ActualitésSécurité nucléaire en Afrique: Trois questions à Mounji Zniber, directeur d’AMSSNuR par intérim

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30 Juin

Sécurité nucléaire en Afrique: Trois questions à Mounji Zniber, directeur d’AMSSNuR par intérim

Rabat- Le développement des infrastructures et des compétences en matière de sûreté et de sécurité nucléaires et radiologiques en Afrique s’avère une priorité absolue, au regard du déficit structurel à cet égard dans le continent.

Tel est le constat dressé par le Directeur de l’Agence Marocaine de Sûreté et de Sécurité Nucléaires et Radiologiques (AMSSNuR) par intérim, Mounji Zniber, qui revient dans une interview accordée à la MAP sur les activités et les stratégies de l’agence, notamment le renforcement de la coopération en termes de sûreté et de sécurité nucléaires et radiologiques avec les instances africaines concernées.

1-La coopération avec les pays africains est une priorité de la politique étrangère marocaine. Qu’en est-il de l’apport d’AMSSNuR  dans ce sens ?

AMSSNuR a toujours veillé à consolider et à prioriser ses relations avec les pays du Sud, notamment ceux du continent africain.

Ainsi, elle œuvre constamment à consolider son positionnement en Afrique par le biais de la coopération Sud-Sud et triangulaire (AMSSNuR – Agence internationale de l’énergie atomique-AIEA – organisations consœurs africaines), en s’engageant dans les réseaux régionaux et en partageant son expérience dans le domaine de la sûreté et de la sécurité nucléaires et radiologiques, avec les pays africains.

Le but ultime est de renforcer la protection de l’Homme, de la société et de l’environnement contre les risques liés aux rayonnements ionisants, et ce à travers un usage sûr et sécurisé des rayonnements ionisants par les différents secteurs d’activité  (santé, énergie, industrie, agriculture, recherches..) sur le continent africain.

Consciente du besoin en ressources nécessaires pour combler l’énorme déficit en personnel qualifié dans le domaine de la sûreté et de la sûreté nucléaires et radiologiques dans les pays africains, AMSSNuR tâche de faire profiter les organismes similaires en Afrique de l’assistance qu’elle reçoit de l’AIEA, de ses partenaires en Europe et en Amérique, dont l’infrastructure réglementaire et de contrôle est plus développée.

Dans cette lancée, l’Agence a organisé une multitude d’ateliers de formation au profit de plusieurs stagiaires en provenance de ces organismes africains.

2-La radioprotection est un défi majeur pour les pays africains. Ces derniers sont-ils suffisamment outillés pour faire face aux éventuels risques en la matière ?

Pour protéger les populations et l’environnement des risques associés aux rayonnements, il convient de mettre en place un cadre législatif et une infrastructure réglementaire nationale pour le contrôle des sources de rayonnements. Les normes de sûreté nucléaire et radiologique, ainsi que les orientations de sécurité nucléaire édictées par l’AIEA énoncent les prescriptions et recommandations internationales relatives à l’instauration d’un tel système réglementaire.

Une évaluation préliminaire effectuée par l’AIEA, à travers son système de gestion des informations sur la sûreté radiologique (RASIMS), montre que plusieurs pays ont adopté une législation régissant les utilisations pacifiques de la technologie nucléaire. Or, l’infrastructure de sûreté radiologique est encore limitée dans de nombreux pays de la région.

D’autres pays africains doivent aligner leur cadre national aux normes de sûreté de l’AIEA. Le respect de ces normes est un catalyseur clé et une condition essentielle pour la durabilité de l’application pacifique de la technologie nucléaire.

Par ailleurs, et en réponse à l’augmentation considérable des cas de cancers et de décès dans les pays à revenu faible, qui ne reçoivent que 5 % du financement mondial visant à contrecarrer cette maladie, le DG de l’AIEA a lancé, en février 2022, l’initiative « Rayons d’Espoir », dans le but d’aider les Etats membres à mettre en place ou à développer leurs capacités nationales de lutte contre le cancer en termes des technologies nucléaires (imagerie médicale, médecine nucléaire et radiothérapie).

3-Comment AMSSNuR envisage-t-elle la coopération et le partage de son savoir-faire avec les instances africaines en matière de sûreté et sécurité nucléaires et radiologiques?

Les applications nucléaires utilisant des sources de rayonnement, y compris des matières radioactives, sont répandues en Afrique, notamment dans le secteur agricole, les activités industrielles, ainsi que dans la recherche scientifique et médicale.

En effet, l’insuffisance des compétences et de l’expertise en matière de radioprotection figurent parmi les problèmes fondamentaux et les causes profondes qui entravent les progrès dans les différents États membres africains vers l’amélioration des infrastructures nationales de sûreté radiologique.

Dans ce sillage, la mise en place d’une structure de formation performante visant à instaurer et consolider les compétences nécessaires au profit des organismes de réglementation, permettra de contribuer à l’utilisation sûre des rayonnements ionisants, à même de renforcer et d’assurer une amélioration continue de l’infrastructure réglementaire de la radioprotection en Afrique.

Des sessions de formation en radioprotection sont prévues dans ce cadre aussi bien pour les organismes de réglementation africains que pour des catégories professionnelles en charge de la sûreté et de la protection dans les installations et les activités réglementées.

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