« Glider », un observatoire marin qui cartographie les côtes d’Al Hoceima
Par: Hicham EL MOUSSAOUI
Al Hoceima – Al Hoceima a connu, le 10 novembre dernier, le lancement du planeur sous-marin « Glider », une expérience unique dans le ud de la Méditerranée, qui vise à cartographier les côtes de la mer d’Alboran au large d’Al Hoceima, dans le cadre d’une étude scientifique qui durera plusieurs semaines, en vue de collecter des données pertinentes sur les propriétés de l’eau de mer de cette zone, son degré de pollution et sa biodiversité.
Cette opération pionnière, menée par l’Association de gestion intégrée des ressources (AGIR) et ses partenaires institutionnels marocains et étrangers, s’inscrit dans le cadre du projet « ODYSSEA » financé par l’Union européenne (UE), qui propose de lancer un réseau d’observatoires pour développer les systèmes d’observation et de prévision sur tout le bassin méditerranéen, couvrant à la fois la haute mer et la zone côtière.
Le planeur « Glider », construit dans le cadre du projet « ODYSSEA » avec la participation de 28 institutions de 16 pays, a pour objectif de partager les expériences et les expertises de toutes les institutions partenaires pour construire un seul appareil en leur faveur, réduisant ainsi le coût des recherches et études en sciences marines et océaniques.
Cet appareil est le premier du genre à sillonner les eaux du sud de la Méditerranée, et le deuxième dans le bassin méditerranéen, après celui lancé il y a plusieurs mois dans la mer Égée en Grèce.
Dans une déclaration à la MAP, le président de l’Association AGIR, Houssine Nibani, a souligné qu’il s’agit d’un dispositif doté d’une technologie de pointe, qui peut être considéré comme un « drone sous-marin », à faible consommation d’énergie et équipé de trois ensembles de capteurs de pointe, conçus pour donner des informations en temps réel sur les changements climatiques, la pollution du micro-plastique et les aspects biologiques, en terme de biomasse, plancton, méduses et cétacés.
M. Nibani a précisé que l’appareil est équipé de batteries au lithium qui le dotent d’une autonomie de plusieurs jours, estimant que le dispositif, qui peut cartographier de vastes zones du littoral, à différentes profondeurs dépassant parfois les 500 mètres, aurait parcouru plus de 100.000 hectares depuis son lancement.
Toutes les demi-heures, Glider envoie les données collectées au serveur qui lui est connecté. Lors de la navigation, l’appareil mesure la concentration de chlorophylle, la salinité et la température de l’eau, ce qui permettra d’évaluer l’effet du changement climatique sur cette zone de la Méditerranée.
Selon les premiers résultats de cette expérience scientifique, qui vise à fournir des informations inédites pour combler le vide de données maritimes du sud de la Méditerranée, M. Nibani a révélé que l’appareil a montré la présence de courants marins forts dans la mer d’Alboran, contrairement à la perception développée par les usagers de la mer dans cette zone.
Contrairement à la méthode traditionnelle de mesure de la concentration de microparticules de plastique dans l’eau de mer, le dispositif « Glider » dispose, pour la première fois au monde, de capteurs de pointe conçus pour connaître en temps réel le niveau de pollution de l’eau de mer par les déchets plastiques.
M. Nibani a souligné que cet appareil fournira une grande quantité d’informations, qui devront être évaluées et analysées, pour être exploitées ultérieurement dans les recherches scientifiques, estimant que ce projet contribuera à combler un grand vide dans le domaine de la recherche en sciences marines pour les pays du Sud.
Ces informations collectées contribueront à soutenir la recherche scientifique dans le domaine des sciences de la mer au Maroc, d’autant plus qu’elles concernent des zones plus vastes, contrairement aux laboratoires installées à bord de navires qui réalisent des recherches à des points précis.
M. Nibani a fait savoir que l’association constitue un centre d’accueil universitaire qui contribue à encadrer les recherches scientifiques en relation avec les études maritimes, relevant que l’association coopère actuellement avec environ 8 doctorants de l’Université Abdelmalek Essaâdi.
Outre le caractère scientifique et environnemental du projet, le président de l’association AGIR a noté que la base de données compilée peut également servir pour lancer des services au profit des usagers de la mer, tels que les compagnies maritimes, les ports et les pêcheurs, notamment en exploitant les données relatives à la force des courants marins, la hauteur des vagues et l’état des stocks halieutiques.
Ces recherches peuvent également contribuer à renforcer les services touristiques sur les plages de la Méditerranée marocaine, a-t-il poursuivi, notant qu’il est devenu possible d’établir des cartographies prédictives des populations de méduses, et d’anticiper ainsi leur propagation pour éviter leur impact négatif sur l’activité touristique pendant la saison estivale.
Concernant les ressources humaines, M. Nibani a assuré que le projet contribuera à la formation de jeunes cadres universitaires capables de suivre le rythme de la recherche en sciences marines, relevant que le capital humain joue un rôle important dans l’exploitation des informations recueillies.
Il a souligné que plusieurs cadres de l’Institut national de recherche halieutique et de l’Université Abdelmalek Essaâdi ont bénéficié de formations sur le traitement de ces données, saluant l’implication des partenaires institutionnels au Maroc, en vue de faciliter le lancement de cette expérience exemplaire dans le sud de la Méditerranée, qui devrait renforcer l’ouverture du Maroc à la recherche scientifique dans l’espace méditerranéen et avec les partenaires européens.
Il convient de noter que ce projet, mené en partenariat avec le département des Eaux et forêts, l’Université Abdelmalek Essaâdi et l’Institut de technologie des pêches maritimes d’Al Hoceima, devrait renforcer les activités scientifiques de l’Observatoire marin d’Al Hoceima, qui s’inscrit dans le sillage du programme de développement spatial « Al Hoceima, Manarat Al Moutawassit ».