ActualitésScandinavie : Quand deux ports désaffectés sortent la tête de l’eau (Reportage)

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03 Nov

Scandinavie : Quand deux ports désaffectés sortent la tête de l’eau (Reportage)

.-(Par Houcine MAIMOUNI)-.

Malmo (Suède), 03/11/2016 (MAP)- A Malmo, 3-ème plus grande ville de Suède, l’imposant gratte-ciel « Twisting Torso », la plus haute tour de Scandinavie et 2-ème plus haute tour d’habitation d’Europe, est à lui seul le symbole de la nouvelle destinée d’un ensemble de ports nordiques, naguère désaffectés, mais aujourd’hui résolument tournés vers l’avenir.

Située juste en face de Copenhague au bord du Détroit de l’Oresund, la bâtisse blanche de 190 mètres de hauteur et de 54 étages a été construite en 2005 sur une superficie de 27 mille m2 dans la nouvelle zone résidentielle couvrant la partie portuaire qui, autrefois, s’étendait sur tout l’ouest de la ville.

« Fille de pêcheur et native de la ville, j’ai été témoin de la reconversion longue et pénible que Malmo a opérée depuis les années 90 après la fermeture de nombreuses unités industrielles », explique Louise Lundberg, une militante écologiste, à des journalistes africains en tournée de presse organisée, du 23 au 28 octobre, par le Conseil nordique des ministres dans le cadre de la Conférence des Parties à la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (COP22), prévue du 7 au 18 novembre à Marrakech.

Malmo (350 mille habitants, dont 30 PC d’étrangers), qui exportait, depuis son port, des automobiles et du textile, « a renoué avec une nouvelle vocation futuriste où on ne badine pas avec l’environnement », précise Mme Lundberg, en montrant enjouée du doigt, tantôt une digue reluisante, tantôt des docks propres, des ruelles ombragées, des canaux pour la collecte des eaux de pluie ou encore ces innombrables terrasses vertes, dites « rooftops ».

« Ce district, le plus cher du reste à Malmo, est désormais doté de son propre système d’énergie et de collecte des déchets. Les parties organiques sont utilisées pour la production du biogaz et le reste est incinéré pour les besoins du chauffage et de la production de l’électricité », dira-t-elle.

Dans cette zone, alimentée par un système d’énergie renouvelable pouvant procurer annuellement 6200 MHh de chauffage, 3000 MWh de climatisation et 6300 MWh d’électricité, les résidents préfèrent utiliser les vélos lorsqu’ils ne parquent pas leurs véhicules ailleurs, alors que pratiquement tous les « rooftops » sont dotés de 1400 m2 de capteurs solaires, qui répondent à 15 PC des besoins en chauffage.

Même engagement, même application de l’autre côté du Détroit de l’Oresund, un pont haubané parmi les premiers au monde qui relie sur 8 km environ, par deux voies ferrées et 4 voies autoroutières, Malmo à Copenhague. Ici, la traversée de la Baltique en 30 min par train jouxte, dans un prolongement naturel, un impressionnant parc éolien: Le Lillegrund. Muni de 48 turbines sur 7 km, ce parc d’une puissance de 110 MW constitue le plus important champ éolien offshore au monde.

Dans ce continuum, la capitale danoise, qui nourrit l’ambition de devenir neutre en carbone d’ici 2025, planche sur le projet du quartier écologique et portuaire de Nordhaven. Etalé sur 3,5 millions de mètres carrés, ce projet devra à terme abriter 40 mille habitants et fournir autant d’emplois, selon les standards d’urbanisme les plus avant-gardistes en terme de durabilité.

Dix ans après son lancement sur une centenaire enceinte portuaire au nord de Copenhague, ce projet précise déjà ses contours et donne à voir des bâtiments flambant neufs, des tours imposantes, des parkings pour véhicules et vélos, des jardins et terrains de détente, des espaces pour shopping, des traversées en front de mer,…

« Pour nous, l’idée est de faire de Nordhaven, un quartier déjà entouré d’eau des trois côtés, une zone sous forme de petites îles où poches de verdures, parcs, jetées, espaces de loisirs et de sports, centres de shopping et d’habitation seront reliés à l’eau, premier et ultime point d’intersection des résidents », relève un accompagnateur.

Par fidélité à la mémoire de l’eau, d’anciens silos, entrepôts et autres dépendances propres aux pêcheurs sont restaurés et d’autres refaits avec les mêmes matériaux d’antan, alors qu’un terminal de croisière complète le décor, histoire de préserver à Copenhague une notoriété déjà assise en la matière.

L’urgence se fait d’autant plus sentir que, selon Iver Hoj Nielsen, chargé de presse à State of Green, une plateforme de partenariat public-privé, Copenhague (1,2 million d’âmes) devrait répondre aux attentes en logement de 80 mille habitants d’ici 2025 (une croissance de 14 PC).

Alors que la nuit tombe sur Malmo et que scintillent au loin les premières lumières, la capitale danoise reprend le flambeau, comme pour rendre la politesse à sa voisine, via ce curieux cordon ombilical qu’est le Lillegrund. Les traces retrouvées en 1960 datant de 9000 ans av. JC, n’attestent-elles pas que, depuis déjà cette période glaciaire, les deux rives n’ont jamais été aussi proches?

PS.

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