Suisse: Développement de nouveaux matériaux pour débarrasser l’eau des microorganismes tenaces
Genève – L’élimination des agents pathogènes de l’eau potable étant particulièrement difficile lorsque les germes sont trop petits pour être interceptés par les filtres classiques, des chercheurs suisses du Laboratoire fédéral d’essai des matériaux et de recherche (Empa) et de l’Institut fédéral pour l’aménagement, l’épuration et la protection des eaux (Eawag), développent de nouveaux matériaux et procédés qui permettent de débarrasser l’eau des microorganismes tenaces tels que les virus.
Les chercheurs ciblent le plus petit des germes : De minuscules agents pathogènes qui – contrairement au coronavirus Sars-Cov-2 actuellement très répandu – se propagent avec l’eau potable et déclenchent ainsi diverses maladies d’origine hydrique telles que la polio, la diarrhée et l’hépatite, indique un communiqué de l’Empa, notant que ces agents pathogènes comprennent également le rotavirus, dont la taille n’est que de 70 nanomètres.
« Les filtres à eau traditionnels sont inefficaces contre les rotavirus », explique Thomas Graule, chercheur à l’Empa au laboratoire « Céramique haute performance » de Dübendorf. Cependant, ce sont précisément ces minuscules germes qui comptent parmi les agents pathogènes les plus courants à l’origine d’infections gastro-intestinales.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), en 2016, environ 130 000 enfants dans le monde seraient morts d’une infection à rotavirus. Les chercheurs ont maintenant mis au point des stratégies pour les technologies de filtration basées sur de nouveaux matériaux qui contournent le problème de leur taille nanométrique. En effet, une propriété des particules virales peut être utilisée pour un nouveau type de filtre : la charge électrique souvent négative des particules virales.
Sur la base de cette idée, les chercheurs ont commencé à développer des matériaux appropriés qui permettent l’adsorption des surfaces virales chargées négativement, fait savoir le communiqué de l’Empa.
Jusqu’alors, il était difficile de créer des surfaces chargées positivement et facilement régénérables avec une capacité d’adsorption élevée, et les études expérimentales systématiques étaient rares. Pour leurs recherches, les chercheurs ont donc choisi un virus modèle encore plus petit que le rotavirus : le bactériophage MS2, un bactériophage de seulement 27 nanomètres, un virus qui attaque les bactéries mais qui est inoffensif pour l’homme.
En utilisant ce modèle de virus, les scientifiques ont pu montrer que les virus présents dans l’eau s’adsorbent à la surface du filtre avec des forces différentes selon la valeur du pH. « Il faut en tenir compte lors du développement de nouvelles technologies de traitement et de filtrage de l’eau », a déclaré Thomas Graule.