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14 Sep

Couche d’ozone : 5 questions à un expert en sciences de l’atmosphère

Propos recueillis par Mohamed Achraf LAARAJ

Rabat – Le monde célèbre, le 16 septembre, la journée internationale de la protection de la couche d’ozone. A cette occasion, la MAP a approché Paul YOUNG, expert en sciences de l’atmosphère et maître de conférences à l’Université de Lancaster au Royaume Uni, qui nous donne une idée sur la couche d’ozone et ses composantes, fait le point sur son état et explique les causes et les effets de son appauvrissement.

M. YOUNG, également premier auteur de l’évaluation scientifique de l’appauvrissement de la couche d’ozone de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), met en garde contre les dangers de ce phénomène.

1. Qu’est-ce que la couche d’ozone ? De quoi elle est composée ?

La couche d’ozone est une partie de l’atmosphère qui contient les plus grandes quantités du gaz naturel de l’ozone, dont le symbole chimique est O3. La couche d’ozone se situe à environ 15-35 km au-dessus de la surface et elle est présente partout dans le monde. Cette couche est très importante car elle absorbe les rayons ultraviolets (UV) à haute énergie du soleil, qui seraient autrement nocifs pour la vie sur terre.

L’ozone est également présent près de la surface de la terre, où ses niveaux peuvent être augmentés en raison des émissions de polluants atmosphériques provenant des activités humaines (exemple: la combustion de combustibles fossiles pour l’électricité ou les transports). L’ozone est lui-même un composant de la pollution atmosphérique (ou smog photochimique) et peut avoir des effets néfastes sur la santé des êtres humains et des écosystèmes.

En résumé, l’ozone est essentiel en haut (dans la couche d’ozone) et nuisible en bas (au niveau du smog photochimique).

2. Quelles sont les causes de la formation du trou au niveau de la couche d’ozone ?

Le trou dans la couche d’ozone est un phénomène d’origine humaine qui se produit de septembre à novembre au-dessus de l’Antarctique et qui décrit le moment où la couche d’ozone a perdu une grande partie (parfois la quasi-totalité) de son ozone.

La raison pour laquelle nous avons commencé à voir ce trou est due à des gaz qui étaient utilisés dans de nombreux produits de consommation et processus industriels, notamment la climatisation et les aérosols. Ces produits chimiques sont appelés chlorofluorocarbones, ou CFC.

Les vents dans l’atmosphère les transportent jusqu’à la couche d’ozone et les répandent dans le monde entier. A ce stade, ils sont exposés à la lumière solaire à haute énergie (la même lumière solaire dont l’ozone nous protège), ce qui déclenche une série de réactions chimiques qui détruisent l’ozone. Ces réactions peuvent détruire l’ozone partout. Elles sont exacerbées par les conditions particulières au-dessus de l’Antarctique au printemps : froid, tourbillon isolé. Cette surcharge entraîne la perte relativement importante d’ozone observé là-bas. Le trou se referme en novembre/décembre, lorsque le tourbillon s’arrête et que l’air riche en ozone reflue.

Toutefois, grâce aux efforts déployés dans le monde entier pour interdire les substances chimiques nuisibles à l’ozone, la couche d’ozone se reconstitue et les trous d’ozone se réduisent.

3. En quoi consistent les effets de cet appauvrissement de la couche d’ozone ?

L’amincissement de la couche d’ozone signifie que les niveaux des rayonnements UV à la surface ont augmenté dans de nombreux endroits, menaçant la santé humaine, notamment par le cancer de la peau et les troubles oculaires. Ces augmentations des UV ont été les plus importantes loin des tropiques.

L’appauvrissement de la couche d’ozone a également contribué au changement de notre climat. Bien qu’il ne soit pas aussi important que l’augmentation du CO2, le trou d’ozone a eu des effets complexes sur les vents de surface, les précipitations et les températures dans l’hémisphère sud en été.

4. A quel point le Maroc est exposé à ces risques ?

Étant proche des tropiques, le Maroc n’a pas été sévèrement touché par de grands niveaux d’appauvrissement de la couche d’ozone. Néanmoins, les niveaux d’UV sont déjà élevés au Maroc et les changements climatiques futurs (c’est-à-dire non liés aux CFC) pourraient affecter l’épaisseur de la couche d’ozone au-dessus des tropiques.

5. Y a-t-il moyen d’atténuer ces effets et de résorber le trou de la couche d’ozone ?

Le monde s’est réuni en 1987. Il a adopté, par l’intermédiaire des Nations unies, le protocole de Montréal, qui nous a mis sur la voie de la limitation des produits chimiques qui endommagent la couche d’ozone, tels que les CFC. Cet accord initial a été renforcé au cours des années suivantes et de nombreux produits chimiques nocifs sont interdits ou en passe d’être complètement éliminés. Par conséquent, la couche d’ozone se reconstitue et nous pensons qu’elle retrouvera ses niveaux de 1980 d’ici le milieu du siècle.

L’ancien secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, a qualifié le traité international à l’origine de cette évolution de « peut-être le traité environnemental international le plus réussi de tous les temps ». En effet, la protection de la couche d’ozone est un grand succès de la science, de la politique et de la technologie, que plusieurs espèrent reproduire dans le cas du problème plus vaste des changements climatiques.

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