Le recyclage au Maroc, un défi pour le citoyen (spécialistes)
Rabat – L’activité de recyclage au Maroc constitue un défi qui ne peut être relevé sans la contribution du citoyen et la multiplication des efforts de toutes les parties concernées (collectivités, ministères, ONG,…), selon des spécialistes convaincus que valorisation et réduction des déchets vont de pair.
Le secrétaire général de la Coalition pour la valorisation des déchets (COVAD), Hassan Chouaouta, a relevé à cet égard que le secteur du recyclage s’est développé d’une manière autonome au Maroc en marge du cadre législatif et institutionnel régissant la gestion des déchets solides municipaux.
Dans un entretien accordé à la MAP, l’expert en recyclage a noté que ce secteur ne peut aboutir aux résultats escomptés qu’avec la contribution de l’ensemble des partenaires concernés par la problématique des déchets, d’autant plus que chaque matière recyclée (plastique, papier, carton, verre, aluminium, bois, ferraille….) fait l’objet d’un mode de traitement spécifique.
M. Chouaouta, également président de l’Association marocaine des experts en gestion des déchets et en environnement (AMEDE), a cité la spécificité du recyclage des produits plastiques qui s’effectue à travers le système de régénération consistant à les transformer de l’état de bouteille ou flacon à celui de paillettes.
« Le recyclage de bouteilles et flacons, qui représentent environ 40% des emballages consommés, s’avère plus intéressant d’un point de vue économique », a-t-il dit.
Conditionnées en balles, les produits du plastique sont dirigés vers les différentes usines de recyclage. Plusieurs étapes sont nécessaires à ce niveau, à savoir broyage, lavage (pour enlever colle et étiquette), flottation (pour séparer le bouchon) et séchage, l’objectif étant de rendre ces produits réutilisables par les industriels (granulés, poudrettes, paillettes …), a-t-il expliqué.
Conscients de l’intérêt de l’activité du recyclage, les pouvoirs publics ont engagé plusieurs actions, notamment la mise en place d’une écotaxe sur le plastique visant à promouvoir le recyclage et la valorisation des déchets, dans le cadre de la réalisation des objectifs du Programme national des déchets ménagers (PNDM).
Pour ce qui est du recyclage du carton, M. Chouaouta a souligné l’utilisation massive des fibres recyclées dans la fabrication du papier-carton d’emballage, indiquant que la pâte recyclée à partir d’emballages de papier-carton récupérés est principalement utilisée dans la fabrication d’emballages industriels et ménagers.
Cette pâte peut servir également à la fabrication de papier absorbant, de cartons, de calage d’emballage ou dans certains articles de papeteries, selon l’expert qui relève que la consommation du papier et carton au Maroc a atteint 600.000 tonnes par an en 2015 avec un gisement disponible de 90%.
« Avec l’entrée en vigueur de la loi 77.15 interdisant l’utilisation des sacs en plastique, la consommation du papier et carton augmenterait d’au moins 120.000 tonnes par an, à partir de 2016″, a-il-estimé.
De son côté, le président de l’Association »Zéro déchet », Mamoun Ghallab, a affirmé que le développement des infrastructures de recyclage est essentiel, eu égard aux énormes stocks de déchets qui doivent être valorisés.
« Développer le recyclage sans inciter à la réduction des déchets en amont revient à traiter uniquement les symptômes du problème sans tenter de le traiter à la source », a souligné M. Ghallab.
Il a ainsi mis l’accent sur l’éducation et la sensibilisation des citoyens à la réduction de la production des déchets, ainsi que sur le rôle que peuvent jouer les industriels et les entreprises dans ce sens, en proposant aux consommateurs des produits avec moins d’emballages.
Cette prise de conscience citoyenne est en ligne avec les objectifs du Programme national des déchets ménagers (PNDM), élaboré par le ministère délégué chargé de l’Environnement et le ministère de l’Intérieur.
Ce programme, qui porte sur la période 2008-2022, vise particulièrement à appuyer les collectivités territoriales, qui demeurent responsables de la gestion du secteur des déchets ménagers, à développer la filière de « tri-recyclage-valorisation », à généraliser les plans directeurs de gestion des déchets ménagers et assimilés pour toutes les préfectures et provinces du Royaume et former, ainsi qu’à sensibiliser tous les acteurs concernés sur la problématique des déchets.
Le PNDM a également pour objectifs d’améliorer la gestion des déchets, d’atteindre un taux de recyclage des déchets de 20% à l’horizon 2020, à travers le développement des filières de recyclage et l’organisation de ce secteur.
Sur le plan juridique, la loi n° 28-00 relative à la gestion des déchets et à leur élimination stipule, entre autres, l’organisation de la collecte, du transport, du stockage, du traitement des déchets et de leur élimination de façon écologiquement rationnelle, ainsi que la valorisation des déchets par le réemploi, le recyclage ou toute autre opération visant à obtenir, à partir des déchets, des matériaux réutilisables ou de l’énergie.
Le recyclage des déchets ménagers au Maroc s’impose désormais comme une nécessité absolue et un challenge national qu’il faut relever par tous les acteurs de la société (citoyens, collectivités, ministères, ONG).