Tunisie : dépôt d’une plainte pour annuler la décision relative à l’utilisation de sacs en plastique dans l’emballage du ciment

Tunis -Une plainte vient d’être déposée auprès du tribunal administratif de Tunis pour annuler la décision conjointe des ministres tunisiens de l’Industrie et du Commerce relative à l’utilisation de sacs en plastique dans l’emballage du ciment.

Cette plainte a été déposée par la Société Tunisienne Industrielle du Papier et du Carton (Sotupapier), entreprise cotée à la Bourse de Tunis, qui a décidé de faire appel devant le tribunal administratif, contre cette décision ministérielle, a fait savoir l’avocat Ahmed Ben Hassana dans une déclaration accordée à une radio locale.

Il a souligné, aussi, qu’il fera recours, d’une façon urgente, au président de ce tribunal pour arrêter la mise en application de cette décision, qui « légitime la pollution ».

Il a expliqué que cette décision devra entraîner la production, chaque année, de 150 millions de nouveaux sacs en plastique au moins, d’autant que « la Tunisie ne s’est pas préparée à les collecter et à les éliminer, ce qui ne manquera pas d’avoir des conséquences désastreuses sur l’environnement ».

Selon lui, cette décision se caractérise par une légitimité contestée, car elle contredit un nombre de textes législatifs, en particulier la Constitution qui défend le droit du citoyen à un environnement sain et qui stipule que l’Etat garantit la prévention et la protection sanitaire pour chaque citoyen, et met en place toutes les conditions nécessaires pour assurer la sécurité et des services de santé de qualité.

Cette décision s’oppose également aux stratégies environnementales du pays visant à réduire la pollution plastique, à améliorer la gestion rationnelle des déchets dangereux en remplaçant des contenants en plastique par d’autres écologiques, a-t-il martelé.

« Bien que l’environnement n’ait pas été aussi sain avant cette décision, nous ne devons pas légitimer la pollution », a ajouté Ben Hassana.

Publiée la mi-août au bulletin officiel, cette décision ministérielle a suscité une polémique sur les réseaux sociaux, et plusieurs militants écologistes l’ont décrite comme un « pas en arrière ».

La décision, qui autorise l’utilisation de sacs plastiques pour l’emballage de ciment depuis janvier 2020, « contredit la politique de l’interdiction de l’usage progressif des sacs plastique avant d’approuver une interdiction définitive de ces sacs, à partir de janvier 2021 », déplorent ces écologistes.

Dans une récente déclaration, le ministre tunisien de l’Industrie et des PME, Salah Ben Youssef, avait souligné que « les 30% des sacs en kraft utilisés dans l’emballage du ciment qui seront remplacés par des sacs en polypropylène feront gagner à la Tunisie l’équivalent de 20 millions de Dinars (1 euro = 3,22 dinars) en devises, grâce à la réduction du volume des importations de pâte kraft ».

D’après le responsable, « il s’agit, également, de se repositionner sur le marché libyen en baissant le coût des sacs de ciment, ce qui favorisera la compétitivité du produit tunisien par rapport au concurrent turc sur ce même marché.

De son côté, la Chambre nationale des producteurs de ciment (CNPC), relevant de l’Union Tunisienne de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat, a précisé, dans un communiqué, que cette décision ministérielle a permis de répondre à une demande faite par les professionnels de cette activité remontant à plusieurs années, ce qui permettra d’harmoniser la nature du sac d’emballage du ciment avec celui utilisé par les grands producteurs du ciment et évoluant dans des pays soucieux de la protection de l’environnement, dont l’Allemagne, la France et la Suisse.

Elle a fait savoir, en outre, que le recours à l’emballage en polypropylène (PP) permettra l’élimination de la rupture des sacs et la perte conséquente du continu (ciment), une meilleure protection du ciment contre les agressions atmosphériques (humidité, eaux pluviales…) et l’annulation du monopole du papier kraft pour les sacs d’emballage.