Changement climatique : « on est en train de perdre la bataille », prévient Macron

Paris – « On est en train de perdre la bataille » face au défi du changement climatique, a prévenu le président français Emmanuel Macron en ouvrant, mardi après-midi, à Paris le Sommet mondial sur le Climat (One Planet Summit) organisé conjointement avec l’ONU et la Banque mondiale.

« On ne va pas assez vite », a mis en garde le chef de l’Etat français, qui a pris l’initiative d’organiser ce sommet, en soulignant que les projections actuelles font état d’une hausse des températures atteignant jusqu’à 3,5 pc d’ici à 2100 alors que l’engagement pris lors de la COP21 tenue en 2015 dans la capitale française consistait à contenir ces hausses entre 1,5 et 2° C.

Ce Sommet constitue à ce titre une nouvelle étape de notre combat collectif » pour « changer ce qui apparaitrait aujourd’hui comme une fatalité », a-t-il affirmé.

« On doit tous bouger car on aura tous à rendre compte », a clamé le président Macron en indiquant que 127 pays sont représentés au Sommet ainsi que tous les acteurs de la « transformation » espérée (régions, villes, fonds souverains, assurances, banques, philanthropes, ONG, société civile, scientifiques…).

Le chef de l’Etat français a appelé, à cet égard, à la mise en œuvre d’actions concrètes pour gagner la bataille du climat, en soulignant l’urgence de la situation.

Il a estimé que l’accord de Paris sur le climat est fragilisé deux ans après sa signature, rappelant la décision des Etats Unis de se retirer de l’accord. « le défi est d’agir plus vite pour mettre en oeuvre des actions concrètes pour choisir notre planète et notre avenir », a t–il  noté à cet égard.

Le temps est à l’action, d’autant plus que l’urgence est devenue permanente, a encore dit M. Macron.

Intervenant pour sa part, le Président de la Banque Mondiale (BM), Jim Yong Kim, a annoncé que pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris, l’institution financière international s’engage à ne plus accorder de financements dans les domaines de l’exploration et de l’exploitation du gaz et du pétrole au-delà de 2019.

La BM pourra toutefois dans certaines « circonstances exceptionnelles », continuer de financer des projets dans le gaz « dans les pays les plus pauvres où il y a un bénéfice clair en terme d’accès à l’énergie ».

A noter que les financements de la Banque mondiale dans l’industrie pétrolière et gazière ont représenté près d’1,6 milliard de dollars en 2016, soit moins de 5pc de la totalité des financements accordés la même année.

De son côté, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a appelé à mettre fin au financement des énergies fossiles.

« C’est un fait que les énergies fossiles restent très lourdement subventionnées, ce qui signifie que nous investissons dans notre propre perte », a-t-il dit, relevant que « la finance pourrait être, devrait être et sera le facteur décisif « , a-t-il déclaré.

« Aujourd’hui, le système financier mondial croule sous les fonds. Des dizaines de milliers de milliards de dollars rapportent de faibles taux d’intérêt, négatifs même. Alors que les opportunités d’investissements productifs et profitables, bas-carbone, et favorables au climat, abondent », a-t-il ajouté.

Il a aussi invité les pays riches à honorer leurs engagements envers ceux les plus vulnérables, les Etats insulaires et les moins avancées, estimant les pays en développement ne sont pas responsables du changement climatique.

Les institutions de financement ont un rôle à jouer et les gouvernements doivent contribuer à la création d’un environnement propice, a poursuivi le secrétaire général de l’ONU, invitant les gouvernements et les parties prenantes à aller plus loin.

Organisé conjointement avec l’Organisation des Nations unies et le groupe de la Banque mondiale avec le soutien de plusieurs partenaires internationaux, ce Sommet vise à traduire en actions concrètes les engagements pris en 2015 à Paris, en insistant en particulier sur le rôle de la finance publique et privée dans la lutte contre les effets du changement climatique.