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alerter sur le phénomène de la famine
07 Avr

Coronavirus et famine : le cri de détresse de la CEDEAO

Par Otmane Elmibrak

Abidjan – En ces temps incléments où le monde entier retient son souffle face à l’enlisement des crises sanitaire et économique liée au coronavirus, l’Afrique de l’Ouest, elle, se trouve de surcroît sous le coup d’un défi d’une autre nature, celui de la sécurité alimentaire.

Si l’on se fie aux décomptes, cette région est encore relativement peu touchée par la pandémie avec environ 1500 cas confirmés et près de 50 décès à la date du 5 avril. Pour autant, la crainte d’une propagation rapide du virus prend davantage d’ampleur, au vu des incidences dévastatrices qui en découleraient sur les plans économique, social, sanitaire et alimentaire.

D’alimentation justement, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) vient de tirer la sonnette d’alarme. Pour mette la puce à l’oreille, le bloc régional n’y va pas par quatre chemins : « les stocks alimentaires dans tous les pays membres ne tiendront pas plus d’une semaine en cas de crise sanitaire sévère. Ce qui a bel et bien l’air de se profiler ». Tout y est dit.

Cette alerte sans équivoque de la CEDEAO vient d’être émise par son département de l’Agriculture et du Développement rural. Ne faisant pas dans les demi-mots, la communauté ouest-africaine prévient, en outre et sans ménagement, que « si les produits alimentaires venaient à manquer, les populations vont mourir massivement, non du coronavirus, mais de famine pendant et après la crise ».

Face à la gravité de la situation et afin de repousser le pire, l’organisation régionale estime qu’il est indispensable de maintenir le rythme de la production agricole en dépit des états d’urgence décrétés par la quasi-totalité des pays membres.

A ce titre, son département de l’Agriculture et développement rural propose six bonnes mesures pour prémunir une sécurité alimentaire malheureusement déjà périlleuse dans la région.

En premier lieu, il est question de permettre aux producteurs de continuer à renforcer la capacité de production. Ils doivent, à ce titre, bénéficier de subventions et être équipés en outils de protection et non d’être pénalisés par les mesures de confinement.

En second lieu, la CEDEAO, groupement de 15 pays, recommande vivement de privilégier les productions végétales et animales à cycle court. Ce genre de cultures permet de disposer de récoltes régulières tout au long de l’année.

Il est aussi préconisé de maintenir les marchés locaux et le commerce transfrontalier des denrées alimentaires tout en prenant des mesures de protection et en renforçant celles déjà en vigueur.

Sur le plan nutritionnel, l’organe en charge de l’agriculture et du développement rural dans la région estime qu’il est très important de commander des farines enrichies auprès des transformateurs locaux et d’assurer les canaux de leurs distributions au profit des couches les plus vulnérables.

En outre, la communauté régionale met en avant la nécessité de maintenir la surveillance sur les ravageurs et maladies comme la chenille légionnaire, le criquet pèlerin, la peste des petits ruminants et la grippe aviaire, entre autres.

Un autre point qui, selon la CEDEAO, n’est pas des moindres, est l’éducation des populations, via la télévision et les autres moyens d’information-communication, aux meilleures manières de s’alimenter ou encore de cultiver des légumes à domicile.

Corollaire non moins inquiétant du coronavirus, covid-19 de son nom scientifique, la menace d’une famine sans précédent plane sérieusement sur plusieurs contrées de l’Afrique de l’Ouest. D’où l’impératif d’agir avec diligence pour se prémunir contre une crise alimentaire qui, in fine, serait tout aussi funeste que la pandémie elle-même. Le préavis est sans appel !

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