Suisse: La durée d’exploitation des centrales nucléaires revue à la hausse
Genève – L’Office fédéral de l’énergie (OFEN) en Suisse a annoncé un allongement de dix ans de la durée de vie théorique des centrales nucléaires, un changement de perspective qui reporte l’arrêt définitif des réacteurs à 2044, et non plus à 2034.
Le scénario d’une durée de vie de 60 ans au lieu de 50 est un délai « réaliste » destiné à planifier une meilleure transition énergétique, explique l’OFEN dans le journal NZZ, notant que « le développement des forces hydrauliques, éoliennes et géothermiques prend du retard » et qu' »aujourd’hui, seuls les objectifs du photovoltaïque semblent atteignables ».
A un demi-siècle passé, le réacteur Beznau I – le plus ancien en Suisse – sort de ce cadre théorique servant à calculer l’approvisionnement énergétique.
Interrogée par le journal NZZ, la Fondation suisse de l’énergie (SES) estime que prolonger la durée de vie des centrales, « c’est non seulement prendre des risques sécuritaires mais aussi gaspiller de l’argent qui pourrait être réinvesti dans les énergies renouvelables ».
La Suisse exploite actuellement cinq centrales nucléaires, en l’occurrence Beznau 1, depuis 1969, Beznau 2 (1972), Mühleberg (1972), Gösgen (1979) et Leibstadt (1984).
A elles seules, les centrales nucléaires suisses produisent environ 25 milliards de kilowattheures par an, ce qui est largement plus que la consommation de tous les ménages. En hiver, les centrales nucléaires peuvent assurer la moitié de la production helvétique de courant.
Une comparaison sur plusieurs années montre qu’en Europe, les pays qui possèdent une part d’énergie nucléaire plus élevée que la Suisse dans leur mix électrique sont la France (environ les deux tiers), la Belgique, la Slovaquie, la Slovénie, la Suède et la Hongrie, la part de la Slovénie et de la Suède étant à peu près similaire à celle de la Suisse.
Les centrales nucléaires helvétiques sont entièrement ou majoritairement détenues par les pouvoirs publics. En effet, les cantons possèdent la majorité, voire la totalité, des parts des grandes entreprises helvétiques d’approvisionnement en énergie propriétaires des centrales nucléaires suisses. Les cantons obtiennent ainsi du courant à prix très bas et la majeure partie des bénéfices issus de l’exploitation des centrales nucléaires alimente leur caisse.