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04 Déc

ONU: Le Maroc et la France co-président une réunion du Groupe des amis sur le changement climatique

Nations-Unies (New York) – L’ambassadeur, Représentant permanent du Maroc à l’ONU, Omar Hilale, a co-présidé vendredi à New York, avec son homologue français, Nicolas de Rivière, une réunion virtuelle du Groupe des amis sur le changement climatique, l’occasion de rappeler l’urgence d’agir face à ce défi globale qui ne peut être séparé de la reprise post Covid-19.

Cette réunion a connu la participation de la Secrétaire exécutive de la Convention-cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), Patricia Espinosa, et du Conseiller spécial du Secrétaire général de l’ONU sur l’action climat, Selwin Hart.

La rencontre, qui intervient à la veille du cinquième anniversaire de l’Accord de Paris sur le climat et le Sommet Ambition Climat 2020, prévu le 12 décembre, a été aussi marquée par la participation des ambassadeurs de plusieurs pays et groupes représentatifs des différentes régions géographiques.

Intervenant à cette occasion, M. Hilale souligné que malgré la pandémie de coronavirus, la crise climatique est toujours considérée par les scientifiques comme la plus grande menace pour l’humanité.

D’une part, alors que le monde est confronté à la COVID-19, il est de plus en plus reconnu que nous devons nous engager sur la voie d’une reprise durable. Et d’un autre côté, l’action pour le climat n’est pas seulement une question de reprise mais une réalité mondiale qui déterminera l’avenir de l’humanité à plus long terme, a relevé l’ambassadeur.

Pour M. Hilale, l’action climatique concerne « notre capacité collective à passer d’un modèle de croissance non durable à un paradigme positif, où le changement climatique crée de nouvelles opportunités pour tous, pour les pays en développement et développés, pour les citoyens issus de différents horizons ».

A cet égard, il a relevé que la COP26 prévu en 2021 à Glasgow, en Grande Bretagne, intervient à un nouveau carrefour mondial, en ce sens qu’un certain nombre de pays ont fait preuve d’une forte détermination et d’une ambition climatique renouvelée, à travers leurs Contributions déterminées au niveau national (CDN) et leurs stratégies climat à long terme. Toutefois, a relevé l’ambassadeur, alors que le monde marque le 5è anniversaire de l’Accord de Paris, « nous constatons toujours que les CDN de divers pays restent loin de ce qui est nécessaire ».

« A moins que des mesures ambitieuses ne soient prises, la crise climatique qui se déroule constitue une menace existentielle imminente pour le monde et en particulier pour les plus vulnérables », a alerté M. Hilale.

« Si nous voulons réaliser la vision de réduire les émissions mondiales de 45% d’ici 2030, 75% de la production mondiale d’électricité doit provenir d’une transition propre et cela doit être clair dans les contributions déterminées au niveau national (CDN) au cours de la prochaine décennie. Les efforts d’adaptation et d’atténuation doivent être doublés », a-t-il souligné.

« Au-delà des annonces, tout le monde doit passer un test de crédibilité. Atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 nécessitera un ensemble supplémentaire d’actions spectaculaires au cours des dix prochaines années », a insisté l’ambassadeur.

M. Hilale a rappelé, dans ce sens, que Sa Majesté le Roi Mohammed VI avait présidé en octobre dernier une réunion de travail avec les principaux acteurs de l’énergie, en vue d’une transition opportune vers les énergies renouvelables au niveau national, précisant que le Maroc a pour objectif de se procurer 45% de son électricité à partir de sources renouvelables d’ici la fin de cette année et de 52% d’ici 2030.

Et d’ajouter que plus de 5,65 milliards de dollars ont été investis dans les énergies renouvelables au cours des dix dernières années et le Maroc prévoit d’investir 5 milliards de dollars supplémentaires dans le secteur. « Nous restons déterminés à maintenir l’ambition climatique à un niveau élevé, malgré le contexte sanitaire et économique actuel difficile », a-t-il assuré.

Par ailleurs, M. Hilale a relevé qu’après la COP 26 à Glasgow, la COP27 aura lieu en Afrique. « Cela signifie que nous ne devons pas laisser passer l’occasion de tirer les leçons de notre chemin vers le redressement et de rendre nos efforts significatifs pour les pays africains et pour les pays du Sud. Cela commence par la question clé du financement climatique qui nécessite une implication plus forte des pays développés qui doivent respecter leurs obligations financières. C’est une question d’équité, de solidarité et de justice, qui est fondamentale dans l’Accord de Paris », a-t-il noté.

De son côté, l’ambassadeur de France à l’ONU a relevé que le Sommet Ambition Climat 2020, qui coïncidera avec la commémoration du cinquième anniversaire de l’Accord de Paris, réunira des dirigeants gouvernementaux, des entreprises et de la société civile et sera « une étape clé vers une COP26 historique à Glasgow l’année prochaine ».

