Héliciculture : Une grande opportunité qui permet une double production
Rabat – Aux ruelles de l’ancienne médina, dans les vieux souks comme dans les grands boulevards, ils sont debout devant leurs charrettes et leurs gigantesques marmites en train de servir un bol aux amateurs de ce régal, qu’ils dégustent avec gourmandise. Ce sont les marchands d’escargot ou « l’babouch », un plat populaire à base de ce gastéropode cuit dans un bouillon épicé.
L’escargot n’est pas seulement un produit d’alimentation ou de gastronomie, son mucus et sa bave sont connus pour leurs vertus pharmaceutiques et cosmétiques, ce qui rend ce mollusque de plus en plus demandé.
« Au Maroc, la production d’escargots oscille entre 10.000 et 15.000 tonnes par an dont 80 à 85% sont exportées », a indiqué la présidente de la fédération interprofessionnelle de l’héliciculture (FIH) Nadia Babrahim dans une déclaration à la MAP, précisant que ces mollusques s’éparpillent sur plusieurs régions en l’occurrence Kénitra, El Jadida, Casablanca, le sud de la chaîne du Rif, ainsi que la vallée à l’Est de l’Atlas.
Le climat marocain est particulièrement propice pour l’héliciculture, s’est-elle félicitée notant que le cycle complet pour aboutir à des escargots à maturité pour la commercialisation dans notre pays est de 3 à 4 mois avec deux productions par an, alors qu’il est de 6 mois avec une seule production par an dans les autres pays comme la France.
La culture d’escargot est à encourager, étant donné qu’elle représente une grande opportunité de diversification et de renforcement des activités des agriculteurs marocains.
Il est prévu, dans ce cade, la mise en place de 10.000 unités d’élevage sur une surface d’élevage de 1000 hectares, permettant une production de 40.000 tonnes d’escargots par an pour un total d’investissement de 1 milliard DH (MMDH) pour un chiffre d’affaires annuel de 1,6 MMDH DH, a fait savoir Mme Babrahim.
« Partant du constat que la production de 40 tonnes d’escargot requiert 10 ouvriers agricoles et 40 ouvriers intérimaires, la création d’emplois devrait s’élever à 10.000 postes permanents et 40.000 intérimaires, entre 2017 et 2021 », a-t-elle estimé.
Un projet de contrat programme de développement de la filière hélicicole est en cours de finalisation en étroite collaboration avec les responsables du ministère de l’Agriculture et la Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural (COMADER), pour intégrer la filière dans le Plan Maroc Vert (PMV) et créer le cadre institutionnel pour le développement de la filière hélicicole.
En gastronomie, l’escargot se retrouve dans les salades, les tourtes, les feuilletés, les chaussons, et sous formes de brochettes, tandis que son caviar constitue un mets de choix dans le menu des restaurants de luxe.
La bave d’escargot, quant à elle, est utilisée en cosmétique pour les soins épidermiques puisqu’elle contient quatre éléments naturels indispensables au bon traitement de la peau, à savoir l’allantoïne, les peptides antimicrobiens, les enzymes et les glycoprotéines enzymatiques. Ces derniers permettent de régénérer la peau, amoindrir les cicatrices, soigner les brûlures, redonner de l’élasticité et de la souplesse à la peau, gommer les rides, les cellules mortes et réduire les vergetures.
La FIH s’assigne pour objectif d’associer les éleveurs, les commerçants, les exportateurs, les industriels, les coopératives et les associations œuvrant dans le secteur hélicicole, ainsi que de valoriser la production de l’escargot et ses dérivés.
– Par Zineb Janati-