Saison agricole: Trois questions au directeur régional de l’Agriculture à Tanger-Tétouan-Al Hoceima
– Propos recueillis par: Hicham EL MOUSSAOUI –
Tanger – Le directeur régional de l’Agriculture à Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Mahjoub Lahrach, évoque, dans une interview accordée à la MAP, les effets positifs attendus des précipitations importantes qui se sont abattues sur la région sur la situation des cultures et des pâturages, et l’état d’avancement des projets de réhabilitation des grands périmètres irrigués de la région, ainsi que les recettes prévues des filières agricoles à valeur ajoutée, qui ont été lancées dans le cadre des plans « Maroc Vert » et « Génération Green ».
1- Depuis le début de la saison agricole, la région du Nord a connu d’importantes pluies qui ont contribué au renforcement de la nappe phréatique et des retenues des barrages, dont le barrage d’Oued El Makhazine, qui alimente la vallée du Loukkos en eau d’irrigation. Quelles sont vos prévisions concernant la saison agricole actuelle?
La région Tanger-Tétouan-Al Hoceima a effectivement connu des pluies très importantes depuis le mois de novembre, avec un cumul de précipitations d’environ 552 mm. Ces précipitations ont été caractérisées par leur régularité pendant les mois de novembre et de décembre, et leur augmentation en janvier et février, ce qui a eu un effet positif sur les retenues de tous les barrages.
Ainsi, les retenues du barrage Oued El Makhazine, qui alimente la vallée du Loukkos en eau d’irrigation, ont atteint 672 millions m3, soit un taux de remplissage de 100%, tandis que le taux de remplissage du barrage Dar Khrofa, récemment édifié dans la province de Larache, s’est établi à 53% (environ 253 millions m3). Cette situation a permis aux agriculteurs de bien travailler sur les cultures d’automne installées actuellement, et de sécuriser les cultures de printemps et d’été.
La réalisation du programme que nous avons mis en place en début d’année avance d’une manière régulière. En effet, 381.000 hectares ont été cultivés en céréales, 16.000 ha en légumineuses et 11.000 ha en légumes, tandis que 5.500 ha ont été plantés en cultures sucrières.
La situation de la nappe phréatique s’est répercutée sur le bon état de toutes les cultures, des arbres fruitiers et des pâturages, puisqu’il y a suffisamment de pâturages pour le bétail et les agriculteurs veillent sur les récoltes, ce qui est de bon augure pour la saison agricole. Au cas où des précipitations s’abattraient au cours du mois d’avril, le rendement sera très bon, ce qui aura un effet positif sur les revenus des agriculteurs.
2- Grâce au plan Maroc Vert (PMV), de grands projets ont été lancés pour la réhabilitation de périmètres irrigués, parmi lesquels figurent ceux de Dar Khrofa et d’Asjen, en plus des projets relatifs à la petite irrigation. Comment ces projets contribueront-ils à rehausser la valeur ajoutée du secteur agricole au niveau de la région?
La région Tanger-Tétouan-Al Hoceima recèle des ressources hydrauliques très importantes, ce qui permet au ministère de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts de mettre en œuvre de grands projets d’irrigation de nouvelle génération, qui répondent aux exigences actuelles de l’agriculture moderne.
Il y a plusieurs projets dans ce domaine, dont la réhabilitation d’un périmètre irrigué sur une superficie de 21.000 ha à proximité du barrage Dar Khrofa (province de Larache), ainsi que des périmètres d’Ajras (province de Tétouan) sur 1.500 ha, d’Akoubaâ (Tétouan/Chefchaouen) sur 500 ha et d’Asjen (province d’Ouezzane) sur 2.500 ha.
Ainsi, un total de 25.500 hectares seront, dans le cadre des programmes du PMV, ajoutés aux programmes d’irrigation dans la région, et ces efforts se poursuivront dans le cadre du Plan « Génération Green ».
Les investissements engagés pour la création des périmètres irrigués se sont élevés à 3,7 milliards de dirhams (MMDH), ce qui devrait générer environ 1,5 million de jours de travail en milieu rural et une valeur ajoutée de 420 millions de dirhams.
Le rythme de réalisation des équipements internes avance d’une manière régulière et les bassins seront prêts dans un avenir proche.
3- Compte tenu de ses caractéristiques climatiques et géographiques, la région du Nord s’est distinguée par un certain nombre de filières à forte valeur ajoutée, comme les fruits rouges et l’avocat. Quels sont les principales réalisations enregistrées et les objectifs fixés en matière du lancement des filières à valeur ajoutée?
La région dispose de tous les facteurs de production qui permettent aux agriculteurs de travailler dans des filières agricoles à haute valeur ajoutée, y compris la plantation d’avocatier, qui a connu une croissance significative, puisque nous avons actuellement 3.500 hectares d’avocats, et nous allons continuer à travailler sur cette filière prometteuse, dans le cadre de la stratégie « Génération Green ».
Au niveau de la filière des fruits rouges, nous prévoyons de parvenir à cultiver une superficie de 6.000 hectares d’ici 2030. Il s’agit d’une filière prometteuse qui permet au Maroc d’exporter vers 40 pays avec une production dépassant 200.000 tonnes et un chiffre d’affaire avoisinant les 6 MMDH, contribuant ainsi à la création d’un nombre important d’emplois au niveau de la région.
Il importe de lancer des projets permettant à la femme rurale et aux jeunes de trouver un emploi, que ce soit au sein des fermes ou dans des unités de valorisation de fruits rouges.
Je tiens à noter qu’il y a un projet structurant pour la réhabilitation du pôle agricole Zouada, un projet sur lequel nous travaillons avec le reste des partenaires, et dont les études ont atteint un stade très avancé.
Dans un futur proche, nous allons commencer la mise en oeuvre effective du pôle, qui devrait ouvrir des perspectives prometteuses au niveau de la région en général et de la province de Larache en particulier.