ActualitésAprès la pluie, le beau temps risque de tarder…en Indonésie

Actualités

08 Oct

Après la pluie, le beau temps risque de tarder…en Indonésie

.-Par: Nadia El Ahmar-.

Jakarta – La saison des pluies n’est pas toujours la bienvenue en Indonésie, un archipel au climat équatorial où l’abondance des précipitations, conjuguée à des phénomènes météorologiques extrêmes, peut faire autant de bien que de mal.

A cette période de l’année qui s’étale d’octobre à avril, des glissements de terrains, des inondations ou même des tsunamis sont très récurrents dans ce pays, où chaque famille déplore, selon les statistiques nationales, au moins un mort à cause des catastrophes naturelles précitées.

L’impact du changement climatique sur les flux pluviaux n’est plus à démontrer. C’est le cas de la Niña, un phénomène climatique qui vient aggraver dangereusement la situation dans l’archipel.

Selon l’Agence indonésienne de météorologie, de climatologie et de géophysique (BMKG), la Niña pourrait faire augmenter les précipitations accumulées en Indonésie jusqu’à 40%, tout en provoquant des averses orageuses qui peuvent dégénérer en des inondations monstres.

« En octobre et novembre, une augmentation des précipitations pourrait se produire dans toutes les régions indonésiennes à l’exception de Sumatra, tandis que de décembre à février 2021, de fortes pluies pourraient éventuellement se poursuivre dans les provinces de Kalimantan, Sulawesi, des Moluques et en Papouasie », a averti la BMKG dans un communiqué publié en début d’octobre.

De son côté, le directeur adjoint de la climatologie au sein de la même agence qui ne porte qu’un seul patronyme comme nombre d’Indonésiens, Herizal, a fait savoir que le refroidissement significatif des températures de surface de la mer dans l’Océan Pacifique a tendance à provoquer des conditions météorologiques extrêmes en Indonésie, déclencher de fortes pluies et entraîner, par conséquence, des inondations et des glissements de terrain.

Même son de cloche chez le responsable de l’analyse de la variabilité climatique au sein de la BMKG, Indra Gustari, qui a souligné qu’à cause de la Niña, la concentration et la densité des nuages dans l’Océan Pacifique ne ​s’intensifient pas seulement mais se déplacent vers l’Indonésie et ses environs, pour entraîner, par la suite, des précipitations diluviennes.

Et de préciser que si le phénomène El Niño est associé au réchauffement de la partie centrale et orientale de l’océan Pacifique tropical, la Niña, elle, représente tout à fait le contraire mais risque de coûter cher à l’Indonésie, surtout durant la saison de la mousson.

Ainsi, en prévision des risques potentiels liés aux intempéries lors de cette période humide de l’année, une alerte météorologique a été ainsi lancée. Les gouvernements locaux et les agences connexes sont appelés à optimiser leurs systèmes intégrés de gestion de l’eau, de l’amont à l’aval, en contrôlant la capacité d’écoulement des rivières et des canaux pour gérer tout ruissellement excessif qui pourrait découler des eaux pluviales.

A toutes ces menaces, la fragilité du sol indonésien vient s’ajouter. Formé par la convergence de trois grandes plaques tectoniques (indo-pacifique, eurasienne et australienne), le pays des 17.000 îles est situé sur une croûte terrestre volcanique et sismique dont la vulnérabilité ne cesse d’augmenter spécialement en période de mousson où le risque de submersion de centaines parties de cet État insulaire est aussi accru que visible.

C’est le cas de la partie nord de la capitale indonésienne qui, selon des études scientifiques, pourrait passer sous le niveau de la mer à l’horizon de 2050, étant donné que le sol de ladite zone recule, en moyenne, de 1 à 15 centimètres chaque année. Ceci dit, une nette accélération a été constatée au cours de la dernière décennie.

Et ce n’est pas tout! L’Indonésie subit annuellement des pertes humaines des plus importantes au monde à cause des catastrophes naturelles plus précisément les inondations saisonnières et les glissements de terrain, un constat confirmé par Mme Mami Mizutori, la Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU pour la réduction des risques de catastrophes.

En Janvier dernier, une forte pluie qui s’est poursuivie pendant des jours a provoqué des inondations meurtrières. Plus de 60 personnes relevant du Grand Jakarta et de ses villes satellites ont péri dans ces intempéries, alors qu’une centaine de maisons a été entièrement endommagée. La hauteur des eaux a même dépassé les cinq mètres dans certains quartiers résidentiels, faisant des milliers d’évacués et de sans abris.

Ces précipitations, les plus intenses du genre depuis plus de deux décennies, devraient devenir plus récurrentes dans le pays, estiment des experts de la météorologie. Cette hypothèse admet certes une marge d’erreur, mais une chose est sûre: Après la pluie, le beau temps risque de tarder en Indonésie!

Voir Aussi