« Indiscutablement, 2021 sera une année charnière pour le climat et pour notre planète », a estimé M. de Rivière. « Alors que nous entrons dans une nouvelle décennie d’action, ces échéances très importantes devront apporter des solutions concrètes et transformatrices. Comme nous le savons tous, les engagements actuels ne nous mettent pas sur la bonne voie pour atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés il y a cinq ans », a-t-il constaté.

« La Covid-19 bouleverse le monde, mais c’est une raison supplémentaire de rester concentré sur la priorité du changement climatique », a conclu l’ambassadeur français.

Pour sa part, la Secrétaire exécutive de la CCNUCC, Patricia Espinosa, a relevé que ces dernières semaines ont été marquées par des développements qui « nous permettent d’être plus optimistes », citant notamment les engagements climatiques très ambitieux annoncés par la Chine, le Japon, et la Corée du Sud, ainsi que l’annonce par la nouvelle administration américaine élue de rejoindre l’accord de Paris, « également une source d’optimisme ».

« Mais il reste encore beaucoup de travail à faire pour réussir à Glasgow », a-t-elle affirmé, soulignant qu’il y n’a « pas d’autre alternative » que de faire de la Cop26 une réussite, et pour ce faire, le monde a besoin de leadership.

« Nous avons aussi besoin d’avoir le plus grand nombre possible de CDN, au plus haut niveau, pour montrer que nous sommes sur la bonne voie de réaliser les objectifs de l’Accord de Paris. Nous sommes plein d’espoir, mais nous ne sommes pas encore là où on devrait être », a estimé Mme Espinoza.

Elle a aussi souligné le besoin d’avoir « davantage de signaux forts en terme d’engagement et d’action pour le climat », notamment à travers la participation et l’implication des pays du Nord, ajoutant que l’opinion publique mondiale a aussi besoin d’être confortée en sachant que le changement est en train d’avoir lieu.

Selwin Hart, le Conseiller spécial du Secrétaire général de l’ONU sur l’action climat, a, quant à lui, souligné que le leadership du Groupe des amis sur le changement climatique sera essentiel pour la réussite de la Cop26 à Glasgow, en menant par l’exemple, y compris à travers la présentation d’engagements et d’objectifs zéro émission.

Il a également rappelé que le Secrétaire général des Nations-Unies a souligné que l’action climat ne peut pas être séparée de la reprise post Covid-19, en ce sens qu’il s’agit des faces de la même pièce.

Le conseiller onusien a, de même, insisté sur la nécessité de réaliser l’objectif de mobiliser 100 milliards de dollars auquel se sont engagés il y a dix ans les pays développés pour aider les pays en développement à s’adapter aux effets du changement climatique et à réduire leurs émissions. Cet objectif est une partie essentielle du compromis qui soutient l’Accord de Paris.

La nouvelle ambassadrice de Grande Bretagne à l’ONU, Barbarba Woodward, dont le pays abrite la COP26 l’année prochaine, a souligné que la question du climat sera la grande priorité du Royaume Uni en 2021 afin de réussir la conférence de Glasgow.

Elle a estimé que malgré certaines déceptions et régressions, « nous avons constaté d’énormes progrès » depuis la signature de l’Accord de Paris, soulignant que dans le cadre d’action de la CCNUCC, d’importants accords ont été conclus en soutien à la feuille de route de Paris, notamment le partenariat de Marrakech pour l’action mondiale en faveur du climat, lancé en 2016. Cette initiative a, en effet, pour objectif de catalyser l’action de l’ensemble des acteurs en matière de changement climatique, accroître le niveau d’ambition, et soutenir l’accord de Paris.

« Pourtant, malgré ces progrès, nous ne faisons pas assez pour réaliser les objectifs de l’Accord de Paris », a-t-elle déploré, soulignant le besoin pressant d’agir face à une urgence climatique bien réelle.

De son côté, l’ambassadeur de Djibouti, qui intervenait au nom du Groupe africain à l’ONU, a souligné que les pays du continent placent l’action climatique au plus haut de leurs priorités, notant que le changement climatique pose l’un des plus grands défis en Afrique.

« Il s’agit d’une menace existentielle pour plusieurs pays africains », s’est-il alarmé, soulignant que le Groupe africain à l’ONU appelle à une action transformative en matière de lutte contre le phénomène du réchauffement climatique.

A cet égard, l’ambassadeur a réitéré l’importance de la coopération Sud-Sud en matière d’action climat, tout en rappelant l’engagement total du Groupe africain dans ce domaine.

Cette réunion a également été marquée par des interventions de l’ambassadeur de l’Union européenne auprès de l’ONU, de l’ambassadrice d’Italie, dont le pays assure la prochaine présidence du G20, de l’ambassadeur du Malawi, au nom des Pays les moins avancés (PMA), de l’ambassadeur du Pakistan, qui assure la présidence du Conseil économique et social des Nations-Unies (ECOSOC), et du Représentant permanent adjoint de la Chine à l’ONU en charge des questions relatives au Climat, dont le pays abrite l’année prochaine la COP15 sur la biodiversité.

Ont également participé à cette conférence les ambassadeurs de Tuvalu (au nom des Etats insulaires du Pacifique), d’Egypte, du Chili et du Costa Rica.

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