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22 Avr

Journée internationale de la terre nourricière : Pour des solutions durables aux maux de la planète

Par Abir HASSANI

Rabat – La terre, notre foyer où différentes formes de vie foisonnent dans une symbiose complexe et délicate, est toutefois confrontée à des défis croissants dus à sa surexploitation par l’homme, à travers des pratiques parfois anthropocentriques par inadvertance relatifs à l’agriculture, à la gestion des eaux et à l’impact climatique entre autres.

La journée internationale de la terre nourricière, célébrée le 22 avril de chaque année, est ainsi l’occasion de traiter de thèmes cruciaux se rapportant à la durabilité environnementale, à la sécurité alimentaire et hydrique, et à la protection de biodiversité et des ressources, cibles d’un impact humain croissant.

D’ailleurs, plus de 75% des terres de la surface terrestre ont considérablement été altérées, affectant plus de 3,2 milliards de personnes et diminuant la biodiversité, selon un rapport du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), des statistiques qui mettent en péril les objectifs de développement durable (ODD).

L’agriculture intensive, le gaspillage alimentaire et la déforestation ont un impact dévastateur sur l’environnement et la capacité à produire de la nourriture à long terme.

Au Maroc, des pratiques agricoles non durables opérées principalement dans des zones arides ou semi-arides, affaiblissent le sol qui se veut le premier filtre face aux polluants terrestres et le régulateur principal du cycle d’eau, du climat et de cycles biochimiques et de biodiversité.

“Nous avons longtemps usé de nos sols comme s’ils étaient une source inépuisable, notamment à travers l’agriculture extensive qui dénude le sol de sa matière organique », a déclaré à la MAP Rachid Mrabet, directeur de recherche et chef de la division scientifique à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA).

Donnant l’exemple de la jachère, une technique agricole ancestrale qui consiste à ne pas ensemencer les terres agricoles pendant une ou plusieurs périodes végétatives afin de leur permettre de reconstituer leurs réserves en eau et stabiliser leur capacité de production, l’expert agronome estime qu’on garde ainsi la biomasse et l’eau perdus lors du travail de sol, en plus de la conservation de la biodiversité qui est au coeur des pratiques agroécologiques.

A cette démarche s’ajoute la diversification de la production au lieu de la monoculture, un outil de résilience et de gestion de maladies résidentes dans le sol, tout en fournissant un rendement varié pour assurer la sécurité alimentaire.

S’agissant du semi-direct, un modèle de l’agriculture de conservation adopté à grande échelle au Maroc, leader du secteur dans la région MENA, M. Mrabet note que cette méthode a été saluée par les agriculteurs, qui désormais l’adoptent volontairement, dans l’objectif d’atteindre 1 million d’hectares à l’horizon 2030.

Le climat, autre élément clé de la pérennité de la terre, joue un rôle essentiel dans la santé de l’écosystème et dans la disponibilité des ressources alimentaires.

L’augmentation des températures, les phénomènes météorologiques extrêmes et les perturbations des schémas climatiques traditionnels ont des répercussions dévastatrices sur l’ensemble de la terre.

Selon le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) de l’ONU, limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C nécessiterait de réduire les émissions globales de CO2 de 45 % par rapport aux niveaux de 2010 d’ici 2030, ce qui est reflété par les engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre en marge de la COP28.

« Nous ne parlons plus de changement climatique, mais d’un climat qui a déjà changé », déplore à ce propos Mohamed Saïd Karrouk, professeur en climatologie et contributeur au 6ème rapport du GIEC.

“Le bilan énergétique (quantité d’énergie qui entre et sort du climat terrestre) de notre planète a augmenté, ce qui fait évoluer les écosystèmes naturels”, a-t-il relevé dans un interview avec la MAP.

“Prenant le paramètre du cycle de l’eau: chaque changement à la circulation superficielle de l’eau, à l’écoulement et à l’infiltration à travers le sol (nappes phréatiques) impacte directement la stabilité naturelle de la planète, puis éventuellement les activités humaines, créant un déséquilibre au niveau des socio-systèmes”, précise M. Karrouk.

« Dernièrement, nous vivons des évolutions très rapides de phénomènes extrêmes, qui sont en réalité, selon l’expert, les caractéristiques du nouveau climat réchauffé pour lequel on n’a toujours pas de référence ».

Au Maroc, une hausse significative de la température a été constatée depuis 2018, entraînant davantage l’évaporation des eaux, ce qui va demander du temps pour que ces eaux retombent sur terre, a noté le climatologue.

Toutefois, le climatologue a mis en avant la politique de construction des barrages adoptée par le Royaume qui permet de stocker plus de 20 milliards de m3 d’eau, dont le but de gérer de manière rationnelle les périodes de sécheresse.

Une chose est sûre : notre relation avec la terre, génitrice de vie, est fondamentale à notre existence elle-même, car, comme le formule si bien Antoine de Saint-Exupéry “nous n’héritons pas la Terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants . »

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