Préservation des écosystèmes forestiers: le CESE préconise le développement d’une vision concertée et partagée à l’horizon 2050
Rabat- Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a préconisé le développement d’une vision concertée et partagée, établissant des objectifs de préservation et de réhabilitation des écosystèmes forestiers et de leur biodiversité, à l’horizon 2050.
Cette vision vise à transformer le domaine forestier en un espace résilient aux risques et capable de mobiliser des investissements à caractère durable et de promouvoir des filières porteuses, tout en réduisant la dépendance des populations vivant des écosystèmes forestiers grâce à la création d’alternatives économiques locales, a souligné le CESE dans une autosaisine « écosystèmes forestiers du Maroc : Risques, défis et opportunités ».
Dans cette autosaisine dont les principales conclusions ont été présentées mercredi à Rabat lors d’un atelier de restitution, le CESE a recommandé la réhabilitation des écosystèmes forestiers par le passage progressif du droit d’usage accordé aux populations locales à une récupération par l’État de ce droit dans toutes les aires protégées, en proposant des alternatives économiques aux populations concernées et l’intensification des opérations de reboisement et de régénération naturelle.
Le Conseil a appelé aussi à une conformité avec les obligations internationales du Maroc en matière de biodiversité, en mettant en œuvre certaines mesures dont l’augmentation progressive de la superficie des aires protégées de 3,76% à 30% d’ici 2050 et la classification et réglementation des 10 parcs nationaux, des 154 sites d’intérêt biologique et écologique, des espaces forestiers comprenant des zones humides et des réserves de biosphère inscrites auprès de l’UNESCO.
Il s’agit aussi de reconnaître et de soutenir les espaces de vie de la population, où la biodiversité a été préservée grâce aux bonnes pratiques de bonnes gestion des écosystèmes forestiers et des ressources et de procéder à leur classement dans le Registre international des Nations unies (ICCA Registry), en tant qu’ »Aires et territoires du patrimoine autochtone et communautaire », mis en place par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Le CESE a plaidé, en outre, pour la révision de la réglementation en vigueur et la mise en place d’une gouvernance intégrée et participative instaurant un code forestier qui définit les droits et obligations de toutes les parties prenantes, facilite la mise à jour des textes en vigueur, établit les modalités de protection de la biodiversité, d’amélioration de l’état de santé des écosystèmes forestiers et de lutte contre les feux de forêts et assure la sécurisation du domaine forestier en achevant la délimitation et l’immatriculation des surfaces restantes, tout en élargissant la mission de l’instance régionale prévue dans la stratégie « Forêts du Maroc 2020-2030 » en vue de favoriser la contractualisation entre les parties prenantes à l’échelle régionale.
Il a aussi souligné l’importance de renforcer l’effectivité des instances de gouvernance existantes et nouvelles prévues par la stratégie « Forêts du Maroc 2020-2030 », en adoptant certaines mesures dont le renforcement de l’approche participative à travers l’engagement effectif des instances de gouvernance d’agir en partenariat avec les acteurs de la société civile pour mettre en œuvre et évaluer les plans d’action de préservation et de valorisation des écosystèmes forestiers programmés à l’échelle territoriale.
Le CESE a appelé en sus à favoriser l’accès à l’information pour les populations dépendantes et les citoyennes et citoyens afin de renforcer la transparence dans la gestion et la protection des écosystèmes forestiers, à travers la mise en place d’un système d’information intégré et territorialisé, l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) dans le suivi de plantation, de surveillance et de lutte contre les feux de forêts, en s’appuyant sur l’expertise du secteur privé et le partenariat et la mise en place de programmes d’évaluation chiffrés des services écosystémiques et des coûts de régression des écosystèmes forestiers.
Sur un autre registre, le Conseil a mis l’accent sur la nécessité d’encourager la recherche-développement-innovation et de renforcer les ressources humaines, appelant aussi à valoriser les ressources forestières et à développer des alternatives économiques en faveur des populations dépendantes et des territoires.
Le Conseil a recommandé, d’autre part, de favoriser le développement de concessions forestières écoresponsables et transparentes au bénéfice de la population dépendante et les entreprises locales, tout en favorisant la sylviculture.
Il a également plaidé pour la mise en place de la certification forestière, tout en instaurant un cahier des charges strict respecté par les parties prenantes et soumis à des contrôles réguliers, garantissant ainsi une meilleure traçabilité tout au long de la chaîne de transformation et le développement de l’écotourisme dans les aires protégées, en prenant en compte leurs spécificités culturelles, territoriales et écologiques.
Aussi, le CESE a proposé l’accompagnement des groupements de populations dépendantes et les éleveurs.
Le Conseil économique, social et environnemental s’est autosaisi de ce sujet, en vue d’examiner la situation écologique des forêts marocaines et de proposer des actions à même de favoriser un équilibre entre les divers usages des forêts, leur conservation durable et le développement économique des territoires concernés.