L’hydrogène vert: Le Maroc poursuit sur sa lancée en 2020
Par: Samia Boufous
Casablanca – Le Maroc a poursuivi durant l’année 2020 son parcours sur sa lancée en matière de développement de la filière énergétique, particulièrement celle de l’hydrogène vert, communément appelée Power-to-X, laquelle constitue une source d’énergie écologique par excellence.
Forte de sa nature illimitée, stockable et décarbonée, cette molécule indispensable à la transition énergétique se veut plus que jamais une solution prometteuse et d’avenir pour le Maroc. Elle peut être transformée en électricité ou en carburant, représentant une alternative viable aux énergies fossiles qui demeurent encore largement la source d’énergie majeure de plusieurs sociétés.
Les atouts et potentialités du Royaume, notamment en termes de son mix énergétique, de sa stratégie de transition énergétique pertinente et de sa position géographique, lui ont permis de se hisser au rang des pays à fort potentiel pour devenir un champion du développement de cette industrie énergétique.
C’est ainsi qu’en 2020, en dépit du contexte sanitaire actuel liée à la propagation de la pandémie du nouveau coronavirus (Covid-19), moult actions ont été menées par le Maroc, dont la signature d’un accord avec l’Allemagne en juin dernier en vue de développer le secteur de la production d’hydrogène vert et à mettre en place des projets de recherche et d’investissement dans l’utilisation de cette matière, source d’énergie durable.
En vertu de cet accord, rappelons-le, l’Allemagne accompagnera le Royaume dans l’amélioration des conditions-cadres pour la production et l’utilisation de cette ressource verte et mettra en place des structures nécessaires à la réalisation de cette ambition et de la mise à disposition des recherches scientifiques avancées et des innovations du secteur.
A ce titre, deux premiers projets ont été identifiés, notamment le projet « Power-to-X » pour la production de l’hydrogène vert proposé par l’Agence marocaine de l’énergie solaire (Masen) et l’élaboration d’une plateforme de recherches sur « Power-to-X », le transfert des connaissances ainsi que le renforcement des compétences en partenariat avec l’Institut de recherche en énergie solaire et énergies nouvelles (IRESEN).
« La baisse des coûts des énergies renouvelables et l’abondance de sites marocains alliant un fort ensoleillement et des vitesses de vent élevées ouvrent de grandes opportunités pour produire de l’hydrogène et des dérivés sans CO2, qui serviront à décarboner plusieurs secteurs dans notre pays mais aussi à l’export », avait expliqué le directeur général de l’IRESEN, Badr Ikken.
Il avait, en outre, relevé lors d’un webinaire traitant des perspectives de développement de cette filière, que l’éolien jouera un rôle beaucoup plus important que le solaire comme source d’énergie propre, compte tenu des facteurs de charge qui peuvent atteindre jusqu’à 70%.
Un mois plus tard, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a plaidé, dans son rapport intitulé « Accélérer la transition énergétique pour installer le Maroc dans la croissance verte », pour la mise en place d’une nouvelle stratégie, dont les fondamentaux permettraient d’accélérer la transition énergétique et installer le Maroc dans la croissance verte, l’augmentation de la part de l’électricité verte dans le mix énergétique et l’encouragement de la production décentralisée et la digitalisation des services énergétiques.
L’année 2020 a aussi connu la création de la commission nationale d’hydrogène qui intervient dans le cadre de l’accélération du renforcement des capacités du Royaume en matière de développement technologique du secteur des énergies renouvelables, dans le but de faire du Maroc un des pays pionniers dans le domaine de la production des combustibles verts.
Sans oublier la création d’une commission scientifique issue de la commission nationale d’hydrogène, destinée à veiller sur l’élaboration de l’ensemble des orientations stratégiques pour la production de l’hydrogène et ses dérivés, à même d’identifier les projets pilotes pour la mise en œuvre de la feuille de route dédiée au projet de cette filière verte.
Dans le même sillage, l’Agence marocaine pour l’énergie durable (Masen) a décidé, en octobre dernier, d’aller plus loin dans le développement des énergies renouvelables au Maroc, en se penchant sur le développement d’un mégaprojet novateur pour créer une centrale hybride photovoltaïque/ éolienne, destinée à alimenter une usine d’hydrogène vert d’une capacité d’électrolyse d’environ 100 MW.
La réalisation de cette première installation de référence industrielle sur le continent africain, prendra en compte, les différents atouts du Maroc en termes de potentiel d’énergies renouvelables, d’infrastructures, de proximité avec les consommateurs internationaux et de l’existence d’un marché local potentiel.
Force est de constater que tous les astres sont alignés pour renforcer l’essor de cette industrie montante, d’autant plus que les perspectives à court et à moyen terme sont plutôt favorables.