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29 Mai

Incendies de forêts : la mobilisation et la vigilance de mise à Essaouira pour une saison estivale sans incidents

Par Samir Lotfy

Essaouira-Disposant d’un patrimoine forestier indéniable qui constitue le poumon d’une région stratégique du Royaume, avec un impact  »satisfaisant » en termes de protection de la biodiversité et d’atténuation des effets climatiques, la province d’Essaouira fait de la vigilance et de la mobilisation son cheval de bataille pour prévenir les incendies de forêts, notamment à l’approche de l’été considéré comme « une saison à haut risque ».

Avec une superficie totale de 633.000 Ha, dont 275.371 Ha comme patrimoine forestier, un taux de couvert forestier de 43% et 130.498 Ha de forêts dites  »sensibles » aux incendies, il était tout à fait logique pour la Direction provinciale des Eaux et Forêts et de la Lutte Contre la Désertification (DPEFLCD) d’Essaouira et ses différents partenaires (autorités locales, Gendarmerie Royale, protection civile, Forces Armées Royales…) de placer la prévention et la lutte contre ce phénomène au coeur de ses priorités et de sa stratégie annuelle.

Cette importance liée à la protection de la forêt et sa valorisation tient également aux rôles multiples que joue cet espace vital d’un point de vue social, économique, voire même écologique, notamment la protection contre l’érosion du sol, la lutte contre la désertification, l’organisation du cycle hydrique, et l’offre d’un véritable espace de biodiversité.

Néanmoins, l’espace forestier présente de plus en plus des signes de vulnérabilité et de fragilité en raison de la faiblesse de la chaîne de production et d’investissement, la fragilité des écosystèmes, une urbanisation galopante et la pression exercée par certaines activités comme le tourisme, un boom démographique effréné, les incendies, et la déforestation, entre autres.

Selon les données de la DPEFLCD d’Essaouira, le nombre de forêts les plus exposées aux incendies au niveau de la province est estimé à 47, soit un total de 130.498 Ha, sachant que le degré de sensibilité d’une forêt aux incendies se trouve lié à plusieurs facteurs, notamment les espèces forestières, la densité des arbres et du couvert végétal, la proximité des espaces d’habitation et par rapport aux axes routiers les plus empruntés.

En chiffres entre 2000 et 2018, le nombre d’incendies de forêts enregistré au niveau de la province s’est élevé à 101, soit 700 Ha de superficie brûlée, dont 15 incendies enregistrés en 2004 (24,87 Ha incendiés), 22 incendies en 2010 (234 Ha, dont 110 Ha à la forêt de thuya à Essaouira), 11 incendies en 2011 (233 Ha dont 124 Ha à Jbel Ihchach), 4 incendies en 2013 (15,5 Ha), et 3 incendies en 2018 (14 Ha).

Approché par la MAP, M. Abdelali Oumouhab, directeur provincial des Eaux et Forêts, a expliqué que les incendies de forêts sont dus généralement à des facteurs naturels comme les tonnerres, mais aussi à des facteurs humains engendrés par l’insouciance et la négligence, ou encore des comportements négatifs, voire des actes prémédités tels le désir d’étendre des superficies cultivées au détriment du patrimoine forestier, notant l’existence également de plusieurs facteurs derrière la propagation des feux, entre autres, la typologie des forêts, l’état annuel de la pluviométrie, la vitesse et la direction du vent, et la topographie de la zone.

Et de faire observer que dans le cadre de sa mobilisation permanente pour prévenir et lutter efficacement contre les incendies de forêts, la DPEFLCD veille à la mise en oeuvre d’une stratégie bien réfléchie et pragmatique, basée sur 4 piliers fondamentaux à savoir : la communication et la sensibilisation, le débroussaillement et nettoiement, la coordination avec l’ensemble des services concernés, et enfin la mise en place du dispositif de prévention et de lutte contre ce fléau.

Chiffres à l’appui, M. Oumouhab a passé en revue l’ensemble du matériel et des équipements mobilisés ainsi que les mesures prises par la DPEFLCD pour prévenir et lutter efficacement contre les incendies de forêts, notamment l’implantation des guetteurs d’incendies (40 au total), des tours de contrôle d’incendies, la réalisation de 66 tranchées pare-feu couvrant une superficie forestière de 95.076 Ha, et l’installation de points d’eau de ruissèlement.
Et de préciser que pour l’année en cours, une batterie de mesures sont adoptées, dont la distribution d’équipements légers d’extinction des feux au niveau des centres et secteurs forestiers, la tenue de réunions avec les membres du comité provincial de coordination, l’activation des comités locaux de veille et d’intervention, et l’établissement de la permanence à partir du 1er juin au 30 septembre prochain dans l’ensemble des unités de gestion.

Au rang de ces mesures figurent également l’organisation de campagnes de sensibilisation au niveau des communes, des souks hebdomadaires, et des lieux d’habitations sur les mesures de prévention à prendre durant la saison d’été, ainsi que sur l’alerte, la mobilisation et la lutte contre les incendies de forêts, en coordination avec les autorités et les communes locales, et l’interdiction de la fabrication du charbon de bois durant cette période, outre la syviculture et la conduite du peuplement des forêts sur une superficie de 2.000 Ha.

Pour M. Oumouhab, la vigilance s’impose parce que la problématique des incendies de forêts est devenue une préoccupation majeure, qui s’accentue avec l’augmentation de la vulnérabilité des écosystèmes forestiers, notamment face aux changements climatiques et à l’accroissement du nombre des départs de feu.

Il a, dans ce sens, tenu à rappeler que la province d’Essaouira a connu plusieurs incendies par rapport à d’autres provinces, notant qu’en raison de son couvert végétal, la province d’Essaouira a été aussi classée comme étant l’une des zones  »les plus sensibles », et nécessitant un effort supplémentaire en matière de prévention des incendies de forêts d’où, a-t-il expliqué, la mise en place d’un programme important en termes d’équipements et d’infrastructures dédiés à la prévention et à la lutte contre ces incendies.

 »Néanmoins, le nombre conséquent d’incendies survenus sur le territoire de la province, a permis d’acquérir une certaine expérience et de capitaliser les acquis auprès des différentes structures concernées », a estimé M. Oumouhab, insistant sur la nécessité d’accorder une importance capitale à la sensibilisation de la population et de la société civile afin d’éviter au maximum le risque d’éclosion du feu, tout en veillant à doter les communes rurales à fort risque d’incendie de matériels adéquats afin de parvenir à maîtriser un éventuel feu à temps très court.

Le responsable a mis en avant l’importance et la pertinence d’une bonne organisation, collaboration et coordination en tant que facteurs clés pour assurer un échange fluide et efficace d’informations et une mise en synergie des moyens des différents partenaires.

In fine, la prévention des incendies de forêts relève de la responsabilité quotidienne de tout un chacun et ce, à travers l’adoption d’un comportement citoyen, car la forêt est un  »bien commun » qu’il appartient à tous de préserver jalousement pour les générations montantes.

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