et de soutenir les initiatives du « Sud Global » en matière de recherche et de production de connaissances.
S’attardant sur l’action du CRDI visant à développer un réseau de recherche et de partage des connaissances dans les pays du Sud, l’experte a souligné l’importance de soutenir les chercheurs émergents des institutions du Sud et de faire entendre leurs voix auprès des décideurs internationaux.
Pour sa part, la conseillère politique à l’ambassade du Canada au Maroc, Anushka Shibchurn, a mis en exergue la complexité et la diversité des situations de déplacement, plaidant pour une approche réfléchie et inclusive pour y répondre.
Dans ce cadre, elle a mis en avant l’engagement du Canada à soumettre tous les projets qu’il finance à des analyses environnementales et de genre. Cette démarche, a-t-elle précisé, vise à minimiser les impacts négatifs potentiels sur l’environnement et les communautés, en s’assurant que les initiatives soutenues contribuent à réduire les inégalités de genre et à favoriser l’équité et l’inclusion.
Cette deuxième journée du Sommet a été marquée par la tenue d’une table ronde animée par des experts et des académiciens de renom qui ont discuté des enjeux de la migration climatique sous un angle interdisciplinaire et pluriel.
Organisé du 1er au 3 novembre en collaboration avec le Centre de recherches pour le développement international (CRDI) et le bureau de la Fondation Friedrich Naumann pour la Liberté à Madrid (FNF Madrid), le Sommet comporte un riche programme d’activités, dont un échange où des agricultrices de la région du Souss partageront leurs expériences concernant l’impact du changement climatique sur leurs activités.
La dernière journée du Sommet sera marquée par la présentation d’un rapport co-édité par FNF Madrid, l’IEMed et le Policy Center for the New South. Ce rapport, qui explore la relation complexe entre le changement climatique et la migration dans les régions de l’Afrique de l’Ouest et du Maghreb, met en lumière les défis environnementaux et socio-économiques conduisant à la migration climatique, tout en proposant des recommandations politiques visant à renforcer la résilience des communautés affectées.