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01 Fév

Les zones humides, des boucliers naturels face aux bouleversements climatiques

Par Fadwa EL GHAZI

Rabat – Baie de Dakhla, Merja Zerga, Mar Chica, Cap des Trois Fourches, l’embouchure de Moulouya… autant de sites marocains inscrits sur la liste Ramsar des zones humides qui revêtent une importance capitale dans la préservation des écosystèmes à l’heure des changements climatiques extrêmes.

Signe de l’importance de ces zones, la « Convention de Ramsar », du nom de la ville d’Iran où elle a été signée en 1971, célèbre cette année la Journée mondiale des zones humides (2 février) sous le signe « Les zones humides, sources de bien-être humain », l’objectif étant de “mettre en lumière l’urgence avec laquelle nous devons agir pour préserver et restaurer ces écosystèmes riches en biodiversité qui sous-tendent le bien-être humain”, lit-on sur le site web de l’ONU.

Et pour cause, explique dans un entretien à la MAP la présidente du Groupe de recherche pour la protection des oiseaux au Maroc « GREPOM/Birdlife-Maroc », Rhimou El Hamoumi, “les zones humides revêtent une importance cruciale pour tous les aspects du bien-être humain, que ce soit sur le plan physique, mental ou environnemental, ainsi que pour les moyens de notre existence”.

Selon Mme El Hamoumi, enseignante-chercheuse à l’Université Hassan II de Casablanca, le maintien des fonctions de ces écosystèmes présente des avantages d’une valeur économique considérable pour les populations, contribuant ainsi à préserver leur qualité de vie pour diverses raisons.

Les zones humides, a-t-elle relevé, permettent de fournir l’eau pour la consommation humaine, l’irrigation des cultures et l’abreuvement du bétail, et d’améliorer la qualité de cette ressource vitale en éliminant les polluants.

“Les poissons de ces zones permettent d’alimenter plus d’un milliard de personnes dans le monde, tandis que les rizières nourrissent annuellement 3,5 milliards d’autres”, a-t-elle noté.

En retenant les sédiments et en favorisant la formation de sols fertiles, les zones humides soutiennent la productivité agricole et forestière des régions avoisinantes et contribuent à la préservation de la biodiversité, a-t-elle souligné.

Dans le contexte des changements climatiques, les zones humides agissent aussi comme des boucliers naturels contre les événements météorologiques extrêmes, du fait qu’elles absorbent les fortes pluies et offrent une protection contre les sécheresses, en stockant et en libérant lentement l’eau, a-t-elle fait observer.

En tant que réservoirs naturels de carbone sur la terre, les zones humides ont la capacité de stocker deux fois plus de carbone que l’ensemble des forêts mondiales, a-t-elle poursuivi, mettant en lumière la contribution de ces zones au bien-être humain, en tant qu’espaces de loisirs, de détente, de randonnées et bien d’autres activités récréatives.

L’experte a indiqué que sur les 300 zones humides répertoriées au Maroc à ce jour, 80 ont été officiellement désignées dans le Plan Directeur des aires protégées en tant que Sites d’Intérêts Biologiques et Écologiques (SIBE), dont 38 sont reconnues zones humides d’importance internationale selon la Convention de Ramsar.

Ces sites Ramsar s’étendent entre les montagnes de l’Atlas et les littoraux atlantique et méditerranéen, couvrant une superficie de 316.086 hectares. Nombre de ces sites sont situés dans des parcs nationaux et/ou des réserves de biosphère, apportant une protection supplémentaire à ces écosystèmes fragiles.

Au-delà de leur importance sur le plan de la conservation, ces zones constituent des havres de paix pour une variété impressionnante d’oiseaux, qu’ils soient migrateurs ou résidents. Sur les 520 espèces d’oiseaux recensées au Maroc, 38% sont étroitement liées à ces environnements humides, allant des élégants échassiers aux majestueux flamants roses et aux canards multicolores.

Le Maroc, carrefour privilégié des routes migratoires, accueille un ballet aérien impressionnant d’oiseaux d’eau en transit. Les zones humides marocaines servent de lieux de repos et de stations de ravitaillement pendant ces migrations.

En 2022, le Maroc a été élu membre du comité permanent de la convention sur les zones humides « RAMSAR » en tant que représentant de la sous-région Afrique du Nord, au titre de la période 2022-2025.

Le Royaume a adopté une politique intégrée fondée sur une approche responsable, inclusive et participative, en harmonie avec les Objectifs de développement durable à l’horizon 2030.

La Stratégie « Forêts du Maroc 2020-2030 », lancée par SM le Roi Mohammed VI, le 13 février 2020, est porteuse de réponses appropriées et nécessaires pour préserver et restaurer les zones humides, améliorer les conditions de vie des populations locales et réconcilier le citoyen avec ces espaces.

Cette stratégie prévoit d’inscrire 10 nouveaux sites RAMSAR à l’horizon 2025, en vue de porter le nombre de sites classés à 48 zones humides d’importance internationale réparties sur tout le territoire national.

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