ActualitésEl Niño en Afrique australe: Trois questions à Reena Ghelani, Sous-secrétaire générale des Nations…

Actualités

09 Mai

El Niño en Afrique australe: Trois questions à Reena Ghelani, Sous-secrétaire générale des Nations Unies

 Propos recueillis par Ilias Khalafi

Johannesburg- Reena Ghelani, Sous-secrétaire générale des Nations Unies et Coordinatrice de la réponse à la crise liée à El Niño, s’arrête, dans cet entretien à la MAP, sur les répercussions de la sécheresse causée par ce phénomène climatique en Afrique australe et les défis rencontrés par les pays de la région pour renforcer leur résilience face aux chocs climatiques extrêmes.

L’entretien est réalisé en marge de la Table ronde africaine sur le climat, organisée les 7 et 8 mai à Johannesburg, sous le thème «L’augmentation du financement climatique et l’adaptation pour une plus grande résilience en Afrique».

1.   Le phénomène El Niño a durement frappé l’Afrique australe et aggravé la sécheresse. Quelle est la situation actuelle ?

– Les communautés dans les pays d’Afrique australe décrivent cette sécheresse comme la pire qu’elles aient enduré depuis des décennies. La majorité des ménages dans la région s’appuient sur l’agriculture de subsistance qui a été largement affectée par le phénomène climatique d’El Niño.

La saison de soudure actuelle est très difficile, car les prochaines pluies ne sont prévues qu’en octobre prochain, alors que les populations ont déjà épuisé leurs réserves de nourriture. Près de 30 millions de personnes de la région australe sont affectées par cette situation.

Trois pays ont déjà déclaré l’état de catastrophe nationale, à savoir la Zambie, le Zimbabwe et le Malawi. Les gouvernements estiment que la situation est tellement grâve que toutes les ressources de l’État doivent être mobilisées pour y faire face.

Alors que des aides sont distribuées aux communautés vulnérables à travers les pays de la région, il est nécessaire d’engager une réflexion sur les solutions durables pour renforcer la résilience de ces populations.

2. Les pays africains sont-ils prêts à faire face aux phénomènes climatiques extrêmes ?

– L’Afrique a besoin de trillions de dollars pour s’adapter aux effets néfastes du changement climatique. Malheureusement, on est très loin de pouvoir répondre aux besoins de financement du continent.

L’autre problème est que de nombreux pays sont lourdement endettés et incapables d’emprunter davantage pour renforcer la résilience des populations et mettre en place des infrastructures à même de pouvoir résister aux chocs climatiques.

La communauté internationale s’est engagée durant les dernières années à fournir les financements climatiques nécessaires à l’adaptation et à la mitigation des effets du changement climatique dans le tiers monde. Mais dans la réalité, ces pays restent sous-financés.

Ainsi, il est nécessaire d’aborder le problème de financement sous différents angles, notamment à travers l’allègement de la dette, la diversification des mécanismes de financement, ainsi que l’adoption de solutions innovantes telles que les marchés carbone.

3. Qu’en est-il de la question de la sécurité alimentaire en Afrique ?

– L’Afrique dispose de plus de 60 % des terres arables, ce qui lui permet de, non seulement assurer son autosuffisance en produits alimentaires, mais aussi d’approvisionner le monde entier. Hélas, la réalité est tout autre.

Dans la mesure où le changement climatique continue de frapper l’Afrique, il est important de s’adapter en cultivant des produits compatibles avec les nouvelles conditions climatiques. Aussi, il est important de développer des technologies qui aident les pays du continent à renforcer la place d’une agriculture verte et durable.

L’agriculture est également l’un des plus grands émetteurs de gaz à effet de serre dans le monde. Nous sommes ainsi appelés à travailler avec les professionnels du secteur pour réduire l’empreinte carbone de ce secteur vital pour l’économie, les emplois et la sécurité alimentaire.

Voir Aussi