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26 Mai

Écothérapie: cinq questions à une experte

Propos recueillis par Fadwa EL GHAZI

Rabat- Les bienfaits du contact avec la nature ne sont plus à prouver. L’écothérapie en est un exemple puisque l’interaction Homme/Nature est utilisée dans le cadre d’un processus thérapeutique visant à promouvoir la santé mentale et le bien-être physique des personnes. Marie Larcher Essamet, chercheuse et écothérapeute, nous éclaire sur ce sujet.

 

1- Tout d’abord, pouvez-vous nous expliquer qu’est-ce que l’ »Ecothérapie » ?

L’écothérapie, aussi appelée thérapie basée sur la nature, est l’utilisation de notre interaction avec celle-ci dans le cadre d’un processus thérapeutique visant à promouvoir la santé mentale et le bien-être physique des personnes. Ces pratiques affirment que la reconnexion à la nature est essentielle non seulement pour le maintien du monde physique (habitats, animaux, plantes, paysages et cultures), mais aussi pour le bien-être et la santé.


2- Comment peut-on pratiquer cette nouvelle tendance de bien-être ?

L’écothérapie est un champ large en termes de pratique, car elle comprend des pratiques thérapeutiques plus spécialisées comme : l’équithérapie, gemmothérapie, l’hortithérapie, la thérapie forestière… Il y a donc une multitude de manières de la pratique en fonction de ce qui nous convient le mieux comme interaction avec le vivant.

A noter que pour chaque pratique cela reste une thérapie et que comme toute thérapie elle doit être encadrée par un thérapeute (psychologue, psychothérapeute ou psychiatre) ou personnel médical, accompagné si besoin d’un spécialiste de cette interaction si le thérapeute n’est pas spécialisé.

3- N’y a-t-il pas de contre-indications ou précautions à prendre pour pratiquer l’écothérapie ?

Comme évoquée précédemment, la pratique doit être encadrée et les personnes formées par la spécialiste, car ces thérapies sont à destination (à la base) de personnes sensibles et donc tout le monde n’a pas forcément les compétences pour amener au bon déroulement de la pratique et de l’interaction. De plus, il est important de bien connaître le public notamment leur cadre, leurs contraintes et leurs envies afin d’éviter des situations de stress et d’inconfort qui seraient contre indicatives.

Par exemple, en thérapie forestière, on évitera d’amener les personnes en dépression ou forte anxiété dans des forêts où la luminosité est inférieure à 50% et où la densité d’arbres au mètre carré est trop importante, notamment si le sous-bois est lui aussi dense.

De ce fait, il faut que le praticien connaisse bien aussi son environnement de travail afin de s’adapter au mieux durant la séance, mais aussi d’amener un sentiment de sécurité à la personne qui n’a pas tout le temps l’habitude d’évoluer dans ces milieux-là ou avec ces animaux-là.

4- Comment bien profiter de la nature au quotidien ?

Cela va dépendre de notre lieu de vie: si celui-ci est urbain, il a été montré que pour qu’un espace végétalisé incite les personnes à le fréquenter et ait un impact positif sur leur santé, il faut que ce dernier soit à maximum 300 mètres de leur habitation. La configuration, accessibilité à l’intérieur de l’espace, la biodiversité joue aussi un rôle dans sa fréquentation par les citoyens. Il y a donc un effort d’urbanisme à faire pour faire profiter au mieux la population de ces espaces. Si le lieu de vie est rural, les espaces naturels peuvent être plus facilement accessibles (sauf en cas d’étendue agricole), mais la vision que peuvent avoir ces habitants sur cette biodiversité et ce qu’elle leur apporte n’est pas toujours liée à la santé psychologique, physique et sociale (souvent liée à l’économie…). Il est donc important de les sensibiliser à un autre « avantage » que peuvent avoir ces espaces pour eux et voir avec eux si pourquoi pas ces espaces peuvent lier économie-santé-biodiversité en valorisant autant leur territoire (ex: écotourisme axé sur le bien être en nature).

5- Quel est l’impact de l’éco-thérapie sur la santé physique et mentale ?

Cette question peut faire l’objet d’une thèse tellement il y a de choses à dire. Mais en quelques mots :

– Mentalement : augmenter l’estime de soi, une meilleure résilience face aux épreuves, diminution de l’état d’humeur négative (la tension, l’anxiété, la colère, l’hostilité, la fatigue et la confusion), amélioration des fonctions cognitives (concentration, mémoire….). Cependant il faut bien noter que certaines personnes seront plus affectées que d’autres par l’écothérapie dépendant de leur réceptivité à l’environnement.

– Physique : Diminue la concentration de cortisol salivaire (hormone liée au stress), diminue la tension artérielle et le rythme cardiaque, une réponse immunitaire renforcée en milieu forestier, la marche en forêts augmentait de façon significative l’activité nerveuse parasympathique et diminue significativement la sympathie nerveuse par rapport à la marche urbaine (donc faciliter la relaxation cardiovasculaire.). A noter que chaque pratique a aussi ses propres impacts sur notre santé.

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