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19 Nov

A Béni Mellal-Khénifra, la nouvelle campagne agricole s’annonce plutôt difficile

Béni Mellal – La propagation de la pandémie du Covid-19 au cours de la saison agricole actuelle et l’accentuation du stress hydrique sont deux signes forts qui font craindre les agriculteurs de la région Béni Mellal-Khénifra qui s’attendent, malencontreusement, à une nouvelle campagne agricole qui s’annonce plutôt difficile.

La baisse des ressources en eau, constitue, de ce fait, l’un des plus grands défis auxquels est confronté le secteur agricole dans le périmètre de l’Office Régional de Mise en Valeur Agricole de Tadla (ORMVAT) dans la mesure où la campagne agricole 2020-2021 sera lancée, encore une fois, sous le poids de la pandémie du Covid-19 qui continue de frapper de plein fouet le monde agricole mais également sous le signe du manque de précipitations, qui jusqu’au 15 novembre, n’ont pas dépassé 46 mm.

Selon les données en ligne de l’Agence du Bassin Hydraulique de l’Oum Er Rabia, le taux de remplissage du barrage de Bin El Ouidane ne dépasse pas 22%, celui de Hassan 1er 17,3%, alors que le taux de remplissage du barrage Ahmed Al Hansali s’établit à tout juste 12,6% jusqu’à la date du 30 septembre.

La situation pluviométrique dans la zone d’action du Bassin Hydraulique de l’Oum Er Rabia a enregistré un grand déficit avec seulement 02 mm de pluies enregistrées durant la période allant du 1 au 30 septembre 2020 dans le haut Oum Errabia, soit moins de 89% par rapport à la moyenne, qui est de 18 mm.

Même chose pour Oum Errabia central, dont les précipitations ne dépassent pas 5 mm, soit moins de 86% par rapport à la saison écoulée au moment où les précipitations à Oued El Abid ont atteint à fin septembre 04 mm, soit moins de 81% de la moyenne, qui est de 20 mm.

Hormis cette situation, le manque de pluies s’est considérablement reflété sur les apports en eaux des barrages. Ainsi, le barrage de Bin El Ouidane (1.215,5 Mm3) ne dépasse pas à la date du 30 septembre 2020, 268 millions de mètres cubes soit à peine 21% de son taux de remplissage.

Pour le Barrage Ahmed El Hansali, qui a une capacité normale de réserves de 668 millions de m3, a enregistré à fin septembre 84.4 Mm3. Une situation pour le moins alarmante qui se reflète également sur le barrage d’Al Massira dont le volume normal est de 2657 millions de mètres cubes, et qui est au ralenti avec seulement 360 millions m3 à fin septembre.

Toutefois, les activités agricoles ne se sont pas arrêtées et les unités de production poursuivent leurs activités dans la normalité au niveau de la région qui table sur une augmentation notable de la production de plusieurs de ses filières, grâce à l’appui des services agricoles de la région qui ont pris plusieurs mesures d’accompagnement, notamment la mise en place de mécanismes rigoureux pour la distribution d’eau en plus du renforcement des mesures de contrôle et de suivi pour la protection des plants comme priorité de la région.

La région veut surtout « porter secours » à certaines cultures dites stratégiques comme la betterave sucrière et certaines filières agricoles.

Mais en dépit du stress hydrique et de ses aléas, les efforts qui ont été déployés au niveau de la région laissent présager, en contrepartie, une augmentation de la production de plusieurs de ses filières, qui sont entrées en phase de récolte, et qui laissent prévoir une hausse significative de 30% pour les agrumes par rapport à la saison écoulée, avec une production totale estimée à 500.000 tonnes.

La production d’olives devra connaître une hausse de 25% au cours de la saison agricole 2020-2021 par rapport à la saison précédente, avec une production estimée à 250.000 tonnes au moment où la production de grenades connaîtra une augmentation significative estimée à 53 mille T, avec une amélioration de la qualité du produit en raison de l’appui des agriculteurs en irrigation localisée au cours de la saison agricole 2019-2020.

