ActualitésUSA: Après dix-sept ans sous terre, des milliards de cigales pointent le bout du nez

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06 Mai

USA: Après dix-sept ans sous terre, des milliards de cigales pointent le bout du nez

Washington – Une espèce de cigale propre aux Etats-Unis, dite « périodique », s’apprête à émerger par milliards du sol où elle a résidé pendant deux décennies, offrant une occasion unique de profiter d’un phénomène naturel dont la rareté suscite l’émerveillement des grands comme des petits.

Ce printemps, Washington DC sera, selon les experts, l’épicentre de cette éruption massive qui concerne, tous les 17 ans à la mi-mai, le long de la côte Est et du Midwest du pays. Le moment exact où les cigales atteindront la surface dépendra de la météo, mais l’ampleur et la portée de cette invasion d’insectes captivent déjà les médias nationaux et les habitants de la région.

Ainsi, au cours des prochaines semaines quand la température du sol atteindra quelque 18 degrés Celsius, chaque cigale de cette couvée mue sortira de sa cachette sous terre, perdra sa peau et chantera pendant un mois, des chants aussi fort que 100 décibels, même intensité qu’un marteau-piqueur, dans une bruyante chasse aux partenaires.

« C’est un événement assez important, nous parlons de trillions de cigales qui vont émerger, chanter, appeler et trouver des compagnons dans votre jardin, » a déclaré à CBS News Jessica Ware, entomologiste au Musée américain d’histoire naturelle.

Les Etats-Unis comptent plus d’une douzaine de couvées connues de cigales, classées selon le moment où elles émergent du sol. Brood X est considérée comme l’une des plus grandes et fait son apparition comme une horloge toutes les 17 années.

Néanmoins, une fois sorties, le temps ne joue pas en faveur des cigales, a précisé Mme Ware, notant que ces dernières avaient une « horloge courte » d’environ trois ou quatre semaines pour trouver un partenaire et pondre leurs œufs avant de mourir.

L’experte a, par ailleurs, assuré que ces créatures aux ailes de dentelle « ne causent aucun mal aux humains. Elles ne posent même pas vraiment de tort à votre jardin. Leur objectif est vraiment de se retrouver, de s’accoupler et ensuite de former les prochaines générations de cigales ».

En effet, « même si elles ne représentent pas une menace pour nous, les humains constituent une menace pour elles. L’étalement urbain et le sur-développement ont détruit des populations entières de cigales », a fait savoir Mme Ware, ajoutant qu’en « raison du réchauffement climatique, des cigales périodiques émergent entre une semaine et un mois plus tôt qu’il y a quelques décennies, ce qui pourrait même réduire le nombre d’années pendant lesquelles ils restent sous terre ».

En dépit de la nuisance sonore qu’ils peuvent causer aux habitants de la région, ces insectes, qui constituent une excellente source de protéine, deviendront un régal pour de nombreuses autres créatures, comme les oiseaux, les animaux du zoo national, les animaux de compagnie, et même certains humains courageux.

Selon les chercheurs, l’émergence des cigales périodiques changerait la dynamique des populations de prédateurs comme les oiseaux et alimenterait même la croissance de certaines plantes et arbres. Quelques uns de ces effets semblent durer pendant des années même.

Selon Walt Koenig, ornithologue à l’Université Cornell et zoologiste de recherche à l’UC Berkeley, l’éruption des cigales périodiques est suivie d’une augmentation de nombreuses populations de prédateurs aviaires apparents.

Une étude, co-rédigée par Koenig et basée sur 37 ans de données démographiques pour 24 oiseaux prédateurs, a démontré que les émergences de cigales ont impacté et ce, de manière significative près des deux tiers d’entre eux. Huit espèces, dont le pic rousse et le quiscale commun, ont vu leur population augmenter de 10%, en moyenne, à la suite de l’éruption de la couvée, un accroissement « vraisemblablement attribuable à un taux de survie élevé ou à un succès reproducteur ».

D’autres analyses d’observation révèlent que les cigales mortes fertilisent le sol forestier et peuvent augmenter la taille des arbres des années plus tard, bien qu’en général, elles tendent à montrer des résultats mitigés.

Nombre de chercheurs s’accordent à dire que les cigales périodiques ont un effet négatif sur les arbres, étant donné qu’elles parasitent pendant de longues années leurs racines, les délestant des nutriments nécessaires à leur croissance. Cependant, les experts ignorent toujours l’ampleur de ces effets et leur durée exacte.

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