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26 Mai

L’écothérapie ou la nature à la rescousse des humains

Par Fadwa EL GHAZI

Rabat – Avec ces douces journées de printemps, la nature renaît de ses cendres. L’eau, la verdure, le bleu du ciel, le soleil, les fleurs avec leurs senteurs et leurs abeilles qui bourdonnent, donnent, à qui le veut bien, de la sérénité et de la tranquillité tant espérée.

Ces moments passés en osmose avec la nature sont de plus en plus tendance chez les personnes souffrant de maladies, notamment psychiques.

Plusieurs études et recherches scientifiques ont démontré les bienfaits de l’exercice et du temps passé au sein de la nature. Le contact avec la terre, l’air et les arbres réduit la rumination, favorise la résolution des problèmes de façon créative, permet de se concentrer et stimule l’intelligence, entre autres bienfaits.

Une étude danoise, menée en 2019 sur près d’un million d’individus, a comparé l’exposition à la nature durant l’enfance et l’apparition chez certains de troubles psychiatriques. Le résultat est là. Les enfants qui grandissent en milieu urbain auraient 55% plus de risques de développer de tels troubles.

Passer du temps entouré d’arbres abaisse le rythme cardiaque, la pression artérielle et le taux d’hormones liées au stress, le cortisol et l’adrénaline, selon des travaux publiés en 2017 dans l’International Journal of Environmental Research and Public Health. Les chercheurs ont même constaté que ces sorties « attentives » en forêt diminuaient significativement l’anxiété, la dépression, la colère et la fatigue et amélioraient l’humeur.

Cette connexion entre les êtres humains et la nature a été expérimentée dans les traitements proposés par l’écothérapie qui est une remise en lien avec l’environnement.

« La reconnexion à la nature est essentielle non seulement pour le maintien du monde physique (habitats, animaux, plantes, paysages et cultures), mais aussi pour le bien-être et la santé », a indiqué à la MAP la chercheuse et écothérapeute française, Marie Larcher Essamet.

L’écothérapie, aussi appelée thérapie basée sur la nature, est l’utilisation de notre interaction avec celle-ci dans le cadre d’un processus thérapeutique visant à promouvoir la santé mentale et le bien-être physique des personnes, a-t-elle dit.

Donnant l’exemple de la thérapie forestière, Mme Larcher Essamet a préconisé d’éviter d’amener les personnes en dépression ou forte anxiété dans des forêts où la luminosité est inférieure à 50% et où la densité d’arbres au mètre carré est trop importante, notamment si le sous-bois est lui aussi dense.

De ce fait, il faut que le praticien connaisse bien aussi son environnement de travail afin de s’adapter au mieux durant la séance, mais aussi d’amener un sentiment de sécurité à la personne qui n’a pas tout le temps l’habitude d’évoluer dans ces milieux-là ou avec ces animaux-là, a-t-elle poursuivi.

“Cela va dépendre de notre lieu de vie: si celui-ci est urbain, il a été montré que pour qu’un espace végétalisé incite les personnes à le fréquenter et ait un impact positif sur leur santé il faut que ce dernier soit à maximum 300 m de leur habitation”, a ajouté Mme Larcher Essamet, précisant qu’il y a un réel effort d’urbanisme à faire pour faire profiter au mieux la population des espaces verts.

Les bienfaits de l’écothérapie sont multiples. La nature permet d’augmenter l’estime de soi, la diminution de l’état d’humeur négative (la tension, l’anxiété, la colère, l’hostilité, la fatigue et la confusion) et l’amélioration des fonctions cognitives (concentration, mémoire….), a relevé l’experte, tout en notant que certaines personnes seront plus affectées que d’autres par l’écothérapie dépendant de leur réceptivité à l’environnement.

Dans sa Thèse de doctorat en Psychologie intitulée « Influence de la présence d’un élément de la nature sur la santé et sur les comportements prosociaux » (soutenue en 2016), Jordy Stefan a indiqué que les premiers travaux sur les bienfaits de la nature sur la santé se sont inspirés de “la médecine ancestrale japonaise avec la prescription aux patients de bains de forêt (shirin-yoku en japonais), afin de renforcer leurs défenses immunitaires et leur bien-être”.

“À l’heure actuelle, les travaux se basent sur deux grands courants pour expliquer les effets de la nature sur la santé, à savoir la biophilie et la théorie de la restauration de l’attention », a expliqué Stephan dans sa thèse soutenue à l’université française Bretagne Loire.

Victor Hugo avait raison de dire que “C’est une triste chose de penser que la nature parle et que le genre humain n’écoute pas » puisqu’aujourd’hui nul ne peut nier les bienfaits de la faune, de la flore et de l’air pur sur la santé. La nature sous toutes ses formes et dans tous ses changements guérit et renforce l’humain.

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