Le risque de disparition du palmier nain représente un enjeu écologique important
Rabat- Le risque de disparition du palmier nain (Chamaerops humilis ou Doum) représente un enjeu écologique important, ont averti, mardi à Rabat, des experts intervenant à la 11-ème édiiton du congrès national de l’Association marocaine de la protection des plantes (AMPP).
Cette espèce, qui se régénère naturellement après les incendies, est une espèce dite « nurse » du fait qu’elle favorise la régénération des couverts forestiers dégradés, ont souligné des représentants de l’association Sauvons nos palmiers (SNP) à un panel sur « Les ravageurs émergents des palmiers Rhynchophorus ferrugineus & Paysandisia archon ».
Grâce à la couverture extrêmement efficace de son feuillage et à son enracinement profond, le palmier nain crée en effet des peuplements préforestiers, où il peut même être dominant dans les cas de formations dites de matorrals, ont-ils expliqué.
Ces formations permettent la conservation d’un sol meuble, profond, frais, riche en humus doux et hébergeant une intense activité biologique et microbiologique. Elles assurent aussi la régénération des essences forestières caractéristiques des principales formations végétales méditerranéennes, ont-ils fait observer.
Le Chamaerops humilis a, également, un impact économique. Il a par, ailleurs, fait l’objet à l’époque coloniale d’une importante production industrielle, en tant que plante textile (principalement au Maroc et en Algérie), le crin végétal. Si cette industrie est tombée de nos jours en désuétude, le palmier nain demeure toutefois une source d’activités artisanales et de revenus dans de nombreuses régions de l’Italie, de l’Espagne et du Maghreb, ont-ils relevé, notant qu’il s’agit aussi d’un palmier ornemental de premier plan.
L’histoire de Chamaerops humilis témoigne de l’histoire géologique la plus ancienne du bassin méditerranéen. Il s’agit en effet d’un palmier autochtone de ces régions. Menacé d’éradication suite à l’arrivée du ravageur Paysandisia archon, ce palmier est un élément caractéristique de la biodiversité au niveau de tous les étages de végétation Infra, Thermo ou Méso méditerranéen.
Les principaux peuplements de Chamaerops humilis, indemnes d’infestation à ce jour, sont répertoriés dans l’ensemble de l’Afrique du Nord, de la Tunisie à l’Atlas marocain. Ils se rencontrent dans des situations climatiques très diversifiés humides, subhumides et semi- arides, chaudes, tempérées et parfois fraiches, et milieux très variés allant du bord de mer jusqu’à 2000m dans l’Anti Atlas, voire plus haut sur les rochers et falaises exposés au sud.
Du point de vue de la caractérisation biogéographique, seules deux variétés étaient classiquement admises, à savoir, la variété typique (Méditerranée centrale et occidentale) et la variété argentea (Maroc). Une étude génétique récente vient toutefois d’établir l’existence de quatre groupes distincts. Si les aires de répartition géographique de ces variétés s’excluent géographiquement, elles rentrent néanmoins en contact, notamment dans la zone située entre la portion méridionale du Moyen Atlas et le Plateau central de Khénifra où s’observent des peuplements mixtes.