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29 Mar

L’amélioration des conditions sanitaires des populations urbaines ou rurales est tributaire des conditions d’évacuation des eaux usées (responsable)

Rabat – L’amélioration des conditions sanitaires des populations urbaines ou rurales ne dépend pas uniquement de la qualité de l’eau utilisée pour la boisson, mais également des conditions d’hygiène du milieu, notamment des conditions d’évacuation des eaux usées, a souligné, jeudi à Rabat, le Président de l’Association nationale des améliorations foncières de l’irrigation, du drainage et de l’environnement (ANAFIDE), Aziz Fertahi.

S’exprimant à l’ouverture d’un séminaire sur les systèmes d’assainissement liquide au Maroc et potentialités de réutilisation des sous-produits d’assainissement, organisé conjointement par l’ANAFIDE, l’Institut agronomique et vétérinaire Hassan II (IAV Hassan II) et l’Office National de l’Eau et de l’Electricité (ONEE)- Branche Eau, M. Fertahi a affirmé que « le développement de l’alimentation en eau potable à l’échelle nationale a un corollaire en termes de rejets d’eaux usées qui doivent être évacuées et traitées convenablement avant leur retour dans le milieu naturel afin de préserver les ressources en eau notamment la qualité des cours d’eau, des zones de baignade et des eaux souterraines ».

Il a, également, rappelé qu’en milieu urbain et compte tenu du retard enregistré dans ce secteur au début des années 2000, les pouvoirs publics ont instauré, depuis 2006, le Programme national de l’assainissement liquide et d’épuration des eaux usées (PNA) pour une enveloppe de 43 milliards de dirhams (MDH). « Il s’agit d’un cadre d’engagement de l’Etat, qui se fixe d’atteindre à l’horizon 2020 un taux de raccordement global aux réseaux d’assainissement de plus de 80% en milieu urbain, et rabattre la pollution d’au moins 60% », a-t-il noté.

M. Fertahi a, par ailleurs, fait observer que « l’assainissement en zones rurales n’a pas connu de programme spécifique et les projets réalisés à ce jour ont été concrétisés soit à travers des efforts propres des communes ou bien réalisés dans le cadre du PNA, soulignant que les techniques d’assainissement à adopter (assainissement individuel, collectif et semi-collectif), ainsi que le financement et la gestion du service d’assainissement devraient tenir compte des caractéristiques des centres ruraux (mode d’habitat groupé, semi groupé ou dispersé et du type d’habitat dur ou pisé).

De son côté, le directeur adjoint de la recherche scientifique et la formation doctorale à l’IAV Hassan II, Mohamed Bouslikhane, a indiqué que depuis les années 70, l’IAV a toujours accordé une place de choix à la question de l’eau et aux problématiques d’assainissement liquide, d’épuration des eaux usées et de leur réutilisation, notamment en agriculture.

S’agissant du séminaire, il a précisé qu’il va de pair avec les activités phare de l’établissement en matière de gestion intégrée de l’eau qui implique à la fois le volet de protection de l’environnement. « Il s’agit d’une thématique qui a toujours occupé les enseignants chercheurs spécialistes en la matière en étroite collaboration avec l’ANAFIDE », a noté le directeur adjoint.

« L’intérêt porté sur cette thématique se manifeste clairement dans le cursus de formation ingénieur, dans la formation doctorale et dans la qualité et la pertinence des thèmes de recherche. Il est de même pour la formation continue et la Formation Master Professionnel en management et ingénierie des services d’eau d’assainissement et des déchets », a fait savoir M. Bouslikhane.

Il a, en outre, souligné que l’IAV dispose, depuis les années 80, d’une station expérimentale d’épuration des eaux usées, que le département Eau et environnement continue à gérer.

Pour sa part, Mme Ehssan El Meknassi, chef du service de planification des ressources hydro-agricoles au ministère de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, a indiqué que la raréfaction des ressources en eau conventionnelles, conjuguée à une pression accrue entre les différents usages, font que le recours à la réutilisation des eaux usées devient indispensable.

« En effet, les eaux usées constituent une opportunité pour réduire les déficits et la pression sur ces ressources », a-t-elle dit, notant que le défi à relever à l’avenir est de valoriser ces ressources à travers une planification intégrée, qui tient compte aussi bien des risques sanitaires que de la durabilité des projets agricoles.

Mme EL Meknassi a, dans ce sens, souligné que le Plan Maroc Vert (PMV) adopté en 2008, a mis en exergue des déficits hydriques structurels dans la plupart des grands bassins de production agricole et a considéré la raréfaction des ressources en eau comme une contrainte majeure au développement de l’agriculture.

« Pour faire face au défi de la raréfaction des ressources en eau, le PMV et la Stratégie Nationale de l’Eau considèrent la mobilisation des ressources en eau non conventionnelles notamment le dessalement de l’eau de mer et la réutilisation des eaux usées traitées comme une ressource complémentaire pouvant contribuer à atténuer les déficits hydriques locaux », a-t-elle signalé, précisant que le ministère a élaboré, en concertation avec les acteurs de ce domaine, un plan directeur pour la réutilisation des eaux usées traitées en irrigation, dont l’objectif est de promouvoir l’usage de cette ressource.

Mme Mahjouba Bourziza, Chef de la division de planification à l’ONEE – Banche eau, a, quant à elle, affirmé que l’accès à un système d’assainissement amélioré fait partie intégrante des objectifs millénaire des nations unies pour le développement durable, à travers l’Objectif de développement durable (ODD) 6 portant sur l’eau et l’assainissement, et plus particulièrement sur la réduction de la moitié de la proportion d’eaux usées non traitées et l’augmentation sensible du recyclage et de la réutilisation sans danger de l’eau à l’échelle mondiale.

Tout en saluant les efforts consentis par le Maroc en matière d’assainissement, elle a appelé à la nécessité et « au besoin d’innovation aussi bien au niveau des mécanismes de financement qu’au niveau des pays du sud et de changer de paradigme en passant de la notion selon laquelle l’eau utilisée est un déchet à éliminer, à la perception des eaux usées comme une ressource ».

Au programme de cette manifestation scientifique figurent des interventions autour des aspects institutionnels, réglementaires et financiers de l’assainissement liquide, des aspects techniques et valorisation des produits de l’assainissement, y compris les potentialités de réutilisation des eaux usées au Maroc, de la réutilisation des eaux usées épurées en agriculture et la gestion des boues des stations d’épuration.

 

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