Dans une déclaration à la MAP, le directeur régional de l’Agriculture, Hassan Rahaoui, a souligné que de nombreuses mesures ont été prises pour créer les conditions propices au succès de la campagne agricole dans l’espoir d’une amélioration des conditions climatiques dans la région.

En ce qui concerne la filière de production de la betterave sucrière, ces mesures consistent à ouvrir des points de distribution des facteurs de production aux producteurs dans les différents centres agricoles et les centres du conseil agricole à partir de septembre.

Parmi les mesures prises, figurent également, la délimitation de la superficie programmée en fonction de la quantité d’eau qui sera distribuée aux périmètres de Béni Moussa et de Béni Amer, avec l’engagement des producteurs à poursuivre l’irrigation avec leurs propres moyens en cas de pénurie ou d’interruption des eaux d’irrigation de surface.

En ce qui concerne la phase de plantation de betteraves sucrières, M. Rahaoui a fait savoir qu’à la date du 17 novembre, les facteurs de production ont été répartis sur une superficie de 9.000 hectares avec la plantation d’une superficie d’environ 8.000 hectares de betteraves sucrières.

Quant à la filière céréalière d’automne, le responsable régional fait remarquer que 44 points de vente de semences et d’engrais sélectionnés ont été ouverts au niveau de la région Béni Mellal-Khénifra en consacrant une part de 150.000 quintaux de semences sélectionnées à la région.

Par ailleurs, les prix de vente des semences sélectionnées selon les variétés ont été fixés au titre de la campagne agricole 2020-2021, a ajouté M. Rahaoui, relevant que le prix du quintal de blé dur subventionné est de 200 dirhams, celui du quintal de blé tendre à 175 dirhams, au moment où le prix du quintal d’orge se stabilise à 325 dirhams.

Il a également souligné que malgré les conditions climatiques difficiles qui ont caractérisé l’année 2020 et la situation sanitaire particulière imposée par la propagation de la Covid-19, la production de certaines filières entrées en phase de récolte s’attend à de très bons rendements.

Dans ce sens, la production d’agrumes devrait augmenter de 30%, soit une production estimée à 500.000 tonnes, a expliqué le responsable régional rappelant que cela est dû à l’effet des températures relativement modérées qui ont coïncidé avec les périodes de floraison et de formation des fruits.

« On s’attend également à ce que la production d’olives augmente de 25% pendant la saison agricole 2020-2021 et à une production de 250.000 tonnes, en raison de nombreux facteurs, dont le plus important est les précipitations en avril et mai, qui ont eu un impact positif sur la croissance et l’évolution des fruits », a dit M. Rahaoui.

Toutefois, et afin d’assurer un approvisionnement normal des marchés locaux et nationaux et dans le but de répondre aux besoins de consommation, le directeur régional de l’agriculture a indiqué que l’ORMVAT travaille actuellement sur l’élaboration d’un plan d’action pour les légumineuses d’automne, en tenant compte des économies d’eau et des conditions climatiques fluctuantes de la saison d’automne.

Pour sa part, Said Nourzine, propriétaire d’un domaine agricole à Fqih Ben Salah, a fait savoir qu’en dépit de la situation difficile induite par le stress hydrique, l’agriculture au niveau de la province de Fqih Ben Salah n’a pas été fortement impactée en raison du système d’irrigation goutte à goutte qui a beaucoup contribué à l’amélioration de la situation.

M. Nourzine a fait savoir que les opérations de préparation des sols ont débuté avant le semis et la plantation, déplorant toutefois les conditions climatiques difficiles et le manque des précipitations qui ont beaucoup impacté la nappe phréatique.

Par ailleurs, la filière du lait au niveau de la région a permis la création de plus de 3,5 millions de jours de travail dans les exploitations agricoles, les unités de valorisation et de production du lait, en plus de contribuer à créer un essor commercial important avec un nombre de transactions dépassant 1,4 milliard de dirhams par an. La filière du lait est considérée comme l’une des plus importantes avec une production de plus de 425 millions de litres par an, soit 16% de la production nationale.

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