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04 Nov

Delhi, déclarée chambre à gaz jusqu’à nouvel ordre

.- Par Driss HACHIMI ALAOUI-.

New Delhi – Ecoles fermées, vols déroutés, activités en plein air déconseillées. Une alerte à la pollution de l’air des plus inquiétantes dans la région de la capitale indienne Delhi, qui suffoque depuis plusieurs jours sous un épais smog qui a contraint les autorités à déclarer l’état d’urgence sanitaire.

Sous un ciel grisâtre enveloppé d’une brume toxique qui réduit même la visibilité, des millions de Delhiites ne respirent plus à plein poumon, alors que les piétons et les conducteurs d’auto-rikshaw (tuk-tuk) ont été contraints de porter des masques anti-pollution. Une ambiance urbaine désloante suite à la détérioration de la qualité de l’air à des niveaux record et qui a grimpé dimanche au pallier « Très dangereux ».

Ce pic suffoquant de la pollution, qui a obligé les autorités de l’aéroport international de Delhi de dérouter 39 vols vers d’autres aéroports voisins en raison de la faible visibilité, est dû à nombre de facteurs, notamment la circulation automobile infernale, les rejets industriels et les fumées des brûlis agricoles émanant des Etats voisins du Pendjab et d’Haryana, où les agriculteurs incinèrent les résidus des cultures du paddy comme moyen rapide et peu coûteux de préparer les champs aux cultures d’hiver.

La situation est tellement grave que le gouvernement local de Delhi a procédé à la fermeture des écoles et invité les habitants à rester chez eux autant que possible.

L’Institut indien pour l’énergie et les ressources (TERI) a appelé, dimanche, à la prudence et à éviter les déplacements non nécessaires pour réduire l’exposition à la pollution, comme il a exhorté les entreprises publiques et privées à autoriser leurs employés à utiliser les moyens de travail distant.

De même, les hôpitaux ont signalé une augmentation de 15 à 20% du nombre de patients se plaignant d’asthme et ses symptômes, en raison des niveaux périlleux de la pollution dans la région de Delhi.

Selon des statistiques officielles, le niveau actuel de pollution a atteint, dimanche à 13h00 locale, une concentration de particules fines PM2,5 de 810 microgrammes par mètre cube d’air, alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande de ne pas dépasser 25 en moyenne journalière.

Pour l’heure, des mesures, si peu modestes qu’elles soient, ont été prises par le gouvernement central afin d’atténuer l’effet de la pollution dans la capitale indienne.

Du 4 au 15 novembre, la circulation alternée entrera en vigueur et les véhicules ne pourront circuler qu’un jour sur deux selon les chiffres paires-impaires des plaques d’immatriculation.

Cette mesure exclut les véhicules à deux roues et les voitures conduites par des femmes ou ne transportant que des femmes, des écoliers et les véhicules électriques.

Le métro de Delhi a annoncé qu’il effectuerait 61 voyages supplémentaires chaque jour, ce qui porterait le nombre total de voyages quotidiens à 5 100 avec 294 trains.

Et pour mettre fin à l’incinération du chaume au Pendjab et au Haryana, qui serait la principale cause de la pollution de l’air dans la région de la capitale nationale, le gouvernement a procédé récemment à la construction de la première usine indienne spécialisée dans la transformation de la paille de riz en biogaz à Karnal, dans l’Etat de Haryana (nord).

En moyenne, environ 70 à 80 millions de tonnes de paille de paddy sont brûlées chaque année au Pendjab, dans le Haryana et dans l’ouest de l’Uttar Pradesh, ce qui affecte considérablement la qualité de l’air dans la partie nord du pays.

Non seulement l’air de Delhi qui est devenu toxique, mais l’ambiance politique aussi. Lors d’une conférence de presse tenue, dimanche, à Delhi, le parti Aam Aadmi qui dirige l’assemblée du Territoire de l’Union de Delhi a pointé du doigt le Bharatiya Janata Party (BJP) et le parti du Congrès, en tête respectivement des assemblées de l’Haryana et du Pendjab, et dévoilé des cartes montrant la poursuite de l’incinération du chaume dans les deux Etats tout en déplorant l’inaction présumée des deux partis.

De leur part, les dirigeants du Congrès ont accusé le ministre en chef, Arvind Kejriwal, de n’avoir rien fait pour réduire la pollution atmosphérique dans la capitale.

A l’heure qu’il est, les tiraillements politiques continuent, alors que la situation est des plus alarmantes à Delhi dont le niveau de pollution équivaut pour chaque habitant la consommation de 33 cigarettes par jour, selon des experts.

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