Le Lac de Sidi Boughaba à Kénitra, un espace naturel qui résiste aux comportements humains
Par Mohammed SEGHIR JEBLI
Kénitra- Dans un temps où les zones humides du Royaume et d’autres parties du globe subissent une pression due aux changements climatiques et aux dégâts occasionnés par la négligence humaine, le lac de Sidi Boughaba, situé à proximité de Kénitra, demeure intacte et maintient sa position en tant qu’espace biologique diversifié et comme l’une des meilleures zones humides, que ce soit au niveau national ou international.
Il s’agit d’un parc national fantastique là où niche et vit une faune diverse, notamment des oiseaux migrateurs, et qui se veut également un espace orné par une flore multiple, ainsi qu’une source de détente physique et psychique pour les visiteurs.
Cette réserve naturelle se caractérise par un lac qui s’étend sur une superficie de 100 hectares et d’une longueur de 6 kilomètres, d’une largeur de 300 mètres et d’une profondeur entre 50 centimes et deux mètres en période pluvieuse, en plus d’une couverture forestière qui l’entoure, ce qui fait de ce lac l’une des zones humides les plus riches du monde.
Dans une déclaration à la MAP, M. Lahbib Ajdi, ingénieur à la direction provinciale des eaux et forêts et de la lutte contre la désertification à Kénitra a souligné que cette couverture forestière est formée, à son tour, de « Genévrier de Phénicie », qui constituent des arbres rares au niveau national et international, car ils ne se trouvent que dans cette région, ainsi qu’une série de plantes qui contribuent à la biodiversité de la zone.
Ces caractéristiques font du lac de Sidi Boughaba une zone qui mérite l’attention des autorités compétentes, qui déploient de nombreux efforts pour sa préservation, avec le soutien des associations de la société civile, ainsi que des forces de sécurité, étant donné que des patrouilles de police veillent à la sécurité de ce patrimoine.
M. Ajdi a exprimé son optimisme, en marge de la commémoration de la journée mondiale des zones humides (2 février), quant à la situation du lac, en dépit d’un certain nombre de comportements qui nuisent à cette réserve naturelle, tels que les déchets et l’exploitation intensive des eaux du lac par les agriculteurs riverains.
Selon M. Ajdi, le Maroc maintient sa position de deuxième pays du bassin méditerranéen en termes de diversité biologique, avec environ 24.000 espèces animales et 7.000 espèces végétales, notant qu’il existe plus de 600 espèces animales menacées d’extinction, comme l’oiseau « au cou vert » qui se trouve au lac de Sidi Boughaba, en plus de 1.700 espèces de plantes, qui sont également menacées par des facteurs humains, a-t-il déploré.
Il a, en outre, souligné que ce lac reste une destination préférée des oiseaux migrateurs provenant du nord de l’Europe vers le Maroc, renforçant sa position dans la convention de Ramsar que le Maroc a rejoint en 1980.
La convention de Ramsar, officiellement Convention relative aux zones humides d’importance internationale, particulièrement comme habitats des oiseaux d’eau, aussi couramment appelée convention sur les zones humides, est un traité international adopté le 2 février 1971 pour la conservation et l’utilisation durable des zones humides, qui vise à enrayer leur dégradation ou disparition, en reconnaissant leurs fonctions écologiques, ainsi que leur valeur économique, culturelle, scientifique et récréative.
Cette convention comprend actuellement 38 sites marocains, sachant que le Royaume compte plus de 84 zones humides classées et protégées par le Haut-Commissariat aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification. Une étude indique qu’il y a environ 300 sites sur une superficie de 400.000 hectares qui ont besoin d’être classés.
Le haut-commissariat aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification ambitionne d’enregistrer 30 nouveaux sites dans la Convention de Ramsar d’ici 2024, afin de mettre en œuvre 60 plans pour l’aménagement et la gestion des zones humides prioritaires et de sensibiliser 500.000 personnes annuellement dans le cadre du programme de relance de ces zones.
Dans ce même contexte, M. Ajdi a indiqué que la direction provinciale déploie des efforts pour préserver la qualité des lieux, à travers des structures telles que l’aménagement des voies sur les bords du lac, l’organisation de la circulation et du stationnement et l’intensification des opérations de surveillance, mettant en garde dans ce sens contre la prolifération des activités agricoles autour du lac.
La journée mondiale des zones humides, célébrée le 2 février de chaque année depuis 1997, vise à sensibiliser le grand public à l’importance des zones humides et célèbre l’anniversaire de la signature de la convention de Ramsar en Iran, par 157 pays, le 2 février 1971. Elle est célébrée cette année sous le signe « zones humides et diversité biologique ».