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01 Juin

Le Royaume-Uni se rêve en champion de la lutte contre le réchauffement climatique après le Brexit

.- Par Nabila ZOURARA-.

Londres – Pays hôte de la COP26 en novembre prochain, le Royaume-Uni se rêve en champion de la lutte contre le réchauffement climatique en lançant son propre marché de carbone, à quelques mois seulement de son départ de l’Union européenne.

Le gouvernement britannique, qui souhaite rester à la pointe de l’action climatique à l’échelle internationale, a mis en place un nouveau système d’échange de droits d’émissions de gaz à effet de serre et de quotas carbone (UK ETS), qui remplace le marché européen de carbone (EU ETS), dans la perspective de réaliser l’objectif de réduire de 78% les émissions polluantes d’ici 2035 par rapport aux niveaux de 1991. Un engagement pérenne, qui se veut aussi une bravade de l’Union européenne.

Le UK ETS se fixe ainsi l’objectif climatique de réduire le plafond d’émissions de 5 % par rapport au système actuel de l’UE, et vise à rendre le coût de la pollution plus élevé au Royaume. Le prix de lancement du marché a été ainsi fixé à 50 livres sterling (70,77 dollars) la tonne de carbone, soit un peu au-dessus du prix européen.

Bien qu’environ 11.000 centrales électriques et sites industriels très émetteurs de CO2 soient concernés par le marché européen, qui leur impose de disposer de quotas suffisants pour couvrir leurs émissions, le nouveau marché britannique pourrait rapidement devenir très compétitif.

« Le UK ETS sera le premier système d’échange de droits d’émission net zéro au monde, démontrant le leadership mondial du Royaume-Uni en matière de lutte contre le changement climatique », a estimé Steve Elliott, directeur général de l’Association britannique de l’industrie chimique (CIA).

« L’industrie chimique se félicite de l’ambition du gouvernement et s’engage à soutenir l’objectif net zéro du pays, à la fois en décarbonant ses propres opérations et en fournissant les matériaux avancés essentiels à une croissance propre », a-t-il ajouté.

Selon M. Elliott, le gouvernement devrait répondre à cet engagement ambitieux en soutenant des industries locales plus propres, « pour que le marché reste compétitif au niveau international », tout en investissant dans les technologies propres de l’avenir.

L’alignement sur le marché européen serait toutefois impératif à « un certain stade », relève pour sa part le cabinet d’analyse ICIS, notant que les prix britanniques pourraient augmenter jusqu’à 52 livres sterling (60 euros) au cours de la première moitié de cette décennie, pour s’établir à 69 livres sterling (80 euros) la tonne de CO2 d’ici 2030.

Les prix pourraient également plonger si le plafond n’est pas diminué au cours des deux prochaines années et si aucun lien n’est établi avec le marché européen, d’après la même source.

Pour les entreprises britanniques présentes aussi bien en Europe qu’au Royaume-Uni, le lancement de ce nouveau marché est plutôt problématique. Celles-ci se trouvent désormais face à deux procédures distinctes, légèrement plus coûteuses.

En revanche, la cherté des prix de carbone sur le marché britannique est désavantageuse pour les entreprises installées au Royaume-Uni.

La commission parlementaire sur le changement climatique (CCC) a par ailleurs exhorté le gouvernement à aligner son nouveau système d’échange de droits d’émission sur son équivalent européen afin d’assurer une certaine protection de la compétitivité et une liquidité accrue.

« Notre système d’échange de quotas d’émission (UK ETS) est plus ambitieux que le système de l’UE, et avec le début des enchères régulières, nous avons fait un pas de plus vers notre ambition de disposer du premier marché de plafonnement et d’échange de droits d’émission net zéro, dans le monde », s’est félicitée la ministre britannique de l’Énergie, Anne -Marie Trevelyan.

En effet, la première vente aux enchères de permis d’émissions de carbone via la bourse ICE Futures Europe (ICE) établie à Londres, a permis la vente de plus de 6 millions de quotas britanniques à 43,99 livres la tonne de CO2.

La mise aux enchères est considérée comme la méthode la plus transparente d’allocation de quotas, étant donné qu’elle met en pratique le principe du pollueur-payeur. Mais pour les autorités britanniques, ce n’est qu’un début, le marché devant avoir besoin de temps pour trouver ses marques.

Conçu par le gouvernement central à Londres, conjointement avec les gouvernements écossais, gallois et nord irlandais, le UK ETS comprend également un mécanisme de maîtrise des coûts pour éviter les pics de prix. A mesure que les objectifs de réduction des émissions de CO2 se renforcent, le nombre de droits à polluer disponibles va également diminuer.

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